Turquie et Brésil offrent un sursis à l’Iran

15-12-2011 09:05 AM


  Le Président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a conclu cette semaine un accord sur son programme nucléaire avec ses homologues brésilien et turc. Téhéran est sensé envoyer son uranium en terrain étranger pour assurer l’AIEA qu’il ne servira pas à des fins militaires. L’Agence internationale de l‘énergie atomique attend de voir l’accord se concrétiser. Le président russe, lui, reste prudent : “Il faudra sans doute de nouvelles réunions avec la participation de toutes les parties. C’est nécessaire, urgent pour les grandes puissances impliquées. Reste une question : l’Iran va-t-il enrichir lui-même son uranium ?”, s’interroge Dmitry Medvedev. La France a déjà proposé d’enrichir l’uranium iranien à des fins civiles. Téhéran avait alors décliné l’offre. D’où l’inquiétude de Paris, Washington ou encore Londres qui exigent de nouvelles sanctions contre la République islamique.  Avec cette annonce, Téhéran a du moins réussi à fissurer le bloc que formait contre lui la communauté internationale. Le Brésil et la Turquie ont engagé une véritable course contre la montre pour éviter à l’Iran des sanctions. C’est ainsi qu’ils ont pu décrocher avec les autorités iraniennes un accord de dernière minute tournant autour des modalités d’exploitation du nucléaire. Il s’agit essentiellement de procéder à un ‘échange d’uranium iranien contre du combustible hautement enrichi en Turquie’. En effet, ce pays va devenir le lieu pour stoker l’uranium faiblement enrichi. La signature d’un tel accord, qui s’est effectuée en présence des présidents Lula Da Silva, Mahmoud Ahmedinejad et du Premier ministre turc, Racep Tayyip Erdogan, vise à remettre en question l’adoption d’éventuelles sanctions contre l’Iran. ‘Cela montre qu’il est possible de parvenir au dialogue et à la négociation’, soutient un haut responsable turc, à l’issue des discussions.  Mais en réalité, cet accord n’est pas tellement différent de la proposition du groupe de Vienne qui, en novembre, négociait un échange de combustible. Cette entité, constituée des Etats-unis, de la Russie et de la France, proposait l’envoi d’uranium faiblement enrichi en Russie et en France pour obtenir du combustible hautement enrichi à des fins civiles. C’est ainsi que par ce récent accord de Téhéran, même si les termes ne diffèrent pas trop, c’est le lieu d’enrichissement qui se déplace vers Ankara. Et le projet va démarrer avec une quantité de 1 200 kg d’uranium enrichi iranien à 3,5 %. Ainsi, il appartiendra à l’Agence internationale d’énergie atomique (Aiea), qui sera saisie après, d’informer à son tour le groupe de Vienne. Comme pour dire qu’après avoir réussi à concocter un accord, ces trois pays ont les yeux rivés vers les grandes puissances occidentales constituant ce fameux groupe de Vienne. ‘Si cet accord est accepté, nous enverrons, d’ici un mois, notre uranium en Turquie pour qu’il soit transformé’, s’impatientait déjà un responsable iranien.
L’Iran exaspéré 
L’Iran a exprimé mercredi son exaspération devant la persistance des Etats-Unis à vouloir durcir les sanctions de l’ONU à son encontre malgré son offre d’échanger du combustible nucléaire à l’étranger, accusant les grandes puissances de “se discréditer”. Entre-temps, les deux parrains de la proposition iranienne, le Brésil et la Turquie, membres non permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, ont demandé dans une lettre aux 13 autres pays membres de “donner une chance aux négociations” et de ne pas adopter de nouvelles sanctions contre l’Iran. Dans un entretien téléphonique mercredi avec le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, le président américain Barack Obama a reconnu les “efforts” d’Ankara, mais lui a exprimé “l’inquiétude persistante” de la communauté internationale dans ce dossier. Mardi, le Conseil de sécurité a examiné un nouveau projet de résolution, d’inspiration américaine, sanctionnant l’Iran notamment pour sa politique d’enrichissement d’uranium. Il vise les investissements de l’Iran, ainsi que ses activités maritimes et bancaires, de même que les ventes d’armes à l’Iran. Malgré ses démentis, l’Iran est soupçonné par une partie de la communauté internationale de chercher à se doter de l’arme nucléaire sous couvert d’un programme civil, particulièrement depuis qu’il a entrepris en février de produire de l’uranium hautement enrichi à 20%. Pour Washington, l’annonce par Téhéran de son intention de poursuivre l’enrichissement a été un élément essentiel pour convaincre les membres du Conseil de sécurité de soutenir de nouvelles sanctions. Mais le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a mis en garde contre un “retour en arrière” dans le dossier nucléaire si le Conseil de sécurité ne manifestait pas son “intention” de négocier la dernière offre. ـــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــــ

(Visited 34 times, 1 visits today)

commentaires

commentaires