Christine Lagarde à la tête du FMI

15-12-2011 09:07 AM

Michael Victor




Sans surprise, la ministre française de l’Économie Christine Lagarde a été désignée mardi dernier  directrice générale du Fonds monétaire international, succédant à un autre Français, Dominique Strauss-Kahn, pour devenir la première femme à ce poste.
Le FMI, aux prises avec une profonde crise économique en Grèce, a annoncé dans un communiqué que son conseil d’administration avait choisi Mme Lagarde, 55 ans, pour un mandat de cinq ans qui doit commencer le 5 juillet.
Mme Lagarde avait un seul candidat face à elle, le gouverneur de la Banque du Mexique Agustin Carstens, 53 ans. Tous deux ont fait campagne dans le monde entier, avant de plaider leur cause devant les 24 membres du conseil d’administration.
Le FMI a précisé que son conseil d’administration était parvenu à cette décision «par consensus», sans plus de détail sur la répartition des soutiens aux deux candidats.
La désignation de Christine Lagarde à la tête du FMI est «une victoire pour la France» et «la présidence française se réjouit qu’une femme accède à cette importante responsabilité internationale», a affirmé l’Elysée à l’AFP.
Mme Lagarde a été félicitée par le président Nicolas Sarkozy après sa désignation comme directrice générale du FMI.
La Française a également été félicitée par le numéro un de l’institution soeur du FMI, le président de la Banque mondiale Robert Zoellick. «Partout où elle a travaillé, elle a eu une voix et une influence fortes. J’ai hâte de collaborer étroitement avec elle et avec le FMI sous sa direction», a-t-il déclaré dans un communiqué.
Christine Lagarde, a affirmé à la presse qu’au FMI, elle voulait “faire ce qu’on peut faire de mieux dans des circonstances très difficiles”, mercredi après son dernier conseil des ministres.
Les défis qui l’attendent
Risques de défaut de paiement de la Grèce, conséquences du «printemps arabe» et guerre des taux de changes : la nouvelle patronne du Fonds monétaire international aura fort à faire pour remettre de l’ordre dans une institution qui doit désormais faire de la place aux émergents.
Crise de la dette grecque
Premier dossier urgent, la dette de la Grèce. Malgré un plan de soutien de 110 milliards d’euros qui devrait s’accompagner d’un autre sauvetage du même montant, le pays n’arrive pas à sortir de la crise. Le nouveau directeur général devra prouver aux États membres que le pays peut se redresser de la crise économique et budgétaire où il s’est enfoncé. La principale tâche du FMI sera de prévenir les difficultés de l’Espagne et de l’Italie par des plans d’austérité. Certes, l’Espagne est plus crédible que la Grèce. La marge de manœuvre du FMI sera donc plus importante.
Conséquences du «printemps arabe»
L’autre dossier phare qui attend le nouveau directeur est le suivi des révoltes dans le monde arabe. Les États membres du FMI lui ont demandé de prêter une «attention particulière» aux répercussions économiques de ces révolutions. . Parmi ces pays arabes, l’Égypte. Après avoir demandé au début du mois de juin au FMI un prêt de trois à quatre milliards d’euros, le pays a finalement renoncé à cette aide internationale. Le gouvernement ne peut pas ‘vendre’ cinq années de rigueur alors que le pays vit en plein rêve après avoir ‘gagné’ sa révolution. Le FMI doit donc adopter un discours plus tourné vers l’investissement et moins vers la rigueur. Avec la Banque mondiale, le Fonds doit ainsi coordonner l’aide financière internationale pour l’Egypte, la Tunisie et d’autres pays éventuels. Le pays pourrait avoir besoin d’environ 10 à 12 milliards de dollars d’ici à juin 2012.
Résoudre la « guerre des taux de change »
Le FMI doit réviser à l’automne le cadre de sa surveillance des taux de change, qui ne satisfait pas grand monde. Le nouveau directeur général devra trouver des compromis difficiles entre la Chine, qui souhaite mener sa politique de change comme elle l’entend, et ceux qui souhaitent que le Fonds sévisse contre un grand État membre ayant une monnaie nettement sous-évaluée.
Tenir ses promesses à la Chine
Si Christine Lagarde a été nommée patronne du Fonds monétaire international, elle le doit en effet en grande partie à la Chine, qui a officialisé lundi son soutien à la future ex-ministre des Finances. Jusque-là, le pays s’était toujours refusé à s’exprimer publiquement sur le sujet. Alors que les pays émergents briguaient le poste, arguant qu’il leur avait été promis lors de la nomination de Dominique Strauss-Kahn en 2007, ils se sont finalement résignés à céder la place à un Européen pour mieux gérer la crise de la dette dans la zone euro. Non sans avoir sans doute négocié une contrepartie. Il n’est pas sûr que l’Europe et les États-Unis voient cet accord d’un très bon œil. Christine Lagarde a une grande culture du consensus et sait coordonner les zones économiques entre elles. Elle a certes un profil européen mais est aussi très ouverte sur le monde anglo-saxon.


 



 

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