Sud-Soudan, grand avenir et graves défis

15-12-2011 09:07 AM

Abdel Massih Felli


 



 


La République du Soudan du Sud a officiellement adressé une demande d’adhésion pour devenir le 193ème  pays membre des Nations unies, annonce un communiqué du Conseil de sécurité des Nations unies publié mardi dernier à New York. La commission du Conseil chargée des admissions des nouveaux membres s’est réunie lundi dernier pour examiner la demande qui lui a été soumise le 9 juillet par le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, le jour de la proclamation officielle de l’indépendance du pays. Envoyée au secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, cette correspondance a été remise aux présidents du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale de l’ONU. “La République du Soudan du Sud accepte les obligations contenues dans la Charte des Nations unies et s’engage solennellement à les respecter”, écrit le président Kiir dans la demande d’adhésion à l’ONU. L’adhésion devient effective dès son adoption par l’Assemblée générale des Nations unies. Les Etats-Unis, la France, le Canada, la Grand Bretagne, la Russie et la Chine ont salué l’établissement de la République du Sud-Soudan et soutient sa demande d’adhésion à l’ONU.


Reconnaissance internationale et arabe
L’Union européenne et ses Etats membres ont reconnu  la République du Sud Soudan, annoncé leur soutien au nouvel Etat et ont salué la décision du Soudan de le reconnaître. Le président de l’Union européenne Herman Van Rompuy a pour sa part personnellement “salué la naissance d’un nouveau pays en Afrique” et a “souhaité à sa population un avenir de prospérité et de paix” dans un message diffusé. Les pays arabes, y compris l’Egypte et les Emirats arabes unis ont aussi annoncé leur soutien au nouvel Etat. A noter que le week-end dernier, un nouvel État est né. Le Sud-Soudan est devenu indépendant après un demi-siècle de guerre avec le pouvoir nordiste de Khartoum. Au cri de “Adieu le Nord, bonjour le bonheur”, il a rejoint la communauté des nations. Le Sud-Soudan, est devenu le plus récent Etat du monde le 9 juillet.
Par ailleurs, le président soudanais Omar El-Béchir a annoncé que le Soudan allait lancer une nouvelle monnaie dans le cadre d’une série de mesures économiques d’urgence, alors que Khartoum fait face à une inflation galopante et une baisse de ses revenus pétroliers. Omar El-Béchir s’est adressé au Parlement trois jours seulement après la proclamation formelle de l’indépendance du Sud-Soudan, riche en pétrole.


La jeune nation
Le Sud-Soudan s’est réveillé, comme un pays indépendant, après une cérémonie officielle émouvante et chaotique. Un pays indépendant mais inquiet. L’avenir du nouvel État s’annonce en effet difficile. La jeune nation est en proie à de violentes tensions internes entre les différentes ethnies et à une opposition de moins en moins larvée avec le voisin du Nord. Depuis le référendum d’autodétermination, le 11 janvier dernier, remporté par les séparatistes avec plus de 98 % des voix, les luttes se sont même intensifiées de part et d’autre de la frontière. Ces dernières semaines, des combats ont éclaté entre l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), l’ex-rébellion, et les troupes du Nord. Le bilan des affrontements demeure incertain même si l’ONU l’estime à “plusieurs dizaines de morts” et des milliers de déplacés.
Le problème est assez simple: le Nord n’a jamais vraiment admis l’indépendance de ses provinces du Sud. Quand en janvier le résultat du vote a rendu la séparation inéluctable, Khartoum a réagi avec violence. Derrière les problèmes tribaux et de l’accès à l’eau se cache celui de la répartition des ressources pétrolières qui sert de détonateur. La production, 500.000 barils par jour, se situe à 80 % au Sud-Soudan. Mais les deux oléoducs qui permettent son exportation traversent le Nord. Khartoum a également la haute main sur les raffineries. L’accord de paix global (CPA), qui, en 2005, a mis fin à deux décennies de guerre civile, instituait un partage moitié-moitié du brut entre les deux anciens belligérants durant six ans. Une période qui devait permettre de négocier le tracé précis d’une frontière et une gestion de la manne. Ces pourparlers n’ont jamais débouché.
L’Etat indépendant du Sud-Soudan devra faire face à de grands défis. Il compte parmi les pays les plus pauvres du globe: 73 % des habitants de plus de 15 ans sont analphabètes, et on estime qu’entre 20 et 34 % de la population sont sous-alimentés. L’appareil administratif lourd et la corruption largement répandue sont autant d’obstacles au développement. De nombreux chrétiens qui avaient migré vers le Nord à la recherche de travail, reviennent maintenant au Sud. Beaucoup ont peur de l’avenir : déjà en décembre 2010, le président soudanais Omar El-Béchir avait annoncé publiquement qu’en cas d’indépendance du Sud, la charia serait appliquée encore plus rigoureusement au Nord.


 

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