Les chrétiens du Liban étalent leur division au grand jour

15-12-2011 09:06 AM

Michael Victor



En visite officielle en France, le patriarche maronite d’Antioche et de tout l’Orient, Mar Nasrallah Boutros Sfeir, a fait part de son inquiétude quant à la division de la communauté chrétienne du Liban et à l’avenir des chrétiens d’Orient. Tout au long de son séjour parisien, il a martelé le même message de l’Élysée au Quai d’Orsay, en passant par le Sénat. Au Liban, où le communautarisme fait loi, le rôle du chef spirituel de la communauté maronite est autant religieux que politique. Et les prises de position de ce prélat de 90 ans donnent souvent une indication sur l’état des tensions dans le pays. Depuis le départ des troupes syriennes du pays du Cèdre, en avril 2005, pour lequel il avait ardemment milité, le patriarche Sfeir se concentre sur les divisions qui rongent les rangs de sa communauté.
En effet, les chrétiens, et surtout les maronites, sont scindés en deux camps, à l’image du Liban : celui de la majorité parlementaire (Alliance du 14-Mars) et celui des partisans du général Michel Aoun, allié du Hezbollah et du clan prosyrien (Alliance du 8-Mars). “L’Église maronite et les autres églises font leur possible pour ramener les gens à plus de compréhension. Mais la politique divise et toute division est un signe de faiblesse”, regrette le patriarche. Soulignant que les musulmans libanais sont tout aussi divisés entre sunnites et chiites, “mais sans en parler”, le prélat déplore que “les chrétiens étalent leur division au grand jour”.
Exode massif
L’autre source d’inquiétude du prélat est la situation “critique” des chrétiens d’Orient. Au début du mois de juin, le patriarche Sfeir avait accompagné le pape Benoît XVI lors de sa visite à Chypre. Le Saint-Père y avait dénoncé “la situation des chrétiens du Moyen-Orient qui souffrent pour leur foi”. Irrité par l’exode massif de cette population, le patriarche maronite abonde dans le même sens. “À partir des années 1970, plus d’un million de Libanais ont quitté le pays, et la plupart sont des chrétiens”, affirme-t-il. Cette migration “vers des pays lointains” qui touche aujourd’hui les chrétiens d’Irak et ceux des Territoires palestiniens s’explique, selon lui, par la persistance des tensions régionales et par la volonté de trouver du travail.
 

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