Moubarak et Obama recomposent une carte du Proche-Orient

15-12-2011 10:12 AM

Abdel Massih Felli – Michael Victor


   Le président américain Barack Obama, a déclaré mardi dernier à son homologue égyptien Hosni Moubarak que Washington souhaitait présenter un plan de paix pour le Proche-Orient en septembre, a indiqué un porte-parole de Moubarak. “Obama a dit aujourd’hui qu’il espérait, pouvoir présenter le plan de paix dans le courant du prochain mois, en septembre, au moment de l’ouverture de la nouvelle session de l’Assemblée générale des Nations unies”, a rapporté le porte-parole, Souleimane Awwad. Moubarak a par ailleurs jugé lors de cette rencontre qu’il fallait s’attaquer au cœur des négociations de paix israélo-palestiniennes en vue d’une solution définitive. Le président américain Barack Obama a reçu mardi pour la première fois à la Maison Blanche son homologue Hosni Moubarak, en vue notamment de discussions sur le processus de paix au Proche-Orient. Moubarak est arrivé à la Maison Blanche pour un déjeuner avec le président Obama. Après un premier échange de vues lundi à Washington avec la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, le président Moubarak a évoqué avec Obama la possible reprise des négociations de paix entre Israël et les Palestiniens. Dans une interview diffusée sur la chaîne de télévision américaine CBS, le président Moubarak a estimé que le temps des accords provisoires était révolu et qu’un accord définitif devait être négocié. “Nous devons prendre en compte le problème dans son ensemble, et négocier une résolution finale”, a déclaré Moubarak sur CBS. Selon un communiqué du gouvernement égyptien, Moubarak a “appelé l’administration américaine à s’engager de nouveau dans les négociations” sur la question israélo-palestinienne. Par ailleurs, Moubarak a souligné la position renforcée du président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas, dit Abou Mazen, depuis le dernier congrès de son parti le Fatah, ce qui selon lui en fait un partenaire fiable pour la paix. Moubarak a également mis en exergue les efforts de son pays pour tenter de résoudre la question de la rivalité interpalestinienne entre le mouvement islamiste Hamas qui a pris le contrôle de Gaza en 2007 et le Fatah. L’Egypte est aussi impliquée dans des tractations entre Israël et le Hamas en vue d’un échange de prisonniers. Moubarak est un allié clef des Etats-Unis au Proche-Orient. Sa visite à Washington a eu lieu sur fond de pressions du gouvernement américain pour qu’Israël cesse la construction de colonies en Cisjordanie et, dans le même temps, pour que les pays arabes fassent des progrès dans la normalisation de leurs relations avec l’Etat hébreu. Mais pour Moubarak, les pays arabes songent à “la reconnaissance d’Israël et la normalisation des relations après, et non avant, que l’on parvienne à une paix juste et durable”, a-t-il dit. Côté Maison Blanche, l’appui de Moubarak dans les négociations à venir est bienvenu pour tenter de sortir de l’impasse. Obama “prendra du temps” pour discuter avec Moubarak, a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs. “Je pense que tous les pays de la région, dans chaque camp, ont certaines responsabilités à assumer alors que nous progressons vers une paix durable au Proche-Orient”, a-t-il ajouté. La dernière visite de Moubarak aux Etats-Unis remonte à 2004. Il avait alors rencontré le président George W. Bush à Crawford, à Texas. L’administration Obama exige un gel total de la colonisation en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-est annexée en vue de relancer le processus de paix entre Israël et les Palestiniens. Selon un rapport officiel, plus de 300.000 colons israéliens vivent en Cisjordanie.  Parmi les autres sujets au menu de la rencontre de mardi, les deux présidents ont abordé la question des ambitions nucléaires iraniennes. Moubarak et Obama sont d’accord sur l’inadmissibilité de l’acquisition par l’Iran d’armes nucléaires dans la région, et les tentatives d’ingérence dans les affaires intérieures des pays arabes et les États du Golfe.  Droits de l’Homme et démocratie Le président Hosni Moubarak et la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton qui se sont rencontrés lundi à Washington ont abordé la question des “droits de l’Homme et de la démocratie” en Egypte, a affirmé un porte-parole du département d’Etat Philip Crowley. Ils ont également évoqué la situation en Iran, au Soudan, au Pakistan et en Afghanistan, selon M. Crowley. Sur le plan bilatéral, Moubarak et Mme Clinton ont parlé des échanges économiques et de l’éducation. Les droits de l’Homme et la démocratie en Egypte sont “une source continuelle d’inquiétude pour les Etats-Unis”, a déclaré Crowley. “Cela fait partie de nos discussions en cours avec l’Egypte. C’est quelque chose que nous abordons à chaque rencontre de haut niveau”, a-t-il ajouté avant de préciser que les Etats-Unis vont “continuer à soulever ce problème”. Le président Moubarak, qui a aussi rencontré le directeur du Renseignement, Dennis Blair et le conseiller à la sécurité nationale James Jones, a rencontré mardi son homologue américain Barack Obama et le vice-président Joseph Biden. 
Succession et Frères musulmans
Dans ce contexte, les supporters de Gamal Moubarak se mobilisent sur la Toile pour qu’il succède à son père à tête de l’Égypte. En Egypte, alors que l’élection présidentielle n’est pas prévue avant 2011, les partisans de Gamal Moubarak se mobilisent déjà en ligne pour qu’il succède à son père, Hosni Moubarak, au terme de son mandat. La toile réagit. Plusieurs groupes militant pour sa candidature ont également fait leur apparition sur les sites de partage et notamment sur Facebook. Groupes dont les membres espèrent que Gamal Moubarak sera le prochain président égyptien. Et des photomontages comme celui-ci circulent également en ligne pour afficher leur soutien au fils du chef de l’Etat. De son côté, bien qu’il ne soit pas encore le candidat officiel du parti au pouvoir, le PND, Gamal Moubarak prépare lui aussi le terrain. Il a ainsi récemment mis en place ce forum de discussion pour engager le dialogue avec les jeunes électeurs et y diffuse de nombreuses vidéos pour présenter ses idées. De sa part, Hosni Moubarak a déclaré dans une interview à une télévision américaine que ce serait aux électeurs de choisir son successeur, alors que ses opposants l’accusent de préparer son fils Gamal à le remplacer. “Personne ne sait qui va me succéder, nous avons des élections”, a dit Moubarak, dans un entretien diffusé par la chaîne CBS. “Au moment des élections, les gens vont voter”, a dit le président Moubarak qui a, à plusieurs reprises, rejeté les accusations de l’opposition selon lesquelles il préparerait son fils Gamal, 45 ans, à sa succession pour l’élection présidentielle de 2011. Le président Moubarak n’a pas dit s’il comptait lui-même se présenter à sa propre succession: “Je ne pense pas à ça maintenant”. En 2005, Hosni Moubarak avait gagné la première élection présidentielle égyptienne pluraliste. Auparavant, les Egyptiens votaient par référendum pour le candidat choisi par le Parlement. A la question de savoir si son successeur devait s’assurer au préalable le soutien de la puissante armée égyptienne, il a dit: “Non, non, je ne suis pas d’accord avec cette déclaration”. Moubarak est un ancien haut officier, ainsi que ses prédécesseurs Anouar al-Sadate et Gamal Abdel Nasser.  Le président Moubarak a affirmé par ailleurs ne pas être gêné par la montée en puissance des Frères musulmans et leurs liens avec d’autres groupes dans la région. “Bons ou mauvais, tant qu’ils ne commettent pas de crimes terroristes, ça m’est égal”, a-t-il dit. Il a nié que les autorités soient injustes à l’égard de la confrérie islamiste en lui refusant de s’enregistrer comme parti politique. “Ces gens  ne peuvent pas former de parti politique car notre Constitution maintient et stipule qu’un organe politique ne peut être fondé sur une base religieuse”, a-t-il expliqué. “Mais les Frères musulmans sont là, au Parlement, en tant que députés indépendants, nous en avons environ 80”, a-t-il noté.   

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