Nouveau moment historique pour le Proche-Orient

15-12-2011 09:06 AM

Abdel Massih Felli - Michael Victor


Les États-Unis se sont été l’hôte, jeudi dernier, le 2 septembre, de négociations israélo-palestiniennes directes visant à trouver d’ici un an des solutions à toutes les questions relatives au statut définitif sur le terrain. Le président de l’Autorité palestinienne,  Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien,  Benjamin Netanyahu, participaient aux négociations. Le président Obama y a aussi invité son homologue égyptien,  Hosni Moubarak, et le roi Abdallah II de Jordanie en raison du rôle qu’ils ont joué en faveur du processus de paix et des pourparlers indirects dits “de proximité” qui ont conduit à cette rencontre face à face. Lors d’une conférence de presse tenue le 20 août, la secrétaire d’État, Mme Hillary Clinton, a déclaré qu’avec la reprise de négociations directes focalisées sur les principales questions en suspens, le processus de paix pourrait s’accomplir en un an. Tous les dossiers qui sont au cœur des négociations depuis 1979 seront abordés.


Parmi les questions essentielles à l’ordre du jour figurent les frontières d’un État palestinien, l’avenir de Jérusalem, les implantations de peuplement juif dans les zones occupées, le droit au retour des réfugiés palestiniens, les droits relatifs aux ressources en eau et les relations futures entre les deux États, dont des garanties pour la sécurité d’Israël. “Le président et moi-même sommes encouragés par le comportement du Premier ministre Netanyahu et du président Abbas et partageons pleinement leur engagement en faveur de l’objectif de deux États, Israël et la Palestine, cohabitant dans la paix et la sécurité”, a dit Mme Clinton. Netanyahu et Abbas sont convenus d’une durée limite d’un an pour les négociations. Dans le cadre des efforts diplomatiques déployés aux plus hauts niveaux afin de relancer des pourparlers directs, lesquels constitueraient la neuvième série du genre depuis 1979,  Obama s’est entretenu séparément avec les dirigeants israélien et palestinien au cours des dernières semaines.


Vrai coup d’envoi
Le président américain Obama a consacré l’essentiel de sa journée de mercredi à recevoir  séparément les acteurs du processus de paix, avant de les réunir pour un dîner qui a été le vrai coup d’envoi des négociations. Le début formel de celles-ci a eu lieu jeudi. Alors que le dialogue avait été complètement rompu fin 2008, avec l’offensive israélienne sur Gaza, les Etats-Unis croient aujourd’hui à “une fenêtre de tir” pour une solution à deux Etats, a déclaré l’émissaire US pour le Proche-Orient George Mitchell. Il a annoncé une “présence active et soutenue” des Etats-Unis dans les négociations directes, qui sont “une grande priorité” pour la Maison Blanche. Pour préparer la rencontre de jeudi, Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, a enchaîné mardi les entretiens avec le président palestinien Mahmoud Abbas, le ministre jordanien  des Affaires étrangères Nasser Judeh, le ministre égyptien Ahmed Aboul Gheit, le représentant du Quartette (USA, UE, Russie, ONU) Tony Blair, enfin le Premier  ministre israélien Benjamin Netanyahu.


Questions essentielles
Les conditions pour un accord sont la “reconnaissance d’Israël par les Palestiniens comme Etat du peuple juif”, le règlement final du conflit et des arrangements garantissant qu’un retrait de Cisjordanie ne sera pas suivi d’attaques à partir des zones évacuées, a affirmé Benjamin Netanyahu. Quant à Mahmoud Abbas, il a fait assumer à Israël l’entière responsabilité de l’échec des négociations si la colonisation se poursuivait en Cisjordanie et à Jérusalem-Est annexée en 1967 et dont les Palestiniens entendent faire leur capitale. “Je suis conscient des difficultés et ne les minimise pas”, a dit dimanche Benjamin Netanyahu, assurant “avoir bien l’intention d’étonner les sceptiques”.


Après plusieurs mois de négociations indirectes infructueuses et sous intense pression américaine, l’Autorité palestinienne a accepté d’entamer un dialogue direct sans garanties préalables, en particulier sur la colonisation. Mais elle a averti que la non-reconduction du moratoire entraînerait la fin des pourparlers. En novembre, Benjamin Netanyahu avait prononcé un moratoire de 10 mois sur la colonisation en Cisjordanie mais pas à Jérusalem-est. Ce moratoire expire le 26 septembre. Benjamin Netanyahu n’a rien promis aux Etats-Unis sur cette question, a indiqué un responsable israélien, citant des propos du Premier ministre lors d’une réunion des ministres de son parti, le Likoud.


Les frontières d’un Etat palestinien sont un autre sujet de divergence. Les Palestiniens veulent fonder leur Etat sur l’ensemble des territoires occupés par Israël depuis 1967. Ils sont prêts à accepter des échanges de territoires, mais cela ne suffira pas à régler la question du statut de Jérusalem. Les Palestiniens veulent que l’est de la ville soit leur capitale. Alors que Benjamin Netanyahu ne s’est jamais montré disposé à une partition de la Ville sainte, le ministre de la Défense israélien Ehud Barak a affirmé mercredi qu’Israël pourrait en céder une partie dans le cadre d’un accord global. “Jérusalem-ouest et 12 quartiers juifs qui abritent 200.000 habitants seraient à nous. Les quartiers arabes dans lesquels vivent près d’un quart de million de Palestiniens seraient à eux”, a précisé le ministre de la Défense. “Un régime spécial serait mis en place basé sur des arrangements convenus (entre les parties) dans la Vieille ville, le mont des Oliviers et la Ville de David”, a-t-il ajouté.


Le sort des réfugiés palestiniens divise également profondément Israéliens et Palestiniens, tout comme la volonté d’Israël que le futur Etat soit démilitarisé.


Optimisme mesuré
Par ailleurs, les présidents égyptien Hosni Moubarak et français Nicolas Sarkozy ont fait preuve d’un optimisme mesuré avant la reprise jeudi des négociations de paix directes entre Palestiniens et Israéliens à Washington, voulant croire que les deux parties concrétiseront cet “espoir”. “Je souhaite que toutes les parties puissent saisir cette occasion alors que nous sommes à un tournant important”, a déclaré devant la presse  Moubarak, qui faisait étape à Paris sur la route des Etats-Unis où il a participé à la reprise des discussions de paix. “Un espoir existe, une nouvelle chance se présente, il faut la saisir”, a pour sa part estimé  Sarkozy à l’issue de leur entretien. “Nous souhaitons de tout coeur au nom de la France que ces discussions soient conclusives”.


 Moubarak a souligné que “le début de ces négociations ne représente pas la fin du chemin”. “Ce qui est important, c’est qu’elles se poursuivent en toute bonne foi afin de remettre le processus de paix dans le droit chemin, afin d’en respecter le cadre de référence, de respecter la légalité internationale et les échéances de la paix”. “Nous espéronsque les deux parties prennent également leurs responsabilités et qu’elles soient toutes au niveau des espoirs des deux peuples palestinien et israélien et de l’ensemble des peuples de la région pour une paix juste que nous attendons depuis si longtemps”, a-t-il ajouté. Les deux responsables ont également insisté sur le rôle nécessaire de l’Union européenne (UE) aux côtés des Etats-Unis. “Il y aura besoin de tout le monde pour obtenir des résultats”, a dit  Sarkozy, et  Moubarak a indiqué qu’il “aurait souhaité que le Quartette (UE, Russie, Etats-Unis et ONU) soit présent” à Washington.
À l’issue de leur entretien, les deux hommes ont annoncé la tenue d’un sommet de l’Union pour la Méditerranée pour faire avancer les perspectives de paix au Proche-Orient.
 Dans l’optique de faire avancer les négociations de paix au Proche-Orient, les deux chefs d’État ont proposé la tenue en novembre d’un sommet de l’Union pour la Méditerranée. Ils souhaitent pouvoir ainsi réunir rapidement tous les acteurs du conflit israélo-palestinien, y compris des représentants de l’État hébreu.
“Depuis le temps qu’on parle de ce conflit, tout le monde connaît les paramètres de la paix”, a déclaré le président français à l’issue de son entretien avec Hosni Moubarak, appelant de ses vœux des négociations “rapides”. “La longueur des pourparlers et l’absence de compromis font le lit de tous les extrémismes, partout dans le monde et notamment dans cette région du monde”, a-t-il ajouté.

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