La peur du vide en Irak

15-12-2011 09:06 AM

Abdel Massih Felli - assure Hassani.


Les insurgés ont fait exploser ce mercredi pas moins de 14 voitures piégées à travers l”Irak, faisant  52 morts, en majorité des policiers, et environ 300 blessés, selon les chiffres encore provisoires. Cette série d’attentats apparemment coordonnés a frappé dix villes d’Irak, selon des sources policières et hospitalières. Les deux attaques les plus sanglantes ont eu lieu à Bagdad (17 morts)  et à Kout (15 tués), à 160 kilomètres au sud-est de la capitale. Depuis 2003, près de 10 000 militaires et policiers ont été tués dans les violences en Irak.


Le retrait des troupes américaines fait monter à Bagdad une peur grandissante du chaos. Un angoissant vertige. Fût-il en trompe-l’oeil, le retrait américain livre l’Irak à la peur du vide. D’autant que l’occupant, obsédé par le respect des échéances, se désengage de l’ancienne Mésopotamie sans lui avoir légué l’antidote à ce cocktail toxique: violence confessionnelle, impasse politique, vulnérabilité régionale. Le 1er septembre, Washington aura achevé le repli de ses troupes de combat. Pour rappel,  il y a maintenant moins de 50 000 soldats américains en Irak.Ces forces seront engagées dans l’opération “New Dawn” (Nouvelle Aube) à partir du 1er septembre. L’armée américaine continuera à conseiller, entraîner et former les forces de sécurité irakiennes, offrira un soutien dans les opérations de contre-terrorisme et protégera l’ambassade américaine, les équipes américaines chargées de la reconstruction dans les provinces et les organisations non gouvernementales s’occupant de l’établissement d’institutions civiles, jusqu’à la fin de sa mission en décembre 2011.


Cette réduction de la présence militaire américaine opérationnelle pose la question pertinente de savoir si les Irakiens sont vraiment capables d’assurer, seuls, la sécurité du pays, comme l’avait affirmé la semaine dernière le porte-parole du gouvernement irakien, Ali al-Dabbagh. Pourtant le chef d’état-major irakien, le général Babaker Zebari, a averti le 11 août que le retrait total américain était prématuré, estimant que ses forces ne seraient pas en mesure d’assurer pleinement la sécurité avant 2020. Dans ces conditions, il n’y a toujours pas de gouvernement. Le sabordage du pouvoir civil a de quoi décupler les ardeurs djihadistes. Près de six mois après le scrutin législatif du 7 mars, l’Irak est toujours dépourvu de gouvernement. La rupture, le 16 août, des tractations entre le Premier ministre sortant Nouri Al-Maliki et son rival Iyad Allawi, chiite laïc soutenu par la minorité sunnite, n’est que le énième épisode d’un navrant feuilleton. Devancé de deux sièges – 89 contre 91 – Maliki avait auparavant tenté de pactiser avec ses “frères” chiites de l’Alliance nationale (70 députés). Las! ceux-ci récusent sa reconduction à la tête du futur cabinet. Selon Vincent Hugeux dans le magazine L’Express, le dernier montage en date concéderait la primature à Maliki, tout en confiant à Allawi un Conseil national de sécurité doté d’amples prérogatives. Au mieux, les palabres de coulisses accoucheront d’une coalition vouée à l’échec.  


Sans privatisation économique
Dans ce context, les banques privées irakiennes estiment que l’unique moyen de sortir le pays de sa léthargie économique passe par la privatisation des établissements bancaires publics, qui détiennent 85% des liquidités. En effet, si les capitaux étrangers ont fait mouvement vers l’Irak depuis l’invasion conduite par les Etats-Unis en 2003, les ministères préfèrent s’adresser aux banques publiques, ce qui ne favorise pas la croissance. Par ailleurs, l’absence de gouvernement et la sécurité encore chancelante n’encouragent pas les banques étrangères à s’implanter solidement en Irak même si le pays jouit d’une faible inflation et d’une monnaie stable. “Sans privatisation, le gouvernement continuera à s’appuyer sur ses propres banques et cela ne cadre pas avec une politique d’une économie de marché”, affirme Fouad al-Hassani, président de la Ligue des banques privées irakiennes. “Nous attendons la formation du nouveau gouvernement pour rediscuter de cette question. La Constitution est très claire sur ce qui doit être fait”, dit-il. L’article 25 de la Constitution stipule que l’Etat doit encourager et développer le secteur privé.
Il y a actuellement 36 banques privées en Irak, avec un capital variant entre 50 et 150 millions de dollars, soit plus du double qu’à l’époque de Saddam Hussein, où il n’y en avait que 17. Six de ces banques ont des actionnaires étrangers, ce qui était interdit avant l’invasion de 2003, et deux d’entre elles sont même détenues majoritairement par des investisseurs étrangers, mais le secteur reste totalement dominé par les sept banques publiques, comme à l’époque du parti Baas. “Actuellement, nos établissements détiennent 15% du total des liquidités du pays, contre seulement 5% avant 2003, mais nous voulons arriver à 25%”,

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