A la chasse de Moubarak et sa famille

15-12-2011 09:07 AM

Abdel Massih Felli


Selon un rapport accablant, le président Moubarak déchu a été complice des violences meurtrières contre les manifestations anti-régime, a déclaré le juge Omar Marwane, membre d’une commission d’enquête.  Depuis la chute d’Hosni Moubarak, le 11 février dernier, les Égyptiens réclament justice. Une commission d’enquête instituée par l’ancien raïs a retenu la complicité de ce dernier dans les sanglantes répressions des manifestations populaires qui ont causé la mort de 846 personnes. Dans un rapport remis mardi dernier, une commission d’enquête, désignée par le gouvernement du président déchu, a prouvé la responsabilité de ce dernier dans les exactions commises par les forces de l’ancien régime contre les manifestants.  Commission d’enquête Selon ce rapport extrêmement documenté, il regroupe plus de 17.000 auditions et témoignages,  846 civils ont été tués au cours de ces mouvements de protestation. La commission d’enquête pointe du doigt l’usage disproportionné de la force en s’appuyant sur plus de huit photos et vidéos. Des documents sur lesquels on voit agir les hommes de l’unité anti-terroriste, directement rattachés au service de sécurité de l’Etat. Ces hommes auraient tiré à balles réelles sur les manifestants, souligne le rapport. “Ce qui est confirmé est que pour utiliser des balles réelles contre les manifestants il est nécessaire d’avoir au préalable l’autorisation de Moubarak. Les tirs ont duré plusieurs jours, et leurs auteurs n’ont pas été tenus pour responsables”, a dit Omar Marwane. “Cela confirme son implication et sa responsabilité”, a-t-il souligné. Le rapport précise que la plupart des morts ont été atteints à la tête et à la poitrine, ce qui indique que le régime a aussi eu recours à des snipers. Si Hosni Moubarak doit rendre des comptes, il n’est pas le seul sur la sellette. Le juge Marwane a indiqué que la commission avait remis au procureur général une dizaine de noms de dirigeants accusés d’être impliqués dans la répression.    Interroger les fils de Moubarak  Les fils de l’ex-président ont été interrogés  sur des activités financières à Chypre et en Grande-Bretagne, dans le cadre d’une enquête pour corruption pour laquelle ils sont en détention préventive, a indiqué le porte-parole du Parquet général. Alaa et Gamal Moubarak ont été interrogés par les enquêteurs du Parquet dans la prison du Caire où ils sont détenus, le ministère de l’Intérieur ayant refusé de les transférer “pour des raisons de sécurité” au siège du Parquet dans le centre de la capitale, selon ce porte-parole. L’interrogatoire a porté sur “les relations de chacun d’entre eux avec une société basée à Chypre et dans l’une des îles britanniques travaillant dans la gestion des fonds d’investissements et financée par certains hommes d’affaires”, a-t-il ajouté, sans donner plus de précisions. Les deux hommes sont aussi accusés d’avoir obligé des hommes d’affaires à les faire entrer comme associés dans des partenariats locaux avec des compagnies étrangères.  A noter que l’enquête sur la fortune accumulée par le président égyptien déchu et sa famille commence à porter ses fruits. Il semblerait notamment qu´il ait fortement investi dans la station touristique de Charm El-Cheikh où il s’est réfugié après avoir renoncé au pouvoir, révèle Newsweek. Selon le quotidien cairote Al-Gomhouriyya, l’Etat égyptien vient de récupérer un palais à Londres appartenant à Moubarak et estimé à 230 millions d’euros, ainsi qu’un des nombreux appartements appartenant à ses deux fils et à son épouse  Changement fondamental Dans ces conditions, l’organisation internationale de défense des droits humains, Amnesty International (AI, basée à Londres), a appelé à une enquête immédiate et indépendante sur les violations des droits de l’Homme commises par le Service de la sécurité de l’Etat (SSI) sous le régime de l’ancien président Hosni Moubarak. “Les membres des forces de sécurité qui ont exercé, pendant des décennies, une répression brutale contre le peuple égyptien, doivent répondre de leurs actes”, a dit Amnesty dans un rapport accablant sur l’état d’urgence décrétée sous le régime de l’ancien Président égyptien. “Sous la couverture de l’état d’urgence, les forces de sécurité de l’Etat ont été autorisées, pendant des années, à commettre de graves violations sans crainte de poursuite ou de sanction”, a dit Amnesty dans son rapport, estimant que l’Egypte vit un moment de “changement fondamental”. Par ailleurs, Amnesty a appelé à la levée immédiate de l’état d’urgence mise en place en Egypte depuis 30 ans.  Dissolution du PND La justice égyptienne a prononcé la dissolution de l’ancien parti au pouvoir. La Haute Cour administrative du Caire a aussi ordonné la saisie de tous les biens du Parti National Démocrate. Dirigé par Moubarak, le PND a dominé la vie politique égyptienne pendant plus de trois décennies, au prix de nombreuses fraudes électorales. De nombreux cadres du parti sont poursuivis pour corruption.  Le PND a bien essayé de survivre à la révolte populaire, mais en vain. La dissolution du PND était l’une des exigences des manifestants qui ont fait chuter en février le régime Moubarak.

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