L’Egypte a refusé d’être “mêlée” à l’acte terroriste commis par un groupe lié à Al-Qaïda, qui a revendiqué une prise d’otages sanglante dans une église de Bagdad et demandé à l’Eglise copte d’Egypte de “libérer” deux chrétiennes qui se seraient converties à l’islam. Cette attaque a fait 52 morts parmi les fidèles, dans la cathédrale syriaque catholique de la capitale irakienne, selon un responsable du ministère irakien de l’Intérieur. Le groupe a donné un ultimatum de 48 heures à l’Eglise copte pour libérer les deux femmes, “emprisonnées dans des monastères” de ce pays, selon le centre américain de surveillance des sites islamistes (SITE). Camilia Chehata et Wafaa Constantine, les deux Egyptiennes citées par le groupe, sont les épouses de prêtres coptes dont la conversion supposée à l’islam a provoqué des remous en Egypte. Ces deux affaires ont exacerbé les tensions religieuses en Egypte, où les questions confessionnelles sont très sensibles. “L’Egypte refuse catégoriquement que son nom ou que ses affaires soient mêlées à de tels actes criminels”, a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hossam Zaki, en “condamnant fermement cet acte terroriste”. Selon le site, l’Etat islamique d’Irak (ISI), proche d’Al-Qaïda, a donné à l’Eglise copte d’Egypte 48 heures pour indiquer le statut de ces femmes et les libérer. Le groupe a diffusé un enregistrement attribué à un “combattant” à la tête d’un commando-suicide, menaçant également l’Eglise copte d’Egypte et les chrétiens du Moyen-Orient. “Non seulement en Irak, mais aussi en Egypte, au Levant et dans le reste des pays de la région se trouvent des centaines de milliers d’entre vous parmi nous, et des centaines d’églises, et tous seront des cibles à nos yeux si vous n’obéissez pas”, menace l’enregistrement. Rôle national d’Al-Azhar Les appels dénonçant les menaces d’Al-Qaïda contre la communauté chrétienne copte se sont multipliés depuis quelques jours dans la presse et parmi les représentants de l’islam en Egypte, invoquant la nécessité de préserver “l’unité nationale”. La prestigieuse institution d’Al-Azhar, proche du gouvernement, comme les Frères musulmans, première force d’opposition du pays, ont dénoncé les menaces venues d’Irak contre les chrétiens et plus particulièrement l’église copte égyptienne. Le grand imam d’Al-Azhar, cheikh Ahmed al-Tayyeb, a déclaré via son porte-parole que “l’islam garantit la liberté de culte et interdit les agressions contre les églises”. Il a condamné “avec force” les menaces proférées par une branche irakienne d’Al-Qaïda, après l’attaque à Bagdad contre une cathédrale syriaque catholique, ajoutant qu’elles ne servaient “que ceux qui veulent provoquer la dissension et porter atteinte à l’unité nationale”. Le chef du parti d’opposition libéral Wafd, Al-Sayyed Al-Badawi, estime dans le journal de son parti, Al-Wafd, que “nous sommes tous des Egyptiens et ne pouvons accepter des menaces contre ce qui constitue notre identité nationale”. L’organisation islamiste des Frères musulmans a elle aussi tenu à se démarquer des menaces d’Al-Qaïda en Irak, dont un ultimatum de 48 heures à l’église copte. “Les Frères musulmans avertissent tout le monde, et en premier lieu les musulmans, que la protection des lieux de culte de tous les enfants des religions monothéistes est la mission de la majorité musulmane”, a affirmé sur son site internet la confrérie, interdite mais tolérée dans les faits. “Les Frères refusent toute menace stupide contre les lieux de culte chrétiens en Egypte, de la part de qui que ce soit et quel qu’en soit le prétexte”, ajoute-t-elle. Le gouvernement d’Egypte a pour sa part condamné l’attentat et exprimé sa solidarité avec les autorités irakiennes, tout en refusant implicitement de répondre à l’ultimatum fixé parallèlement à l’église copte par la branche irakienne d’Al-Qaïda. Le pouvoir, selon la presse et des responsables de la sécurité, a néanmoins discrètement renforcé la protection autour des lieux de culte de coptes, qui constitue la plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient. Chrétiens au Moyen-Orient Ce dernier s’adresse également au Vatican, où vient de se tenir un synode sur les chrétiens au Moyen-Orient. “Nous nous adressons au Vatican, qui s’est réuni il y a quelques jours avec les chrétiens du Moyen-Orient, quelle que soit leur église, pour les soutenir”, dit l’enregistrement. Le Vatican “doit maintenant faire pression pour la libération de nos soeurs en captivité, ou la mort vous atteindra tous . Des centaines de chrétiens endeuillés, accompagnés d’autres Irakiens, ont assisté mardi aux funérailles de quelques-unes des 58 personnes tuées et 60 blessés dimanche dernier dans une église de Bagdad. Le principal responsable catholique d’Irak, le cardinal chaldéen Emmanuel III Delly, a demandé au gouvernement de faire davantage pour protéger les chrétiens du pays et de ne pas se contenter de promesses vides. Les femmes dans la foule portaient du noir et sanglotaient en silence pendant que sept cercueils recouverts du drapeau irakien étaient amenés jusqu’à l’hôtel, où des représentants de la communauté chrétienne étaient réunis. Dans les années 1980, les chrétiens constituaient 4% de la population irakienne, soit environ 1.5 million de personnes. Suite aux violences interconfessionnelles, ils ne sont plus aujourd’hui que 400.000. C’est la nouvelle menace de l’Etat islamique d’Irak, organisation affiliée au réseau terroriste alors que l’Irak subissait plusieurs jours de violences et terreur. Mardi, une dizaine d’attentats à la voiture piégée ont frappé simultanément plusieurs quartiers chiites de Bagdad. Des attaques qui ont fait selon le ministère de l’Intérieur 76 morts et plus de 200 blessés. Le Monde entier contre le terrorisme Le cardinal français André Vingt-Trois a exprimé sa solidarité avec les chrétiens d’Irak et d’Egypte et plusieurs responsables catholiques ont demandé à la France d’agir en faveur de la communauté chrétienne d’Irak. Le président du Mouvement catholique international pour la paix Pax Christi France, Mgr Marc Stenger, a exprimé sa “profonde solidarité avec les familles des victimes de ce massacre”. Nicolas Sarkozy, président de la République française a déclaré: “C’est avec une profonde émotion que je vous adresse, ainsi qu’à tout le peuple irakien, mes condoléances et celles du peuple français après la prise d’otages qui a conduit à la mort de plus de quarante personnes, le 31 octobre dans une église de Bagdad. Je condamne avec la plus grande fermeté cette attaque terroriste barbare dirigée contre des fidèles qui exerçaient la liberté de culte garantie par la Constitution irakienne”. Robert Gibbs, porte-parole de la Maison Blanche a dit: “Les Etats-Unis condamnent en termes forts l’acte de violence insensé qu’a été la prise d’otages à Bagdad par des terroristes liés à Al-Qaïda en Irak, tuant de nombreux Irakiens innocents. Nos cœurs sont avec les personnes, en Irak, qui ont tant souffert de ces attaques. Nous sommes à leurs côtés et coopérons avec eux pour combattre le terrorisme et protéger les peuples de nos deux pays”. Catherine Ashton, Haute représentante de l’UE aux Affaires étrangères a pour sa part déclaré: Je suis “profondément attristée par les informations sur l’attaque de fidèles” dans la cathédrale syriaque catholique de Bagdad, où “un grand nombre de civils innocents ont été tués ou blessés. Cette attaque est inacceptable, l’UE réaffirme son “plein soutien à la population de l’Irak”. Sergei Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères s’est exprimé en ces termes: “Nous condamnons fermement les actions criminelles des terroristes, l’atteinte à la liberté et à la vie des croyants de toutes les confessions”. Le pape Benoît XVI a dit de son côté: “Je prie pour les victimes de cette violence absurde, d’autant plus féroce qu’elle a frappé des personnes sans défense, réunies dans la maison de Dieu, qui est un lieu d’amour et de réconciliation. J’exprime ma solidarité affectueuse à la communauté chrétienne irakienne, de nouveau frappée. Face aux atroces épisodes de violence qui continuent à déchirer les populations du Moyen-Orient. Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris a condamné l’attentat en ces termes: “Nous nous élevons avec horreur et tristesse pour condamner le massacre de Chrétiens irakiens survenu dimanche soir dans l’Eglise Notre Dame du Salut à Bagdad, et nous nous associons par le cœur et la prière à la souffrance de familles éplorées et aussi durement touchées par ces actes sanguinaires. L’objectif de ces fanatiques ne vise qu’à créer la mésentente et l’hostilité entre les Chrétiens et les Musulmans qui, de par le monde, luttent pour une fraternité spirituelle et une éradication profonde de la violence du cœur des hommes”.
Le ministre des Waqfs, Dr. Mahmoud Hamdy Zaqzouq, a condamné l’attentat terroriste perpétré contre l’église de Notre-Dame du Perpétuel Secours en Irak, qui a coûté la vie à plus de 50 civils innocents.
Dr. Zaqzouq a indiqué que les auteurs de ce crime n’avaient aucun rapport avec l’Islam qui prohibe totalement l’effusion de sang et la violation de l’humanité. “L’Egypte n’accepte de tutelle de quiconque. Nous ne permettrons à personne de s’immiscer dans nos affaires intérieures”, a ajouté Dr. Zaqzouq lors d’un dialogue engagé avec les secrétaires des unions estudiantines aux universités égyptiennes participant au stage organisé par l’institut de formation de leaders à Helwan. “L’Egypte est capable de protéger ses citoyens Musulmans et Coptes. Nous ne permettrons à aucun groupe extrémiste de toucher aux Coptes d’Egypte. Les tentatives de ceux qui veulent déstabiliser la sécurité du pays et porter atteinte à l’unité nationale ne réussiront pas”, a-t-il renchéri. Dr. Zaqzouq a indiqué que la question de la conversion de Camélia Chehata à l’Islam était dénuée de tout fondement et qu’elle avait été exploitée par les semeurs de zizanie pour provoquer les simples musulmans. Le ministre des Waqfs a indiqué que les registres d’Al-Azhar ne comportaient aucun document officiel attestant la conversion à l’islam de Camélia Chehata.