Loin du consensus en Irak

15-12-2011 09:06 AM


Les deux principaux candidats au poste de Premier ministre en Irak, le sortant chiite Nouri al-Maliki et le laïque Iyad Allawi, se sont à nouveau rencontrés pour tenter de trouver une issue à la crise politique en cours. Près de 4 mois après les législatives du 7 mars, qui n’ont donné à aucun parti la capacité de gouverner seul, les Irakiens attendent toujours un nouveau Premier ministre. Cette rencontre entre Maliki et Allawi est la seconde depuis le scrutin.  “La réunion a permis un échange de points de vue sur d’importants sujets, comme la formation d’un gouvernement d’union nationale”, a déclaré un proche de Maliki, le député Hassan Sneid, qui a assisté à la rencontre, à la chaîne de télévision Iraqiya. “Chaque partie a exprimé le souhait d’accélérer la formation du gouvernement avant le 14 juillet”, a-t-il ajouté.  Le nouveau Parlement, qui désigne le Premier ministre, le président de la République et celui du Parlement, s’est brièvement réuni pour la première fois le 14 juin mais la séance a été ajournée. La constitution prévoit qu’il se réunisse à nouveau dans un délai d’un mois. “Cette réunion n’a débouché sur aucun accord politique”, a ajouté Sneid, pour rassurer les partenaires chiites de Maliki et les formations kurdes, et estimé que l’importance de cette rencontre avait été exagérée. Le Bloc irakien de Allawi, ancien Premier ministre soutenu par les sunnites, est sorti en tête du scrutin avec 91 sièges sur 325, contre 89 pour l’Alliance de l’Etat de droit (AED) de Maliki.  Ce dernier a semblé prendre un avantage en rassemblant les partis religieux chiites au sein de l’Alliance nationale, une coalition qui, avec le soutien des Kurdes, est largement majoritaire au Parlement. Mais le maintien de Maliki au poste de Premier ministre est loin de faire consensus au sein même de cette coalition. Et cette formule qui exclurait les sunnites est vue d’un mauvais oeil à Washington, qui souhaite que le gouvernement irakien inclut toutes les confessions.  L’ambassadeur des Etats-Unis en Irak, Christopher Hill, a de son côté indiqué que ces négociations n’en étaient encore qu’au “stade préliminaire”.”Bien sûr, il va encore y avoir beaucoup de négociations et de discussions au sujet des postes ministériels”, a-t-il déclaré à des  journalistes, comparant ces échanges à un “jeu d’échecs en quatre dimensions” où chacun des trois postes clés va être minutieusement examiné. “Une idée notamment avancée est celle d’un changement concernant la présidence (de la République)”, a-t-il ajouté en référence à une proposition de résoudre la crise en donnant plus de poids à la présidence pour contrebalancer l’influence du Premier ministre.  Affaires du pétrole  Dans ce contexte, le gouvernement irakien a donné son feu vert à un contrat gazier de plusieurs milliards de dollars avec le groupe anglo-néerlandais Shell et le japonais Mitsubishi qui doit notamment permettre de fournir davantage d’électricité à la population irakienne. Le contrat prévoit la création d’une société mixte entre les compagnies publiques irakiennes South Gas et Basra Gas (51%) d’un côté et Shell et Mitsubishi (49%) de l’autre, a indiqué le porte-parole du gouvernement, Ali Al-Dabbagh, dans un communiqué. La production de gaz de l’Irak est dérisoire en comparaison avec ses réserves et, faute de technologie adéquate pour le capter, le pays brûle l’essentiel du gaz émis lors de l’exploitation de ses puits de pétrole.  L’accord paraphé avec Shell et Mitsubishi porte sur l’exploitation des champs de Roumaïla, Zoubaïr, Ouest-Qourna et Majnoune, près de Bassorah. Le contrat a été approuvé lors d’une réunion du gouvernement près de deux ans après un premier accord en septembre 2008. A l’époque, Bagdad avait indiqué que cet accord s’élèverait à quatre milliards de dollars, mais aucun chiffre n’a été communiqué. L’Irak doit organiser le 1er septembre un appel d’offres pour l’attribution de trois champs gaziers d’une capacité d’environ 11.000 milliards de pieds cubes (317 milliards de m3). La production irakienne d’électricité ne permet pas à l’heure actuelle de répondre à la demande intérieure, ce qui a entraîné une politique profondément impopulaire de rationnement. Plusieurs villes d’Irak ont été ces dernières semaines le théâtre de manifestations de colère de la population, qui ont parfois dégénéré en des affrontements avec les forces de l’ordre, comme le 19 juin à Bassorah, où deux personnes ont été tuées. 


 

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