Moubarak assiste à la remise de cinq tableaux pharaoniques à l’Egypte

15-12-2011 09:05 AM


Le Président Sarkozy a présenté lundi dernier à son homologue égyptien une fresque des cinq que la France avait décidé de restituer à l’Egypte, dans le cadre de la lutte contre la fraude des pièces d’antiquités, conformément à l’accord de l’Unesco de 1970.
L’ Elysée a précisé que le musée du Louvre avait obtenu ces fresques ” de bonne volonté “, lors de la période comprise entre les années 2000 et 2003, avant qu’il s’avère que ces peintures murales antiques étaient passées en fraude hors de l’Egypte.
Dans ce contexte, l’Elysée a repris que la remise de ces fresques avait été totalement organisée avec le Conseil supérieur des Antiquités égyptiennes (CSAE), dans le cadre des ” excellentes relations ” et de la ” merveilleuse coopération ” entre les deux pays en matière d’antiquités.
Lors d’un déjeuner avec le président Moubarak à l’Elysée, le président français a parlé de cette restitution. Il n’y a pas eu de cérémonial particulier.
Un des cinq fragments de peintures murales était à l’Elysée pour symboliser la remise de ces pièces à l’Egypte. Les autres pièces ont été transmises à l’ambassade égyptienne à Paris.
Cette restitution laisse augurer d’une embellie dans les relations culturelles entre la France et l’Egypte, qui avait annoncé le 7 octobre sa décision de suspendre toute coopération archéologique tant que les fragments ne lui seraient pas restitués.

Histoire de la coopération égypto-française

En 1828, Jean-François Champollion arriva en Egypte pour voir de lui-même ces fameuses inscriptions hiéroglyphiques dont il avait percé le mystère et pour contempler les monuments de l’Egypte ancienne dont il rêvait depuis de nombreuses années. Son aventure égyptienne avait commencé sans le savoir avec la découverte à Rachid de la fameuse pierre de Rosette qui lui permit de percer le mystère de hiéroglyphes. Ce fut le couronnement de son aventure égyptienne.
Au cours de la première quinzaine du mois de juillet 1799, les soldats français de l’officier du génie Bouchard s’affairaient à restaurer le vieux fort de Rachid, le fort Julien, situé près de Rachid à l’embouchure du Nil à 65 kilomètres à l’ouest d’Alexandrie. Soudain, la pioche d’un soldat rendit un son métallique et, à travers les décombres d’un mur, apparut presque intacte une pierre noire rectangulaire d’environ un mètre de haut sur soixante-quinze centimètres de large.
Intrigués, les soldats se penchèrent sur leur trouvaille. C’était une stèle de basalte couverte d’inscriptions. Ils appelèrent l’officier Bouchard. Celui-ci se rendit compte de l’intérêt de la découverte. Il alerta à son tour des savants de l’expédition de Bonaparte. Ils constatèrent qu’il s’agissait d’une inscription trilingue. La première était en hiéroglyphes, la troisième, celle du bas, était en grec et celle du milieu était en démotique.
Le 19 juillet 1799, une communication importante fut faite à l’Institut d’Egypte au Caire: “Le citoyen Lancret, membre de l’Institut, informe que le citoyen Bouchard, officier de génie, a découvert, dans la ville de Rosette, des inscriptions dont l’examen peut offrir beaucoup d’intérêt”.
La pierre fut transportée au Caire à l’Institut d’Egypte où elle fut soigneusement étudiée… mais en vain. Dans le numéro 37 du mois de septembre 1799, le “Courrier d’Egypte” annonçait cette découverte en précisant que les inscriptions de cette pierre pourraient livrer le secret des hiéroglyphes devant lequel tous les savants du monde se sont jusqu’à ce jour déclarés incompétents.
La pierre de Rosette fut ensuite transférée à Alexandrie dans la demeure du général français Menou. Deux années plus tard, après la capitulation de Menou devant les Anglais, cette pierre, en vertu de l’article 16 du traité de capitulation, fut saisie par le major général Turner et envoyée en Angleterre. Elle fut débarquée à Portsmouth au mois de février 1802 et déposée au British Museum.
Heureusement, les savants français avaient fait des copies des précieuses inscriptions de cette pierre. Ces copies furent transportées en France.
Il faudra attendre le 17 septembre 1822 pour connaître le déchiffrement de ces inscriptions réalisé par Jean-François Champollion lors de sa lecture à l’Académie des inscriptions et belles-lettres de sa fameuse lettre à M. Dacier relative à l’alphabet des hiéroglyphes phonétiques. Grâce à la lecture de cette charte des hiéroglyphes de Champollion, une des plus vieilles et plus riches civilisations du monde devint enfin accessible aux connaissances des savants.
En 1828, Champollion réalisa son rêve: visiter l’Egypte et voir ses chères inscriptions hiéroglyphiques et les monuments de l’Egypte ancienne.
L’égyptologue originaire de Nantes dans l’ouest de la France en Bretagne Frédéric Cailliaud, qui visita l’Egypte entre le mois de mai 1815 et le mois de novembre 1818, fut un précurseur de Jean-François Champollion et il lui adressa certaines recommandations avant son départ pour la terre des pharaons.
Le 11 juillet 1828, Cailliaud adressa de Nantes à Champollion, à son logis du n° 19 de la rue Mazarine à Paris, une note dans laquelle il donnait quelques conseils.
Avant de s’embarquer à Toulon à destination d’Alexandrie, Champollion devait faire certaines provisions dont des planches de sapin afin de confectionner des caisses pour la récolte d’antiquités. Il était, entre autres, recommandé que les dessinateurs se munissent de lunettes de spectacle pour bien distinguer les bas-reliefs qu’ils auront à dessiner dans les temples.
Le voyage d’Alexandrie au Caire pouvait se faire sur le canal jusqu’au Nil avec des barques louées à Alexandrie et ensuite jusqu’à Boulac.
Au sujet des douanes, il était recommandé d’avoir une lettre du consul de France à Alexandrie, M. Bernardino Drovetti, pour le vice-consul au Caire qui mettra ses janissaires à la disposition des voyageurs ainsi que le drogman de France, M. Mssara qui est un homme très obligeant. Celui-ci procurera aux voyageurs des domestiques arabes qui auront besoin d’être encouragés en partant en leur donnant des souliers, une chemise de toile bleue et si l’on veut un tarbouche.
Les barques pour la Haute-Egypte seront louées dans les ports du Vieux-Caire ou de Boulac. M. Mssara indiquera à peu près les prix afin de ne pas être autant que possible trompés par les interprètes, etc…
L’original de cette lettre de Cailliaud adressée à Champollion se trouve à la Bibliothèque nationale de Paris et démontre tout l’intérêt porté par l’égyptologue nantais à la mission de Champollion.
A la fin de cette lettre, Cailliaud demandait à Champollion de lui rapporter des coquilles, car il se trouve en mer Rouge des coquilles très rares et très estimées, ajoutant: “Moi je tiens autant aux marines qu’aux fluviatiles et je vous prie bien de me conserver un peu des deux”.
Munis de tous ces conseils, Champollion arriva en Egypte en 1828 pour entreprendre sa mission.

Musée des antiquités égyptiennes

Deux Français participèrent à la réalisation du Musée des antiquités égyptiennes au Caire: Marcel Dourgnon comme architecte et Ferdinand Faivre pour la décoration de la façade. A partir du mois de décembre 1894, il fut question de construire un nouveau Musée, celui de Guiza étant trop vétuste et menacé par de possibles incendies. Le président du Conseil des ministres de l’époque, Nubar pacha, avait inspecté le Musée de Guiza et à la suite de cette visite il fut décidé en Conseil des ministres de créer un nouveau Musée des antiquités égyptiennes. Mais il fallait trouver un terrain assez vaste; le choix se porta sur le terrain situé entre les casernes anglaises de Qasr El-Nil et le canal d’Ismaïlieh au Caire. Au mois de mars 1895 une exposition avait été organisée à l’Ecole des princes près du palais d’Abdine au Caire afin de présenter les différents projets en vue de la construction d’un nouveau Musée des antiquités égyptiennes, les bâtiments dans lesquels il se trouvait à Guiza étant devenus trop vétustes. Le ministère des Travaux publics adopta le projet de l’architecte français Marcel Dourgnon. Le terrain choisi fut dégagé et aplani et il fut prêt pour la pose de la première pierre qui avait été décidée, en Conseil des ministres, pour le 1er avril 1897. Après les discours d’usage, dont celui du directeur du service des antiquités, M. Jacques de Morgan, le khédive Abbas II Helmi, posa la première pierre du nouveau musée sous les applaudissements de l’assistance venue nombreuse pour la circonstance. Les travaux de construction commencèrent ensuite sous la direction de l’architecte français Marcel Dourgnon et ne furent achevés qu’en 1902. Les coûts des travaux de construction s’élevèrent à cinq millions de francs. Cette réalisation s’inspira de l’architecture gréco-romaine. Au centre de la façade principale fut aménagé un immense porche flanqué de deux pylônes surmontés de hauts-reliefs symbolisant la Haute et la Basse-Egypte. Ils furent l’oeuvre du sculpteur français Ferdinand Faivre. Le sommet du porche est encore surmonté de l’inscription en latin rappelant que le Musée fut inauguré en 1902 par le khédive Abbas II Helmi. Cette inscription est surmontée du blason et de la couronne khédiviale.

Le président Sarkozy remettant la fresque au président Moubarak.

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