Un art pour s’exprimer

15-12-2011 09:06 AM


Une exposition rassemblant un bon nombre d’œuvres de graffiti de jeunes artistes, sera inaugurée le 15 août, au jardin annexée au musée Mahmoud Mokhtar, face à l’Opéra du Caire. Cette exposition qui perdurera jusqu’au 20 septembre, est le fruit d’un atelier de graffiti donné au musée Mahmoud Mokhtar, du 25 au 29 juillet dernier. Le Musée Mokhtar se marque par un beau jeu de contraste, entre chefs-d’œuvre anciens, témoins  de l’histoire d’Egypte, et œuvres de graffiti plus jeunes et enthousiasmées. 
Pour la troisième année consécutive, les murs du musée Mahmoud Mokhtar, ses façades et son entrée se couvrent de graffitis faits par des jeunes, aux airs libéraux et ardents. Les jeunes artistes trouvent à travers cet art visuel de graffiti et ces inscriptions calligraphiées ou dessins racés, peints ou gravés sur un support qui n’est pas normalement pas prévu à cet effet, leur meilleur moyen d’expression. Une manière de transgresser toutes règles, criant haut et fort, un mécontentement général. 
Cette masse de jeunes artistes, qui se sont rassemblés, à travers leurs œuvres, a trouvé dans le graffiti, un moyen de dénoncer, par amour, la société dans laquelle ils vivent. Ceci par le biais d’œuvres révoltées en même temps que rêveuses aspirant à une vie meilleure. C’est dans cet air d’humour et de révolte (à visée sociale, politique ou économique…) que puisent les œuvres de graffiti de 60 jeunes artistes. Des œuvres qui, loin du cadre des galeries et des expositions, sont toutes des peintures sur toiles à très grand format. Ces œuvres utilisent divers techniques de graffiti: canettes aérosol, pinceaux, marqueur, stylo, craie, peinture au rouleau ou au pinceau. Car, pour la technique de graffiti, ou “ d’art de rue assimilables ”, il en existe plusieurs. 
D’autre part, le graffiti se caractérise par des formes relativement définies où la créativité individuelle ne peut s’exprimer que dans un cadre codé, voire figé, et impliquant l’adhésion à toute une culture (vocabulaire, lieux, préoccupations, goûts musicaux, etc). Parmi les formes de graffiti, on cite: le “ Tag ” (marque, signature). Il est le simple dessin du nom de l’artiste. Le geste est généralement très travaillé, à la manière des calligraphies chinoises et japonaises, c’est un logo plus qu’une écriture, et souvent, seuls les habitués parviennent à déchiffrer le nom qui est écrit. Les techniques utilisées pour le tag, sont généralement l’aérosol, le marqueur et l’autocollant. Autre forme : le “ Graff ”, ou “ Fresque ” est le nom souvent donné aux graffitis sophistiqués et exécutés en plusieurs couleurs. Quant à la forme du “ Throw-Up ”, ou “ Flop ”, il s’agit d’une forme intermédiaire entre le Tag et la fresque : grands dessins de lettres, et non de signatures, pourvus d’un volume et de contours mais qui sont exécutés rapidement et sans soin particulier.
L’exposition de graffiti sera accompagnée de musique de hip hop, qui est un style qui s’émerge du graffiti. Une musique qui, dans sa diversité, se sert de la richesse de ses expressions et techniques et va de pair avec cet air juvénile révolté de ce festival de graffiti, d’art urbain. Ceci en invitant de jeunes groupes égyptiens de hip hop. Il est à savoir que la culture Hip Hop émerge du graffiti mais aussi d’autres formes d’expression nées en même temps : une nouvelle danse plutôt acrobatique (Break dance), un genre musical à base de textes parlés (rap), de mixage de disques (dee javing), (scratch) et de fêtes en plein air (sound system). Ainsi, et pour pouvoir regrouper un bon nombre de jeunes Egyptiens enthousiastes de cet art graffiti, plus connu en Occident qu’en Orient, et pour faire du graffiti, un art qui pourra un jour être enseigné en Egypte, dans des universités possédant ses outils, ses règles et fonctions, le festival de graffiti au musée Mahmoud Mokhtar cède l’occasion à tout jeune avide de s’exprimer et doué en ce domaine, l’occasion de s’unir à ses confrères. Une manière de propager cet art en Egypte.
Histoire du Musée Mokhtar
Né en 1891 et mort en 1934, Mahmoud Mokhtar est l’un des plus grands sculpteurs égyptiens du XXe siècle. Pionnier dans son art, Mahmoud Mokhtar est considéré comme le père de la sculpture égyptienne moderne. Sa vie a été remplie de lutte pareille à celle du peuple égyptien pour l’indépendance et la renaissance nationale. 
Mahmoud Mokhtar est arrivé au Caire en 1903 à l’âge 12 ans. Cinq ans plus tard, il entrait à l’école des Beaux-Arts.  En 1911, il partit à Paris pour achever ses études. L’année 1916, marquait ses premiers pas vers la mondialisation. Il exposa la statue de “ Aïda ” au salon de Paris. Cette statue, était inspirée de l’Opéra de “ Aïda ” de “ Verdi ”, première œuvre artistique exposée en Europe à l’époque. Sept ans plus tard, il exposa un modèle réduit de la statue “ la renaissance égyptienne ” qui attira l’admiration des grands critiques français qui avaient déclaré, par la suite : “ Un nouvel artiste est né ”. Il ajouta de nouvelles dimensions à la gravure moderne en se basant sur l’ancien patrimoine égyptien. 
Mokhtar a reçu la médaille d’or de l’exposition des artistes français où la statue était exposée. 
En 1930, il exposa quarante statues, représentant l’art égyptien contemporain, dans la salle de “ Brenhayen ” à Paris. 
Mahmoud Mokhtar est l’auteur de l’immense statue de Saad Zaghloul, devant le pont Qasr el-Nil. Le musée Mahmoud Mokhtar, situé dans le jardin d’Al-Horriya (la liberté), juste en face de l’Opéra, est construit par Ramsès Wissa. Ce musée présente les œuvres majeures de cet artiste, très inspirées par la réalité égyptienne de son temps.
En se rendant à ce musée, inauguré en 1962, tout visiteur remarquera deux statues qui se tournent le dos (entre la place Tahrir, et la rue Tahrir à Doqqi). L’une, sculptée par le jeune Hassan Kamel, représente l’écrivain Taha Hussein, surnommé le doyen de la littérature arabe, et l’autre, datant de 1930, est de Mokhtar lui-même, portant toute la gloire de Saad Zaghloul, le leader de la révolution de 1919. Sa statue veille en état d’alerte à la porte du musée. L’intérieur du musée Mahmoud Mokhtar, regroupe 87 pièces de sculptures qui mettent en relief quelques affaires et souvenirs personnels de l’artiste ainsi qu’une petite salle d’exposition et de conférence. Les multiples salles du musée en spirale s’ouvrent l’une sur l’autre, offrant le monde infini de Mokhtar en labyrinthe. Les statues qui marquent le musée sont : le buste de Saad Zaghloul est fabriqué de bronze de 104 cm de haut, l’artiste Mahmoud Mokhtar a réussi par les traits du visage à exprimer les caractéristiques du leader de la nation, avec son sérieux, sa ferme volonté,  son insistance et sa forte personnalité. Autres statues : “ La porteuse de la jarre ”, fabriquée de bronze de 84 cm de haut, représentant une de ces meilleures sculptures de l’artiste symbole de l’Egypte agricole, mère, femme de ménage au travail et source de vie, la statue du “ gardien du champ ”, fabriquée de bronze de 45 cm de haut, représentant un paysan géant se tenant debout la tête appuyant son bâton sur son épaule avec sa main droite, tandis que sa main gauche se relaxe, la statue du “ Cheikh al balad ”, fabriquée de bronze de 49 cm de haut, Mahmoud Mokhtar représente ce Cheikh, le grand du village, se tenant debout avec fierté, dont le regard est fixé sur l’horizon. La statue “ au bord du fleuve ”, fabriquée de marbre de 40 cm de haut, représentant une paysanne qui s’incline posant sa jarre au pied de la statue de la tristesse. La “ statue de la tristesse ”, fabriquée de basalte de 35 cm de haut, elle reproduit l’esprit et la profondeur de la sculpture funéraire des anciens Egyptiens. Ou encore la “ statue d’Isis ” (1929), considérée, comme un vrai chef-d’œuvre. La déesse égyptienne y est représentée accroupie alors que ses deux bras sont placés derrière sa tête. Autres statues : “ le Faune ” (le dieu des champs), “ Le Fils du pays ” (rigolo), la “ caricature d’un Fainéant ”, “ La Sieste ”, “ La Méditation ”, “ La Mariée du Nil ” ou “ La Trouvaille ” et les “ Khamassines ” (Simouns, en pierre, 1929), l’une des œuvres magistrales de Mahmoud Mokhtar. 
Névine Lameï
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