L’Eglise copte célèbre la fête de la Nativité du Christ

10-01-2024 06:48 PM


A cette occasion nous présentons cette icône et cette méditation approfondissant le sens de ce grand événement qui a changé le cours de l’Histoire.

L’icône de la Nativité du Christ nous plonge aux sources de la fête liturgique de Noël. Riche de sens, elle rassemble des événements multiples décrits dans les récits de l’enfance des Évangiles de Matthieu (2,1-12) et de Luc (2,1-20). Ces événements se superposent, les personnages se croisent et se rencontrent autour de la personne centrale qu’est le Verbe fait chair.
Le prologue de saint Jean lie la venue en ce monde du Verbe avec la lumière. “Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie” (Jn 1,4-5). L’obscurité de la grotte au centre de l’icône contraste avec la lumineuse naissance de l’Enfant. Déjà le mystère de la Nativité renvoie à celui de Pâques. La grotte obscure symbolise la désespérance totale, les ténèbres desquelles le Christ nous libère par sa mort et sa résurrection. Les langes qui enveloppent l’Enfant sont des bandelettes de linceul et le berceau dans lequel il est couché est un tombeau. Sa naissance annonce déjà ce pourquoi il est venu parmi nous!
Marie occupe une grande place dans l’icône. Couchée sur un lit de type hamac, utilisé par les juifs de son temps lors de leur déplacement, elle est disproportionnée par rapport aux autres personnages. Elle a le dos tourné à Jésus et semble s’en désintéresser. Pourquoi? Parce que Marie médite en son cœur tous ces événements et envisage déjà le mystère de vie et de mort de son fils. Elle ne garde pas son enfant pour elle, mais l’offre pour la vie du monde. Elle l’a mis au monde pour le salut du genre humain, afin de révéler la grande gloire de Dieu. Sa joie est un dépassement de la fierté maternelle qui est un sentiment bien naturel mais encore trop humain. La dignité de la Mère de Dieu est encore soulignée par les broderies en or, et surtout par les étoiles disposées sur la tête et les épaules et qui signifient sa virginité avant, pendant et après la naissance de son fils divin.

Joseph, au bas de l’icône à gauche, est représenté dans une posture songeuse. Il médite également ce grand mystère et semble submergé par cette naissance qu’il n’avait pas envisagée. Le personnage en face de lui est énigmatique. Certains l’interprètent comme étant le diable déguisé en berger, venu le tenter au moment de son tourment. Seules les consignes de l’ange reçues dans un songe, lumière venue d’en-haut, l’éclaireront sur son rôle dans le dessein divin (Mt 1,18-25).
Les mages arrivent de loin guidés par l’Étoile. Ils sont en mouvement sur leurs chevaux, manteaux au vent. Ces riches savants venus de l’Orient portent la quête de l’humanité. Leur longue recherche de la lumière véritable les conduit vers cet Enfant nouveau-né devant lequel ils se prosternent.
Les anges, en-haut de l’icône, représentent deux groupes: les uns, adorateurs devant le Fils de Dieu devenu fils d’homme et les autres, annonciateurs. Sur « l’icône de Novgorod », un seul ange éveille les bergers dans la nuit pour les inviter à visiter Celui qui s’est fait pauvre comme eux et à se laisser envelopper de Sa Lumière.
Le rayon de lumière jaillissant du Ciel et se divisant en trois rayons, exprime la Présence du Père et de l’Esprit dans ce mystère de l’Incarnation. Le Dieu Trois fois Saint s’unit dans ce mouvement du Verbe qui devient partie intégrante de l’humanité.
Le bœuf et l’âne qui entourent Jésus dans la grotte sont le fruit des écrits apocryphes. Certaines interprétations y ont vu le peuple juif et le peuple païen.
La scène du bain, au bas de l’icône à droite, est d’origine culturelle. Deux femmes, l’une âgée tient le nouveau-né et l’autre plus jeune verse de l’eau dans le bassin. Cette scène met en relief l’humanité du Christ. Ayant pris notre nature humaine, il en a expérimenté les besoins inhérents.
En parcourant les scènes de l’Évangile à travers la contemplation de cette icône, nous entrons davantage dans le grand mystère de la venue de Jésus en notre humanité. Le Verbe est la Lumière véritable qui éclaire tout homme, nous dit l’évangéliste Jean (1, 9).
Les icônes de la tradition orientale de l’Eglise nous placent d’emblée dans l’atmosphère de la fête de Noël. Il y règne une telle paix, une telle harmonie ; tout est en fête, c’est-à-dire dans la joie. Les astres rayonnent dans les cieux, les rochers s’ouvrent pour accueillir leur Créateur, les animaux sont pacifiés, les bergers partagent leur joie avec les anges, les mages galopent joyeusement vers la découverte de la Vérité révélée par l’étoile. Tout baigne dans la lumière, une lumière d’un éclat tout particulier. Même s’il marque son icône des fruits de sa méditation et de sa contemplation, l’iconographe est très fidèle à l’esprit de l’Évangile
L’Orient transparaît dans l’ordre liturgique des célébrations : le Christ naît dans les ténèbres d’un monde incrédule symbolisée par la présence abondante de montagnes aux crêtes déchiquetées dans l’icône.
L’icône de la Nativité offre deux aspects : celle de l’essence même de la fête, autour de l’Incarnation réelle de Dieu et en quoi cet événement va bouleverser le monde créé.
L’Incarnation de Dieu donne à l’univers un sens nouveau qui est le but et la raison d’être de son existence : sa transfiguration à venir.
En cette fête de Noël, prenons le temps de méditer les racines profondes de l’espérance qu’apporte le Christ. En se faisant l’un de nous, en parcourant nos routes, en portant nos ténèbres pour les vaincre par sa mort et sa résurrection, il a manifesté pour toujours l’Amour infini et miséricordieux du Père éternel de qui tout vient et vers qui tout s’achemine.
Une telle espérance est source de lumière, de paix et de joie profondes! Comme le Fils de Dieu est venu parmi nous, de même le Fils de l’Homme, Jésus ne peut être enfermé dans les ténèbres d’une grotte. Il sera lumière de Pâques. Si le Christ est descendu du ciel jusqu’au creux de la terre et plus tard même jusqu’au fond de l’enfer, c’est pour que nous ressuscitions avec Lui ! Avec la fête de Noël, une grande joie nous envahit, comme les mages et les bergers ; rien ne peut nous retirer cette joie, car ” Dieu est avec nous ” ! ”

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