Souffrance d’un gouvernement faible et instable

15-12-2011 09:07 AM

Abdel Massih Felli



 

 
La formation d’un nouveau gouvernement profondément remanié, censé redonner confiance dans la mise en oeuvre de réformes, a eu lieu jeudi dernier après avoir été reportée en raison de problèmes de santé du Premier ministre Essam Charaf, sur fond de fortes tensions politiques. Charaf, 59 ans, brièvement hospitalisé dans la nuit de lundi dernier pour surmenage, a fait savoir qu’il avait reporté ses consultations pour pouvoir se reposer.
 
Remaniement difficile
Le report de l’investiture d’un gouvernement remanié traduisait les difficiles tractations menées sous la pression de manifestants qui estiment la valse ministérielle envisagée insuffisante. Le remaniement du cabinet du Premier ministre Essam Charaf visait à répondre aux critiques sur la lenteur des réformes depuis la chute de Moubarak. Mais il a d’ores et déjà été jugé insuffisant par les manifestants qui campent depuis une dizaine de jours sur l’emblématique place Tahrir au Caire, haut lieu du soulèvement contre l’ex-président. Le maintien du ministre de la Justice, Abdel-Aziz al-Guindi, soupçonné de traîner les pieds pour faire juger les responsables de l’ancien régime, a été critiqué. Des difficultés avaient aussi surgi quant au choix d’un successeur au secrétaire d’Etat aux Antiquités, Zahi Hawass, une personnalité médiatique et controversée héritée de l’ancien régime, selon des sources gouvernementales. Mais deux personnalités pressenties ont refusé de joindre le cabinet. Abdel Fatah Banna a décliné après avoir été contesté par des employés du ministère. Ce ministère a finalement été supprimé. Une autre personnalité sollicitée pour prendre le ministère du Commerce international, Ahmad Abdel Wahab, a aussi refusé sans que la raison ne soit connue.
Une fois composé, le gouvernement remanié a prêté serment devant le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées, l’instance qui dirige le pays depuis le départ du président Moubarak le 11 février, chassé du pouvoir par un mouvement de contestation populaire.


Commission électorale


D’autre part, le Conseil suprême des forces armées au pouvoir en Egypte a chargé lundi dernier le président de la cour d’appel du Caire, le juge El-Sayed Omar, de former une commission électorale pour préparer les premières élections législatives dans le pays depuis la révolte qui a conduit en février à la chute d’Hosni Moubarak. La décision a été annoncée dans un décret qui fixe de fait un calendrier pour le scrutin. La commission électorale commencera ses travaux le 18 septembre et le vote devrait intervenir deux mois plus tard, selon des avocats spécialisés dans la défense des droits de l’Homme. Le décret du Conseil, diffusé par l’agence de presse officielle, ne mentionne pas de date précise. Selon la loi, le président en exercice de la cour d’appel du Caire, actuellement le juge El-Sayed Omar, préside la commission électorale. Celle-ci préparera les listes électorales, établira la liste des candidats et supervisera la campagne électorale. Un vif débat en Egypte oppose les partis politiques qui veulent que les élections aient lieu avant la rédaction d’une Constitution et ceux qui souhaitent qu’elles soient organisées après. La décision du Conseil suprême est “un signe fort” qu’il veut organiser d’abord des élections, note Hafez Abou Saada, dirigeant de l’Organisation égyptienne pour les droits de l’Homme. Le Conseil a promis de transférer le pouvoir à un gouvernement civil élu.
 
Recours aux tribunaux militaires


Par ailleurs, l’armée égyptienne, en charge du pays, a promis de limiter le recours aux tribunaux militaires pour juger les civils, accédant ainsi à l’une des principales revendications des manifestants. Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, le Conseil suprême des forces armées s’est engagé à ne juger devant des tribunaux militaires que les affaires de viols, d’agressions de policiers et d’attaques armées. La multiplication des procès de civils devant ces juridictions spéciales est l’une des raisons qui ont poussé des milliers d’Egyptiens à redescendre dans la rue pour réclamer de réelles réformes. Si elle compte respecter les manifestations pacifiques, l’armée a néanmoins prévenu qu’elle interviendrait en cas d’atteintes aux biens publics ou privés. Vendredi 8 juillet, des milliers de manifestants étaient descendus dans les rues du pays pour réclamer un plan clair et transparent pour la transition au sommet de l’Etat.
 
Santé de Moubarak


Hospitalisé depuis le mois d’avril à Charm El-Cheikh, l’ancien président Moubarak est tombé dans le coma, a annoncé la télévision d’Etat citant son avocat. Agé de 83 ans, le chef d’Etat déchu se trouve dans un coma complet après une détérioration subite de son état, ajoute la télévision. Le directeur de l’hôpital international a rapidement démenti l’information, sur la même télévision d’Etat. Interrogé par l’agence de presse Reuters, un médecin de l’hôpital affirme que l’état de Moubarak est stable, jugeant qu’il n’y a rien de nouveau car il lui arrive de temps en temps de plonger dans le coma. L’ex-président se trouve dans la célèbre station touristique au bord de la Mer Rouge, où il dispose d’une résidence, depuis son renversement le 11 février. Il a été admis à l’hôpital international de la ville en avril, à la suite d’un malaise cardiaque. Il y séjourne depuis en état de détention préventive, son transfert en prison en attendant son procès étant jugé impossible pour des raisons médicales. Les informations sur sa santé sont rares et souvent confuses.


 



 

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