La Russie souffre de terrorisme

15-12-2011 09:05 AM

Abdel Massih Felli Michael Victor


La Russie, encore sous le choc du double attentat suicide de lundi dans le métro de Moscou, a été frappée mercredi par une nouvelle attaque qui a fait douze morts parmi les forces de l’ordre au Daguestan, république instable du Caucase et berceau d’une rébellion islamiste.  Alors que la capitale s’apprêtait à enterrer les premières victimes des attentats de lundi, deux explosions ont retenti devant le commissariat de la ville de Kizliar, au Daguestan, tuant douze personnes, selon le comité d’enquête du parquet.  La première explosion s’est produite à 08H40 (04H40 GMT) et a été provoquée par une voiture piégée qui a explosé dans la cour du bâtiment de la police, selon un communiqué du comité d’enquête du parquet.  Vingt minutes plus tard, un kamikaze déguisé en policier s’est fait exploser au même endroit, là où les enquêteurs étaient rassemblés pour examiner les circonstances de la première explosion, selon la même source.  Cette seconde explosion a tué plusieurs policiers “dont le chef de la police de Kizliar” Vitali Vedernikov, précise le comité.  
Rappelons que le 30 mars dernier avait été décrété jour de deuil national en Russie, au lendemain d’un double attentat suicide qui a fait 39 morts et 102 blessés dans le métro moscovite. Les attaques, perpétrées en pleine heure de pointe, ont été attribuées par les autorités à deux femmes kamikazes qui seraient liées à des groupes rebelles du Caucase russe. Le président Medvedev et le Premier ministre Poutine ont tous deux promis que “les terroristes seraient éliminés”. Certaines informations recueillies laissent à penser que les services secrets s’attendaient à un attentat imminent: le 29 mars, juste avant les attaques, ils auraient commencé à interpeller toutes les femmes d’apparence caucasienne qui tentaient de prendre le métro. A noter que nombre de dirigeants mondiaux parmi lesquels les Européens, les présidents américain Obama et chinois Hu Jintao, ont condamné les deux attentats lundi dans le métro de Moscou, et ont exprimé leur “solidarité” avec la Russie dans sa lutte contre le terrorisme. “Rien ne peut justifier de telles attaques contre des civils innocents”, a déclaré pour sa part le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen. De son côté. Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU, a exprimé sa confiance “dans la capacité de Moscou à traduire en justice les auteurs de cet odieux attentat terroriste”.  Groupes caucasiens  Les enquêteurs privilégient des pistes étrangères après le double attentat suicide de Moscou.  La municipalité a décrété une journée de deuil mardi dernier. Les attaques n’ont pas été revendiquées. Moscou évoque des groupes caucasiens du nord, voire des groupes basés entre Afghanistan et Pakistan. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, n’exclut pas une piste étrangère. “Nous tous savons très bien que des terroristes clandestins sont très actifs à la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan. Nous savons que plusieurs attentats y sont préparés, pour être perpétrés non seulement en Afghanistan, mais aussi dans d’autres pays. Parfois, ces itinéraires vont jusqu’au Caucase” russe. La première explosion a retenti dans la station Loubianka, à quelques centaines de mètres du Kremlin, à 7h57 locales, un lieu hautement symbolique, cette station desservant le siège du FSB (ex-KGB) de service secrèt. La deuxième explosion s’est produite à 8h36 sur la même ligne, à la station Park Koultoury, également dans le centre-ville. Le maire de Moscou ayant décrété une journée de deuil dans la capitale russe pour mardi, des habitants venaient déposer des fleurs dans les stations de métro Loubianka et Park Koultoury. De nombreux policiers circulaient dans les rames. L’échec sécuritaire La presse russe accusait le gouvernement du Premier ministre Vladimir Poutine de ne pas avoir réussi à prévenir ces attaques, attribuées par les autorités à deux femmes kamikazes liées à des groupes rebelles du Caucase du Nord. En réaction à ces attaques, l’homme fort du Kremlin a sommé mardi les forces de l’ordre de “curer les égouts” à la  recherche des organisateurs des attentats. “Les complices et les organisateurs se sont planqués et c’est une question d’honneur pour les forces de l’ordre que de curer les égouts et de les sortir à la lumière du jour”, a-t-il déclaré au cours d’une réunion consacrée à  la sécurité dans les transports, selon des images diffusées par la télévision  russe. Une veillée de prière de l’Eglise orthodoxe à la mémoire des victimes a eu lieu à la mi-journée à la cathédrale du Christ-Sauveur, le plus grand édifice religieux de la capitale. Réaction mondiale “Le peuple américain est solidaire du peuple russe pour s’opposer à l’extrémisme violent et aux attentats terroristes ignobles qui montrent un tel mépris de la vie humaine, et nous condamnons ces actes atroces”, a réagi le président Barack Obama dans un communiqué. Il a adressé ses “plus profondes condoléances” au peuple russe pour de “terribles blessures et pertes en vies humaines”, après ces attentats attribués par les autorités russes à des femmes kamikazes.  “Au nom+90000 de l’Otan, je condamne avec force les attaques terroristes survenues aujourd’hui à Moscou. Rien ne peut justifier de telles attaques contre des civils innocents”, a déclaré, de son côté, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen. Le président chinois, Hu Jintao, a également condamné les attentats dans un message au président Dmitri Medvedev et affirmé “soutenir les efforts de la Russie pour éliminer le terrorisme”.  Bruxelles et plusieurs capitales européennes ont également réprouvé le double attentat. La chef de la diplomatie de l’Union européenne, Catherine Ashton, “condamne l’attaque à Moscou” et “tient à exprimer la solidarité de l’UE aux autorités russes”. “L’UE se tient résolument aux côtés de la Russie pour contrer le terrorisme sous toutes ses formes”, a souligné le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Le gouvernement espagnol, qui assure la présidence tournante de l’UE, a exprimé sa “condamnation la plus énergique”, tout comme le président français Nicolas Sarkozy, en déplacement aux États-Unis, qui a assuré la Russie de “l’entière solidarité de la France face à cet acte lâche et ignoble”.   La chancelière allemande, Angela Merkel, a appris avec “consternation et horreur la nouvelle”. À Londres, le Premier ministre britannique, Gordon Brown, s’est dit “consterné par les images en provenance de Moscou”. Le Premier ministre tchèque, Jan Fischer, a dénoncé un “acte condamnable de haine”. La présidente de Lituanie, Dalia Grybauskaite, s’est dite “extrêmement choquée” et le ministre estonien des Affaires étrangères, Urmas Paet, a affirmé que rien ne pouvait justifier de tels actes. Le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a offert le “plein soutien” de l’assemblée parlementaire aux autorités russes dans leur enquête. 

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