Le Musée Gayer Anderson célèbre ses 80 ans

01-08-2023 06:20 AM


Le responsable du secteur des musées, Moamen Othman, a inauguré l’exposition archéologique archivaire temporaire “Hôte d’Anderson”, à l’occasion du 80e anniversaire de l’ouverture du Musée Gayer Anderson. Elle se poursuivra jusqu’au jeudi 27 juillet 2023. L’exposition comprend une collection d’effets personnels de Gayer Anderson, y compris ses instruments chirurgicaux et d’écriture, et une collection de ses photographies personnelles et celles de sa famille. Elle comprend également un ensemble de correspondances entre Anderson et la maison Al-Kritliya, y compris la correspondance entre Gayer Anderson et le gouvernement égyptien pour obtenir la maison, et les propositions de Gayer pour convertir la maison en musée. Occasion de découvrir l’histoire de ce musée cosmopolite.

Au sein du fameux quartier de Sayéda Zeinab, au Caire, juste à côté de la mosquée d’Ahmad Ibn Touloun, se dresse majestueusement le Musée Gayer Anderson, connu aussi sous le nom de Beit Al-Kritliya (la maison de la Crétoise). Si le musée fête cette année ses 80 ans d’existence, la date de construction de ses bâtiments est beaucoup plus ancienne. En effet, le musée est composé de deux maisons remontant à l’époque ottomane et ayant appartenu à plusieurs propriétaires.
La première maison a été bâtie en 1540 par Mohamad Ibn Salem Al-Gazzar, alors que la deuxième a été érigée 91 ans plus tard, soit en 1631, par Abdel-Qader Al-Haddad. Cette maison a été vendue à plusieurs reprises et sa dernière propriétaire était une dame crétoise, d’où le nom du bâtiment. L’architecture des deux maisons est faite dans le style arabe avec une entrée « cassée » pour garantir l’intimité et éviter les regards des visiteurs. L’entrée donne accès à un couloir tournant qui mène à la cour de la maison agrémentée de jarres d’eau et de petits bassins qui servent d’abreuvoirs pour les volailles et les bovins. Plusieurs pièces sont rattachées à la cour et servent de dépôts pour stocker les provisions. Ensuite, il y a les salles d’accueil et de festivités consacrées aux hommes (salamlek) et le harem, consacré aux femmes de la maison. Enfin se trouvent les pièces de service comme la chambre à coucher. Chacune des deux maisons se caractérise par ses motifs décoratifs. La première maison, construite au début du régime ottoman, a gardé le style décoratif mamelouk avec ses couleurs, sa calligraphie et ses motifs géométriques et botaniques. Quant à la deuxième maison, construite près d’un siècle plus tard, ses motifs ornementaux sont purement ottomans.
La région qui entoure la mosquée d’Ahmad Ibn Touloun était occupée par un nombre considérable de maisons jusqu’aux premières années du XXe siècle. Mais en 1920, l’Organisme des monuments arabes lance un projet d’élargissement de la mosquée d’Ibn Touloun. Toutes les maisons dans les alentours de la mosquée ont donc été démolies sauf celle de Mohamad Ibn Salem Al-Gazzar et celle de la Crétoise. Ces maisons étant en bon état et renfermant des éléments architecturaux mamelouks et ottomans, les responsables de l’Organisme des monuments arabes les ont restaurées et les ont reliées par un pont pour en faire une seule maison.
A noter que Gayer Anderson Pacha rejoint le Corps médical de l’Armée Royale en 1904 et est, plus tard, transféré dans l’ Armée égyptienne en 1907. Il est par la suite promu major en 1914. Dans la même année, il devient adjudant général adjoint pour le recrutement dans l’Armée égyptienne. En 1919, il quitte l’armée pour d’abord prendre le poste d’inspecteur au Ministère de l’Intérieur égyptien, puis en 1924. Il devient le secrétaire oriental de l’ambassade britannique au Caire. Il prend sa retraite en 1924 mais continue de vivre en Égypte, tout en développant son intérêt pour l’égyptologie et les études orientales.
Il a acheté les deux maisons au gouvernement égyptien et les a restaurées. Passionné par les monuments, notamment égyptiens, il y expose sa collection achetée lors de ses multiples voyages et demande au gouvernement de transformer les deux maisons en musée qui portera son nom après sa mort. Il s’éteint en 1943, date de l’ouverture du Musée. Ses salles sont réparties en deux catégories : le salamlek et le harem. Elles comprennent un mobilier de style arabe. Le deuxième type de salles présente des pièces de différentes civilisations : chinoise, turque, perse, hindoue, anglaise, dammarienne et byzantine. Parmi les chefs-d’œuvre du musée, on distingue le trône du khédive Ismaïl, présenté dans la salle turque, dont le dos est coiffé de la couronne de la famille alide. Cette même salle expose aussi l’un des plus anciens portraits de Mohamad Ali, fondateur de la famille alide, datant de 1820.
Gayer Anderson a collectionné de nombreux objets islamiques et pharaoniques. Il a également dépensé une partie importante de ses revenus dans des meubles d’inspiration islamique. Gayer Anderson a décoré les chambres dans une variété de styles orientaux et les a remplies d’objets de ses voyages. En plus des objets d’Iran et de Turquie, il possède également des objets égyptiens (anciens et historiques), ainsi qu’une collection de peintures et de dessins réalisés par des artistes du XXe siècle.
Il y a 29 salles dans le musée, qui ont toutes une vue sur la cour et la fontaine de la maison, qui était autrefois liée à un mythe romantique selon lequel, les soirs de pleine lune, un homme peut voir le reflet du visage de sa bien-aimée dans son eau. Le Salamlek, le lieu de rassemblement des hommes, ressemblait à une maison d’hôtes. Le Haramlek était la section des dames de la maison, où aucun homme n’est autorisé. Il existe d’autres salles représentant de nombreuses civilisations, dont les plus connues sont les salles indienne, chinoise et de Damas.
La salle principale du musée est la salle de réception, qui se compose de tables en marbre décorées de peintures de fruits, de fleurs et de boissons. Il y a aussi une autre salle de réception sans plafond et comprenant des récipients en cuivre datant des XIVe et XVIIe siècles, en plus d’une grande salle soutenue par quatre colonnes qui était réservée aux femmes.
Le musée présente une collection de peintures distinctives, merveilleuses et uniques d’artistes égyptiens et internationaux, dont Mohamed Naji, Mahmoud Saïd et Amy Nemr. Mohamed Ali Tawfiq a dessiné une image mémorable dans le musée en 1936. De plus, des peintures de Sperling et Thomas Gayer Anderson sont présentées.
L’édifice possède une section unique avec de nombreuses antiquités pharaoniques, comme le masque de la reine Néfertiti et des statues anciennes comme le chat pharaonique, ainsi qu’un salon avec de nombreuses peintures rares et un pavillon des antiquités indiennes avec des outils pour le yoga afin que les visiteurs puissent vivre une expérience mentale calme.
Le musée abrite un puzzle de salles décorées à thème : la salle perse a un carrelage exquis, la salle Damas a de la laque et de l’or, tandis que dans d’autres parties du musée se trouvent des poutres au plafond décorées et des alcôves recouvertes de tapis. Le Musée Gayer Anderson est ainsi riche non seulement par son architecture, mais aussi par ses trésors.

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