Disparition de”la grande dame du Nil”.

15-12-2011 09:07 AM


 
Le monde de l’Histoire vient de perdre une grande dame avec la mort de Christiane Desroches Noblecourt, décédée à l’âge de 97 ans le 23 juin dernier. Toute la vie de celle que l’on a surnommé “la grande dame du Nil”  a été consacrée à l’étude de l’Egyptologie. Née en 1913 à Paris, dans la famille d’un avocat catholique aux idées larges, Christiane Desroches s’était prise très tôt de passion  pour l’Egypte ancienne.
 La célèbre égyptologue Christiane Desroches Noblecourt, qui s’est battue pour sauver les temples de Nubie en Haute-Egypte et a su rendre rendre populaire l’Egypte ancienne auprès des Français, est décédée le 24 juin à l’âge de 97 ans.
Mme Desroches Noblecourt est morte dans une maison de retraite, proche de sa demeure de Sézanne dans la Marne, a annoncé son éditeur Télémaque.
Le président Nicolas Sarkozy lui a rendu hommage en saluant “la grande dame du Nil”. “Avec Christiane Desroches Noblecourt, c’est la digne héritière de Champollion qui vient de nous quitter”, a estimé l’Elysée.
Le Premier ministre François Fillon a souligné qu’elle fut “portée sa vie durant par une passion sans égale pour l’antiquité égyptienne”.
Le président-directeur du Louvre, Henri Loyrette, a souligné que Christiane Desroches Noblecourt a su, à travers “une longue et très belle carrière”, rendre l’égyptologie “véritablement populaire, au meilleur sens du terme”.
“Avec énergie et passion, elle a largement contribué au rayonnement du département des antiquités égyptiennes du Louvre”, a déclaré à l’AFP M. Loyrette.
Première femme égyptologue, résistante pendant la Seconde guerre mondiale, Christiane Desroches Noblecourt a fait sa carrière au Louvre et sur le terrain et fini par prendre la tête du département des antiquités égyptiennes.
Guillemette Andreu, qui dirige à présent ce département, évoque ” son audace, sa motivation, sa passion” mis au service de l’égyptologie.
Mme Andreu souligne qu’elle a su s’imposer comme femme dans un milieu d’égyptologues à l’époque entièrement masculin. Un jour, pour lui jouer un tour, certains de ses collègues l’avaient même enfermée dans une tombe où elle avait dû passer la nuit, raconte Mme Andreu.
Mais rien n’arrêtait cette femme de petite taille, assez forte, et toujours bien coiffée. Au point que l’on parle d’elle aujourd’hui comme d’une “grande dame” ou d’une “grande prêtresse”.
Elle avait de la voix, du bagout et un tempérament très fort.
Passionnée et enthousiaste, Mme Desroches Noblecourt a organisé la célèbre exposition sur Toutankhamon en 1967 à Paris, qui a accueilli près d’1,3 million de visiteurs. Et celle sur Ramsès II, qui a rencontré un succès presque identique. Elle a aussi écrit de très nombreux ouvrages.
“Elle avait un sens magnifique de la médiation, de la vulgarisation. Elle savait faire revivre Ramsès II comme si elle avait pris un verre avec lui la veille”, souligne Guillemette Andreu. “Elle a fait entrer l’Egypte dans la culture générale des Français”, ajoute-t-elle.
Intrépide, Christiane Desroches Noblecourt n’avait peur de rien, discutant avec les puissants pour défendre les antiquités égyptiennes. Au cours d’une carrière de plus de 50 ans, elle a permis de préserver vingt-quatre temples de Nubie, en Haute-Egypte.
Pour Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, elle “restera dans les mémoires comme la femme qui sauva le temple d’Abou-Simbel”.
Pendant la Seconde guerre mondiale, elle était parvenue à cacher en province des chefs-d’œuvre égyptiens conservés au Louvre.
Première femme à avoir reçu la médaille d’or du CNRS, elle a également été couronnée par la médaille d’argent de l’Unesco et est l’une des très rares femmes grand’croix de la Légion d’honneur.
“C’était une figure légendaire de l’égyptologie. Tous ceux qui l’ont connue étaient séduits par son érudition rare et sa passion pour l’Egypte”, commente l’ancien ministre de la Culture, Jack Lang.


 

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