WikiLeaks, cauchemar de Washington

15-12-2011 09:06 AM

Abdel Massih Felli


Julian Assange, fondateur du site WikiLeaks, a promis de publier en janvier des dizaines de milliers de documents internes d’une grande banque américaine, rapporte le magazine Forbes. Pour le moment, il refuse de donner le nom de l’établissement, mais dit s’attendre à ce que cette divulgation conduise à des enquêtes. Il a dit par ailleurs posséder des documents concernant de nombreux gouvernements, dont la Russie, et des entreprises, notamment pharmaceutiques.   Arrêt international  L’avocat de Julian Assange soutient que les autorités suédoises “persécutent” le fondateur de WikiLeaks. Me Mark Stephens a fait cette déclaration peu après qu’Interpol eut lancé un mandat d’arrêt international visant son client, à la demande de Stockholm. Julian Assange, un Australien de 39 ans, est recherché en Suède relativement à des allégations d’agression sexuelle. Les procureurs suédois ont déjà expliqué qu’ils réclament son arrestation pour pouvoir l’interroger, car il ne s’est pas rendu disponible à la justice. En fait, personne ne sait où se trouve Assange. L’homme ne se terre pas pour autant. Il continue notamment d’accorder des entrevues, comme celle diffusée mardi par l’édition en ligne du magazine américain Time. Cette notice, qui autorise la transmission à l’étranger de mandats d’arrêt émis par des autorités de police nationale, devrait rendre plus difficiles les déplacements internationaux du fondateur de WikiLeaks.  Jugés ridicules! Par ailleurs, la Maison Blanche a jugé mercredi “ridicule” la déclaration du fondateur du site WikiLeaks affirmant que la secrétaire d’Etat Hillary Clinton devrait démissionner s’il s’avérait qu’elle a ordonné à des diplomates américains de se livrer à des actes d’espionnage aux Nations unies. Dans une interview en ligne accordée au magazine “Time” depuis un lieu non précisé, Julian Assange a estimé que la chef de la diplomatie américaine devrait quitter ses fonctions “s’il peut être montré qu’elle est responsable d’avoir ordonné à des personnels diplomatiques américains de se livrer à l’espionnage aux Nations unies” en violation des traités internationaux. Le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, a jugé mercredi ces propos “ridicules et absurdes” lors d’un entretien à la chaîne NBC. Mme Clinton, a-t-il ajouté, n’a rien fait d’illégal et les diplomates américains ne pratiquent pas l’espionnage. Hillary Clinton “fait un travail formidable”, a également assuré Gibbs. Le président américain Barack Obama “a une grande confiance” dans son action.  Bank of America  La plus grande banque américaine, Bank of America (BofA), a perdu plus de 3 % mardi à la Bourse en raison de craintes de révélations compromettantes du site WikiLeaks. L’action de BofA a fini la séance de mardi en baisse de 3,18 % à 10,95 dollars. Dans un entretien publié lundi par le magazine Forbes, le cofondateur de WikiLeaks Julian Assange affirme qu’il publiera début 2011 des documents compromettants pour la direction d’une “grande banque américaine”, sans la nommer. Dans un communiqué, Bank of America a confirmé qu'”il y a un an, WikiLeaks avait affirmé détenir le disque dur d’un” de ses dirigeants. “A part ces affirmations elles-mêmes, nous n’avons aucune preuve de cela. Nous ne sommes au courant d’aucune nouvelle revendication par WikiLeaks liée particulièrement à Bank of America”, a ajouté la banque.  Pro-américain Nicolas Sarkozy, salué comme un “pro-américain” invétéré dans les câbles diplomatiques américains publiés par WikiLeaks, n’en est pas moins dépeint comme un président “hyperactif”, impulsif et autoritaire, que ses conseillers n’osent pas contredire. Les télégrammes de l’ambassadeur des Etats-Unis à Paris Charles Rivkin, s’ils se moquent parfois de la personnalité de Nicolas Sarkozy de façon peu diplomatique, soulignent toutefois qu’il est “ouvertement pro-américain” et le décrivent comme un partenaire crucial désireux de rompre avec les traditions pour innover. Dans le même temps, un mémo de décembre 2009 envoyé à la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton souligne son côté impulsif. Son impatience d’obtenir des résultats et son désir de prendre l’initiative, avec ou sans le soutien de partenaires internationaux et de ses propres conseillers, nous pose le défi de canaliser ses propositions impulsives dans des directions constructives dans l’optique de résultats à long terme”, écrit l’ambassadeur. Les conseillers du chef de l’Etat français évitent de le provoquer, et l’an dernier, ils auraient même fait modifier l’itinéraire de l’avion présidentiel pour éviter qu’il ne voie la tour Eiffel illuminée aux couleurs de la Turquie, rapporte le mémo, dans une allusion à l’opposition de Nicolas Sarkozy à l’entrée de ce pays dans l’Union européenne.  Alliance italo-américaine C’est avec une emphase inhabituelle qu’Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, a rendu hommage au chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, en marge du sommet de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) au Kazakhstan mercredi 1er décembre. “Les Etats-Unis accordent une grande valeur à notre relation avec le Premier ministre et avec l’Italie. Nous n’avons pas de meilleur ami” que lui, a lancé la secrétaire d’Etat, en présence de nombreux journalistes. “Personne ne soutient les politiques américaines avec autant de constance”, a-t-elle insisté. Ces déclarations élogieuses interviennent alors que Silvio Berlusconi a été sévèrement égratigné dans les documents diplomatiques américains, publiés par Wikileaks et les grands journaux internationaux, dont Le Monde. Certains mémos diplomatiques décrivent le dirigeant italien en fêtard invétéré, faible, “irresponsable, imbu de lui-même et inefficace en tant que dirigeant européen moderne”. Dans un autre câble, Berlusconi est également qualifié de “porte-parole en Europe” du Premier ministre russe, Vladimir Poutine.  Puissance de Wikileaks Selon The New Yorker, Wikileaks ne dispose pas de bureaux fixes. Julian Assange lui-même est un nomade. Il se déplace continuellement d’un pays à un autre. Ses sources? L’Australien se borne à assurer que ceux qui lui fournissent des documents le font de manière anonyme, par le biais de systèmes de cryptage, comme, selon 01net, le réseau mondial décentralisé de routeurs TOR.  Les principaux membres du site ne sont d’ailleurs connus que par des initiales. Difficile de savoir qui travaille avec Julian Assange. Un mystère destiné à se protéger, dit-il, d’adversaires redoutables. A ses débuts, le site se recommandait d’un “comité consultatif”, composé de personnalités issues de milieux variés – dont plusieurs dissidents chinois. La page a depuis disparu du site, probablement après la parution d’un article du magazine Mother Jones, très sceptique sur l’existence d’un tel comité.   Image du président américain  Les télégrammes diplomatiques obtenus par le site internet révèlent notamment que le ministre turc des Affaires étrangères est qualifié “d’exceptionnellement dangereux” par un informateur des diplomates américains en poste à Ankara qui les met en garde contre son influence islamiste sur le  Premier ministre turc, Tayyip Erdogan. C’est, surtout, l’image du président américain qui risque d’être sérieusement écornée. Le quotidien britannique “The Telegraph” se demande si la fuite des télégrammes ne va pas mettre à mal l’image de «Nice Guy» de Barack Obama.  Le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, soulignait que “le président était pour le moins mécontent quand il a été informé la semaine dernière de la publication prochaine de 250 000 notes diplomatiques américaines”. Le cauchemar des dirigeants américains risque de se prolonger. Vu la masse de documents annoncés, à raison de 230 documents par jour, il faudrait 1092 jours, soit 3 ans pour publier l’ensemble des informations   

(Visited 21 times, 1 visits today)

commentaires

commentaires