Moubarak et ses fils jugés à partir du 3 août prochain

15-12-2011 09:07 AM

Abdel Massih Felli


 



Le procès de l’ex-président Hosni Moubarak et de ses deux fils pour le meurtre de manifestants pendant la révolte populaire de janvier-février et pour enrichissement illégal a été fixé au 3 août prochain. Ils seront jugés par le tribunal pénal du nord du Caire, présidé par Ahmed Rifaat, selon une source judiciaire, mercredi dernier. Moubarak et ses fils sont actuellement en détention provisoire. L’ancien chef d’Etat se trouve à l’hôpital de Charm El-Cheikh, une station balnéaire sur la mer Rouge où il s’est réfugié après sa démission. Il y avait été admis après un malaise cardiaque pendant un interrogatoire. Ses fils, Alaa et Gamal, sont détenus dans la prison de Tora, au Caire. L’homme d’affaires en fuite Hussein Salem doit aussi être déféré devant le tribunal pénal. Hosni Moubarak est accusé de meurtre avec préméditation, d’avoir planifié le meurtre de certains participants aux manifestants pacifiques de la révolution du 25 janvier et d’avoir abusé de leur position pour s’enrichir. Selon un bilan officiel, 846 personnes ont été tuées pendant la révolte qui a poussé M. Moubarak à la démission le 11 février.


Santé de l’ancien président
A noter que  le procureur en chef d’Égypte affirme que la santé de l’ancien président Hosni Moubarak ne lui permet pas d’être emprisonné en attendant son procès pour son rôle présumé dans la répression des manifestants démocratiques qui l’ont chassé du pouvoir. Des médecins choisis par le gouvernement estiment que Moubarak pourrait subir une crise cardiaque à tout moment. L’homme de 83 ans souffre de fibrillation auriculaire et de dépression, et qu’il ne peut donc pas être transféré vers une prison. Le rapport rendu public mardi dernier ajoute que Moubarak est trop faible pour sortir de son lit sans aide. L’ancien raïs est hospitalisé à Charm El-Cheikh depuis mi-avril. Les six médecins qui l’ont ausculté ont diagnostiqué une faiblesse générale. Il souffrirait de tension artérielle basse, de mauvaise irrigation du cerveau et d’arythmie cardiaque, le tout doublé d’une dépression qui l’empêche de se lever de son lit sans assistance. Moubarak serait également exposé à un risque élevé de crise cardiaque. Les examens médicaux auraient également confirmé la présence de tumeurs au pancréas et à la vésicule biliaire.


Amende pour avoir coupé l’Internet
Dans ces conditions, l’ancien président, Moubarak, ainsi que deux ex-ministres ont été condamnés pour le tribunal administratif du Caire pour avoir suspendu l’Internet et le réseau de téléphonie mobile pendant les manifestations de janvier dernier. Le mois de janvier dernier a été mouvementé par les manifestations musclées qui se sont déroulées en Égypte. Le président Moubarak avait d’ailleurs pris des mesures drastiques pour museler la communication du peuple en suspendant complètement l’accès à Internet et aux réseaux des opérateurs mobiles. Selon les experts, il s’agit du plus grand black-out orchestré officiellement. Suite à son renversement le 11 février dernier, Moubarak n’est toutefois pas sorti d’affaire. En sus de condamnation graves comme l’ordre de tuer les manifestants,  passible de peine de mort, l’ex-raïs fait face à une amende de 200 millions de livres pour avoir coupé l’Internet et le réseau de téléphonie mobile. Le tribunal administratif du Caire a également condamné l’ancien Premier ministre Ahmed Nazif à 40 millions de livres et l’ancien ministre de l’Intérieur Habib al Adly à 300 millions de livres pour atteinte à l’économie nationale. Au total, l’amende s’élève à 540 millions de livres égyptiennes (63.5 millions d’euros). Les trois hommes peuvent cependant faire appel.



Fin de la corruption politique
Il est bien de noter que les Egyptiens sont redescendus dans les rues vendredi dernier pour une nouvelle “journée de colère” afin de protester contre la lenteur du changement promis par l’armée, au pouvoir depuis la chute du président Moubarak en février. Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans une ambiance festive place Tahrir, pour réclamer “la fin de la corruption politique” et une nouvelle constitution “maintenant, pas plus tard”. Des milliers d’autres se sont rassemblées à Alexandrie, Ismaïliya et Suez ainsi que dans le Sinaï. A Charm El-Cheikh, sur la mer Rouge, des centaines de personnes ont défilé devant l’hôpital où M. Moubarak se trouve depuis la mi-avril pour demander son transfert en prison. Les appels à manifester ont été lancés principalement par des mouvements de jeunes actifs sur Internet, qui avaient contribué de manière décisive au soulèvement anti-régime de janvier et février.


Où sont les Frères?
Les manifestants réclamaient le retour rapide à un pouvoir civil, le renvoi des responsables de l’ancien régime toujours présents dans de nombreux secteurs de l’administration et des actions en justice plus fermes contre ceux accusés de corruption et de violences. “L’état de droit est le plus important, et nous avons besoin d’une nouvelle constitution avant les élections.  L’absence des islamistes à Tahrir était notable, et certains manifestants se disaient “trahis” par la décision des Frères musulmans de se tenir à l’écart des manifestations. “Où sont les Frères? Tahrir est là”, criaient les manifestants.
Des élections législatives, pour remplacer un Parlement actuellement dissous, sont prévues en septembre prochain, mais la suite de la séquence politique -nouvelle constitution, élection présidentielle- est encore floue.



 

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