Le meurtre d’un Copte dans un train ravive les craintes de tensions

15-12-2011 09:06 AM

Abdel Massih Felli - Michael Victor



Un policier a tué un chrétien et blessé 5 autres personnes en ouvrant le feu dans un train dans la Haute d’Egypte. Un chrétien de 71 ans a été tué et 5 autres personnes blessées par un policier qui a ouvert le feu mardi à bord d’un train, dans le gouvernorat de Minia “ville de Samallout”,  à quelque 200 km du Caire. Le policier, qui n’était pas en uniforme, a été arrêté, selon les autorités sécuritaires. Selon une source médicale, tous les blessés sont des Coptes. Le tireur était interrogé pour connaître son mobile exact. Le climat religieux est des plus tendus en Egypte actuellement, surtout après l’attentat terroriste d’Alexandrie.


Dans ce contexte, des centaines de chrétiens ont manifesté en colère dans la ville de Samallout. Des témoins ont affirmé que certains manifestants ont tenté de prendre d’assaut l’hôpital et causant des dommages, les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes afin de faire face aux manifestants. De sa part, le Ministère de l’Intérieur a publié un bref communiqué de presse confirmant que le nom du criminel est Amer Ashour Abdel Zaher, représentant de la police et qu’il avait ouvert le feu sur un groupe chrétien de passagers du train 979, qui a abouti à la mort du citoyen, Fathi Said Obeid (71 ans) et la blessure de son épouse Emilie Hanna Tekle (61 ans) résidant au Caire. Et les blessés sont:  Synot Salomon (52 ans), Marianne Nabil Zaki (29 ans), Maggie Nabil Zaki (26 ans), Ehab Ashraf Kamal (26 ans). L’homme a été transporté dans un commissariat pour interrogatoire, alors que les victimes sont hospitalisées à l’hôpital du Bon Pasteur de Samallout. L’une des victimes, Marianne Nabil Zaki, âgée de 25 ans, est dans un état critique.


Protection des chrétiens d’Orient
Le Caire a rappelé pour consultations son ambassadeur, reprochant au pape Benoît XVI d’avoir réclamé la protection des chrétiens d’Orient après l’attentat contre l’église copte d’Alexandrie, des propos considérés comme une “ingérence inacceptable”. Ce geste de désapprobation fait suite à une déclaration du pape qui avait souligné l'”urgente nécessité” pour les gouvernements du Moyen-Orient d’adopter, “malgré les difficultés et les menaces, des mesures efficaces pour la protection des minorités religieuses”. Le pape Benoît XVI, qui présentait ses voeux au corps diplomatique, s’était aussi déclaré favorable à des démarches en vue d’une “réponse concertée de l’Union européenne afin que les chrétiens soient défendus au Moyen-Orient”.


Ahmed Abou Al-Gheit, le ministère égyptien des Affaires étrangères a rétorqué que “la question copte est spécifiquement une question intérieure égyptienne”. “L’Egypte ne permettra à aucune partie non égyptienne d’interférer dans ses affaires intérieures sous quelque prétexte que ce soit”, a ajouté le ministère dans un communiqué. Le Caire a indiqué que son chef de la diplomatie Ahmed Aboul Gheit était déjà intervenu ces derniers jours auprès du Vatican pour récuser “toute démarche” étrangère qui s’appuierait sur l’attentat d’Alexandrie pour “promouvoir ce qu’on appelle la protection des chrétiens du Moyen-Orient”. Le pape qui a condamné à plusieurs reprises l’attentat d’Alexandrie, avait déjà demandé le 1er janvier aux dirigeants du monde de défendre les chrétiens contre les abus et l’intolérance. Ces propos avaient dès le lendemain été qualifié “d’ingérence” par le grand imam de l’institution sunnite égyptienne d’Al-Azhar, Ahmed al-Tayyeb, ce que le Vatican avait récusé.


Le Vatican et l’Egypte
A noter que dans ces conditions, le Vatican a déclaré “partager pleinement” la volonté du gouvernement égyptien d'”éviter l’escalade” de tensions d’ordre religieux, après l’annonce par l’Egypte du rappel pour consultations de son ambassadeur auprès du Saint-Siège. Le Vatican “partage pleinement la préoccupation du gouvernement (égyptien) d’éviter l’escalade des accrochages et des tensions pour motifs religieux  et apprécie les efforts qu’il fait dans ce sens”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères du Saint-Siège, Mgr Dominique Mamberti, qui a reçu l’ambassadeur rappelé. Mgr Mamberti, cité dans un communiqué du Vatican, a également souligné que le Saint-Siège “partage l’émotion de tout le peuple égyptien, frappé par l’attentat d’Alexandrie”, qui a fait 21 morts dans la nuit du Nouvel An devant une église copte orthodoxe.
De son côté, l’ambassadeur, Mme Lamia Aly Mekhemar, qui se rendra au Caire pour des consultations au ministère des Affaires étrangères”, a fait part des préoccupations de son gouvernement en ce moment difficile, et a pu recevoir les informations et recueillir les éléments utiles pour établir un rapport adéquat sur les interventions récentes du Saint-Père, en particulier sur la liberté religieuse et sur la protection des chrétiens au Moyen-Orient.


Craintes de tensions
Le meurtre d’un Copte par un policier relance les craintes de tensions confessionnelles en Egypte, où les autorités assuraient cependant mercredi que les motifs de l’assassin n’étaient pas d’ordre religieux.
Ce meurtre alourdit un climat déjà tendu en Egypte, onze jours après un attentat meurtrier contre une église copte à Alexandrie, la deuxième ville du pays, qui a fait 21 morts. Les inquiétudes internationales suscitées par ces violences ont conduit Le Caire à rappeler pour consultations son ambassadeur au Vatican.
L’attentat d’Alexandrie n’a pas été revendiqué mais les autorités pointent du doigt des “mains étrangères”, en allusion à Al-Qaïda.
Mardi, un policier est monté à bord d’un train dans la localité de Samallout, à quelque 200 km au sud du Caire, et a ouvert le feu avec son arme de service, tuant un passager, Fathi Saïd Ebeid, 71 ans, et blessant cinq personnes, dont son épouse âgée de 61 ans, selon le ministère de l’Intérieur.
 Les obsèques ont eu lieu mercredi, en présence de quelque 300 proches. . Les membres de sa famille et ses amis se sont retrouvés à l’église Mari Yohanna à Zeitoun au Caire, aux abords de laquelle de nombreux policiers avaient été déployés.



L’évêque Anba Moussa, délégué par le Pape   Chenouda III pour présider la cérémonie funèbre, a déclaré que “le tué a rejoint les martyrs”tout en
assurant : “Notre message, c’est la patience face à la douleur”.
Le gouverneur de Minia, Ahmed Diaa Eddine, dont dépend Samallout, a estimé que “l’acte du policier était lié à son état mental et non pas à la religion des victimes”.
Il a affirmé que le policier, Amer Achour Abdel Zaher, 23 ans, “avait essayé de tirer sur deux musulmans qui tentaient de le maîtriser mais n’avait plus de munitions”.
Une version différente a toutefois été donnée par un religieux copte pour qui le meurtrier était bien à la recherche de chrétiens.
Se fondant sur les témoignages des blessés, tous coptes, le père Morcos, de l’évêché de Samallout, a assuré que le policier avait repéré un groupe comprenant des femmes ne portant pas le voile islamique. Comprenant qu’il s’agissait de Coptes, il a tiré sur eux en criant  Allah Akbar (Dieu est le plus grand)”, a-t-il dit.
Selon une source des services de sécurité, le policier aurait en revanche dit avoir agi dans un état de “frustration et de colère” parce qu’il avait besoin d’argent, et aurait nié avoir pris pour cibles des chrétiens.
Le parquet a décidé le maintien en détention du policier pour 15 jours pour meurtre avec préméditation.
Plusieurs blessés ont été transportés par avion spécial vers un hôpital du Caire, une décision exceptionnelle “qui a une dimension médicale, mais aussi politique et sécuritaire”, a reconnu le porte-parole du ministère de la Santé, Abdel Rahman Shaheen.


 


 

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