Les enjeux de coalitions en Irak

15-12-2011 09:05 AM

Abdel Massih Felli


Vainqueur de justesse des législatives en Irak, Iyad Allawi devra faire preuve d’un grand talent de négociateur pour être désigné Premier ministre. En Irak, à quelque temps de l’annonce des résultats des élections du 7 mars, où chaque camp revendique la victoire, un double attentat fait 42 morts dans le nord du pays. La tension était vive  en Irak, à quelques heures de l’annonce des résultats du scrutin législatif du 7 mars. Des centaines de partisans du premier ministre, Nouri Al Maliki, tête de file de l’Alliance pour l’État de droit (AED), se sont rassemblés devant le siège du gouvernorat de Bagdad pour dénoncer la « fraude » et réclamer un nouveau décompte des suffrages exprimés. Si Iyad Allawi, le vainqueur des élections législatives, parvient à former une coalition gouvernementale, tâche qui s’annonce des plus difficiles et de longue durée, c’est un nouvel Irak qui devrait voir le jour. Un Irak cette fois résolument pro-américain. Les élections en Irak se sont terminées par la victoire de la coalition de l’ancien Premier Ministre, Iyad Allawi qui remporta 91 sièges sur les 325 sièges à pourvoir.  La Constitution stipule que celui qui arrive en tête a en charge de composer le gouvernement. Non au nouveau comptage Le Premier ministre sortant Nouri al-Maliki a critiqué les Nations unies pour n’avoir pas soutenu sa demande de procéder à un nouveau comptage des bulletins de vote à l’issue des législatives du 7 mars. Les reproches qu’il a adressés dimanche soir à l’ONU sont les derniers d’une campagne destinée à contester les résultats montrant que le Bloc Irakien de son rival de longue date, l’ex-chef du gouvernement Iyad Allaoui, a obtenu plus de sièges que sa liste. Dans des propos tenus sur la chaîne de télévision privée Al-Sumariya, Nouri al-Maliki s’en est pris à la mission des Nations unies en Irak, qui a estimé que les élections du 7 mars avaient été transparentes, équitables, et n’avaient été entachées d’aucune fraude majeure. Le Premier ministre sortant a épinglé le représentant spécial des Nations unies pour l’Irak Ad Melkert pour n’avoir pas poussé la commission électorale à approuver le recomptage réclamé par son bloc au motif que des irrégularités auraient été commises. “L’ONU aurait dû encourager plus avant la commission (électorale) à procéder à un nouveau comptage”, a-t-il dit, estimant que les Nations unies “ne devraient pas être” un “parti” impliqué dans le processus politique. La commission électorale, instance indépendante nommée par le Parlement, a rejeté la demande de Nouri al-Maliki, la jugeant inutile. Système électoral A noter que le système électoral irakien, basé sur la proportionnelle intégrale, interdit toute majorité et impose des coalitions. La course aux combinaisons est donc lancée. L’Alliance nationale irakienne (coalition de partis religieux chiites) et la coalition kurde sont donc sollicitées par les listes arrivées en tête. Après avoir hésité entre Allawi et Maliki, les partisans de Muqtada al-Sadr, qui ont été durement réprimés par les deux prétendants au poste de Premier ministre, ont présenté leur propre candidat pour diriger le futur gouvernement. Leur partenaire au sein de l’Alliance nationale irakienne, le Conseil supérieur chiite, avait été le principal artisan de l’accord entre chiites et kurdes pour se partager le pouvoir. Or, ce parti religieux chiite a mordu la poussière lors des élections. Dès lors, que reste-t-il de l’attelage entre chiites et kurdes ? L’essentiel semble ailleurs. L’Irak illustre, une fois de plus, qu’une élection ne fait pas la démocratie. Surtout lorsque les enjeux ne sont pas démocratiques. Le ras-le-bol des partis religieux chiites au pouvoir, rendus responsables de l’insécurité et de la guerre confessionnelle de 2006-2008, a suscité une forte abstention en pays chiite. La liste de Nouri al-Maliki y est arrivée la première, notamment dans les grandes villes et même dans les villes saintes chiites. Iyad Allawi a profité de ce désenchantement chiite et, surtout, il a reçu le soutien des Arabes sunnites. Ceux-ci ont voté en masse pour un chiite (laïc) réputé proche des Américains et hostile à l’Iran, car aucun leader ne se détachait dans leur rang.
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Iyad Allawi et Nouri al-Maliki

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