Fortes tensions entre l’Égypte et Israël

15-12-2011 09:07 AM

Abdel Massih Felli



  
 
La Ligue arabe a tenu dimanche dernier au Caire une réunion d’urgence, “à la demande de la Palestine, pour examiner les répercussions de la dangereuse situation suite à l’agression continue d’Israël contre Gaza”. Cette réunion est intervenue dans un contexte de vives tensions entre Israël et le Hamas, mais aussi entre Israël et l’Egypte, alors que cinq policiers égyptiens ont été tués jeudi dernier par l’armée israélienne à la frontière entre les deux pays. Dans un communiqué diffusé à l’issue de cette réunion, l’organisation panarabe a “demandé à la communauté internationale de faire pression sur les autorités de l’occupation israélienne pour mettre immédiatement fin à cette agression”, alors que 15 Palestiniens ont été tués et une cinquantaine blessés dans des raids aériens de représailles, après une série d’attaques jeudi dans le sud d’Israël ayant fait huit morts. Le Quartette pour le Proche-Orient, qui comprend les Etats-Unis, la Russie, l’Union européenne et les Nations unies, a mis en garde pour sa part contre un “risque d’escalade” après les violences à Gaza ou à partir de ce territoire, tout en appelant à la “retenue”.
 
Nouveau Moyen-Orient
Israël a commis deux violations en pénétrant en Égypte et en tirant côté égyptien, a affirmé la Force multinationale et observateurs (FMO), stationnée dans le Sinaï et chargée de surveiller la paix entre Israël et l’Égypte, dans un rapport cité par l’agence Mena. Cinq policiers égyptiens ont été tués après un échange de tirs entre les forces israéliennes et des hommes armés à la suite d’une triple attaque sanglante près d’Eilat, à la frontière avec l’Égypte. Le rapport de la FMO concerne les circonstances du décès de ces policiers. Le texte ne dit pas, d’après l’agence, si les auteurs des attaques d’Eilat sont passés par le Sinaï égyptien pour gagner Israël, comme l’affirme l’État hébreu. Huit Israéliens ont été tués dans la série d’attaques, attribuées par Israël à des activistes radicaux palestiniens de Gaza. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir en Egypte, a affirmé son “refus de toute ingérence d’une quelconque partie dans la sécurité du Sinaï”.
 
A noter que l’ancien ambassadeur d’Israël au Caire, Shalom Cohen, est arrivé au Caire, a indiqué une source aéroportuaire sans pouvoir préciser les raisons de sa visite. Cohen est arrivé au moment où l’Egypte et Israël vivent leur première crise diplomatique depuis la chute du régime de Moubarak. Pendant ce temps, des milliers d’Egyptiens en colère ont réclamé l’expulsion de l’actuel ambassadeur d’Israël au Caire, Yitzhak Levanon, pour protester contre le décès des membres des forces de l’ordre. L’Egypte est le premier pays arabe à avoir conclu un accord de paix avec Israël en 1979. Après la chute du président Moubarak le 11 février, le nouveau pouvoir au Caire a fait savoir qu’il n’entendait pas remettre en cause cet accord, tout en prenant ses distances avec l’État hébreu.
 
Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a déclaré publiquement “regretter” cet épisode et a ordonné une enquête. Le gouvernement égyptien a jugé insuffisants les regrets exprimés par Israël. “La paix avec l’Egypte, qui constitue depuis trois décennies un pilier de la sécurité d’Israël, a été gravement ébranlée”, écrit le quotidien israélien Haaretz. L’universitaire israélien Uzi Rabi l’exprime à sa manière : “L’Egypte actuelle n’est pas celle de l‘ère Moubarak. Israël devrait tirer des enseignements de cet incident. Et la leçon est que l’on s’oriente vers une région différente, un nouveau Proche et Moyen-Orient”. De sa part, Le Hamas a quant à lui annoncé une trève, mais les tirs de roquettes n’ont pas cessé. Un accord informel. C’est ce qu’a annoncé un haut responsable du Hamas, mouvement islamiste au pouvoir à Gaza.
 
Egypte différente
Un groupe de dirigeants politiques, comprenant l’ancien chef de la Ligue arabe Amr Moussa et d’autres candidats à la présidence égyptienne, a demandé le retour immédiat de l’ambassadeur égyptien, un renforcement des troupes déployées au Sinaï et la comparution devant la justice égyptienne des Israéliens responsables de la mort des cinq policiers. “L’Egypte d’après la révolution de janvier n’est pas celle d’avant. Le régime corrompu, oppresseur et accommodant est parti pour de bon”, disent-ils dans un communiqué publié dans la presse. Le gouvernement de l’ex-président Moubarak, évincé en février, “a été remplacé par une volonté populaire forte, qui ignore la complicité et sait comment obtenir réparation pour le sang des martyrs”. “Le sang de l’Egyptien est trop cher pour être versé sans réponse”. C’est en ces termes que le Premier ministre Essam Charaf a d’abord réagi sur sa page Facebook officielle. “Notre glorieuse révolution a eu lieu pour que l’Egyptien puisse regagner sa dignité à l’intérieur comme à l’extérieur et ce qui était accepté dans l’Egypte d’avant la révolution ne le sera plus dans l’Egypte d’après”, poursuivait le communiqué du Premier ministre. Des milliers d’Egyptiens ont manifesté devant l’ambassade d’Israâl au Caire. L’un d’eux est devenu un héros après avoir escaladé le bâtiment pour en retirer le drapeau blanc et bleu frappé de l’étoile de David et le remplacer par les couleurs égyptiennes.


 

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