Grandeur et décadence de l’armée républicaine de Turquie

15-12-2011 09:07 AM


 


Le porte-parole du président turc Abdullah Gül, a déclaré que le président turc a approuvé jeudi dernier la nomination de Necdet Özel, commandant de l’armée turque, ainsi que la nomination des commandants des forces terrestres, aériennes et navales.
L’armée turque, garante de la laïcité ou levier principal de l’ascenseur social au XXème siècle, mais aussi bras intransigeant de répressions meurtrières, fut l’un des piliers  de la Turquie moderne, depuis la fondation de celle-ci par Mustafa Kemal Atatürk. Mais ce bastion incontournable des dirigeants turcs vacille aujourd’hui, sous les coups répétés de l’AKP, le parti islamiste au pouvoir. Serait-ce un tournant existentiel dans l’histoire de ce pays charnière entre Asie et Europe, et membre influent de l’Otan ?


De l’Otan à l’islam
La crise chronique entre l’armée turque et le gouvernement AKP s’est soldée par la démission des commandants de trois armées, ainsi que par celle du chef d’état-major Işık Koşaner. Cette vague de départs aurait vraiment décapité l’armée turque si Necdet Özel, commandant de la gendarmerie, cinquième roue  de la hiérarchie militaire, avait suivi ses supérieurs. Mais il a préféré rester, après un tête-à-tête avec le Premier ministre Recep Tayyip Erdoğan, obligé de le nommer d’abord chef de l’armée de Terre, pour ensuite le renommer chef d’état-major, faute de supérieurs hiérarchiques non incarcérés.


Car le pouvoir islamiste opère un nettoyage dans les rangs des militaires et depuis deux ans, le nombre de hauts gradés incarcérés s’élèvent à 42, tandis que 173 officiers se trouvent en prison en attendant d’être jugés. Chaque jour d’autres s’y ajoutent et la démission des quatre généraux veut d’abord être une protestation contre ces arrestations et incarcérations.  


DES TRIBUNAUX D’EXCEPTION


Ces officiers sont accusés d’avoir fomenté un coup d’État militaire contre le gouvernement islamiste de l’AKP. Leur incarcération peut durer jusqu’à 10 ans. Le gouvernement AKP a doté les Cours d’Assises Majeures, spécialement conçues pour combattre le terrorisme et les délits dits « contre l’État », d’un délai de jugement et de  détention allant jusqu’à 10 ans, contrairement aux 5 ans des autres cours d’assises, les « normales ».   


Les Cours d’Assises Majeures jugent actuellement plus de 300 journalistes dont 68 sont en prison, mais aussi deux députés détenus, inculpés eux aussi d’avoir pris part à ce coup d’État.
C’est la guerre contre le PKK (séparatistes kurdes) en s’enlisant qui a sonné le glas de l’influence de l’armée turque sur la sphère politique et le gouvernement AKP a très habilement profité de la lassitude populaire à l’égard de ces héros des temps passés pour en finir avec ce gardiennage républicain, plutôt abusif.



 

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