Décès de Jeanne Moreau, une des plus grandes artistes du siècle

05-08-2017 10:21 AM


Décès de Jeanne Moreau, une des plus grandes artistes du siècle

Jeanne Moreau est morte à Paris à l’âge de 89 ans. Avec sa disparition, le cinéma français perd l’une de ses plus grandes ambassadrices, une icône du 7e art qui a fasciné les plus grands réalisateurs en plus de 60 ans de carrière. Cette femme belle, intelligente, séduisante, avec une voix et une personnalité hors du commun a été emportée trop tôt par le tourbillon de la vie.
La grande comédienne à la beauté sensuelle et à l’inimitable voix grave a été retrouvée morte lundi matin dans son appartement parisien.
Née le 23 janvier 1928 à Paris, d’un père restaurateur et d’une mère anglaise, danseuse, l’inoubliable interprète de la chanson “Le Tourbillon de la vie” dans “Jules et Jim” (1962) a tourné dans plus de 130 films parmi lesquels on compte bien entendu « Ascenseur pour l’échafaud » – qui propulsera sa carrière – et « Les Amants » de Louis Malle (1958), « Éva » de Joseph Losev (1962), « La Mariée était en noir » de François Truffaut (1968), « La Vieille qui marchait dans la mer », de Laurent Heynemann (1991), et plus récemment « Une Estonienne à Paris », Ilmar Raag, 2012.
L’actrice qui a fasciné Welles (“Une histoire immortelle”), Buñuel (“Journal d’une femme de chambre”), Antonioni (“La notte”) ou Losey (“Eva”), avait reçu en 1992 le César de la meilleure actrice pour “La vieille qui marchait dans la mer”.
Jeanne Moreau, qui a fait ses classes à la Comédie française à 19 ans, laisse l’empreinte d’une actrice éclectique. Femme de plusieurs amours – Louis Malle, Pierre Cardin – et de deux mariages éphémères, elle renvoyait l’image d’une grande séductrice.
Lauréate du prix d’interprétation féminine 1960 à Cannes (pour Moderato Cantabile), Jeanne Moreau fut aussi la seule comédienne à avoir présidé deux fois le jury sur la Croisette, en 1975, puis en 1995 où on la vit chanter aux côtés de Vanessa Paradis.
Elle a reçu deux Césars d’honneur (1995, 2008) ainsi qu’un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière (1998). Enfin, elle a été la première femme élue à l’Académie des beaux-arts de l’Institut de France (2000).
La ministre de la Culture Françoise Nyssen a fait part de son “émotion, à la hauteur du talent et héritage de Jeanne Moreau : immense”. “Elle s’éteint, mais la voix, le génie, la vision de l’artiste demeurent”, a-t-elle tweeté.
“Il est des personnalités qui à elles seules semblent résumer leur art. Jeanne Moreau fut de celles-ci. Avec elle disparaît une artiste qui incarnait le cinéma dans sa complexité, sa mémoire, son exigence”, a souligné le président Emmanuel Macron dans un communiqué.
“Il y a tout juste 70 ans, elle se préparait pour le tout premier Festival d’Avignon”, où elle a joué de petits rôles dans les trois pièces montées par Jean Vilar, a rappelé pour sa part sa famille dans un communiqué.
Au théâtre, la comédienne a donné vie aux textes de Jean Cocteau, Frank Wedekind ou encore Heiner Müller, sous la direction des plus grands metteurs en scène (Brook, Vitez, Régy, Grüber).
Elle restera associée à plusieurs scènes mythiques du 7e Art, celles de “Jules et Jim” mais aussi la fin tragique d’une ex-détenue dans “Les Valseuses” ou ce “French cancan” aux côtés de Brigitte Bardot dans “Viva Maria”.”Notre collaboration dans “Viva Maria”, de Louis Malle, nous a mises en compétition mais aussi en complémentarité. C’est un beau souvenir que je garde d’elle à jamais”, a déclaré BB.
“Pour moi, Jeanne Moreau, c’était la gaité”, a pour sa part dit Jean-Paul Belmondo, qui a tourné avec elle dans “Moderato Cantabile” qui a valu à l’actrice le prix d’interprétation à Cannes, en 1960. “Elle aimait beaucoup faire des farces et, évidemment, avec moi l’entente était parfaite”, a ajouté l’acteur.
“La France, comme nous tous, a perdu un trésor national. Mais son esprit vivra à jamais. Au revoir Jeanne” s’est ému sur Twitter son second ex-mari, le réalisateur de “French Connection” William Friedkin.
“Un visage d’une beauté tellement forte, tellement… expressive. Dès ses premiers petits rôles” a réagi sur Twitter Pierre Lescure, président du Festival de Cannes.
“Jeanne Moreau, c’est l’art, la culture, la beauté, le chic, l’esprit français”, souligne l’ex-président du Festival Gilles Jacob dans une tribune au Huffington Post.
“Je suis profondément bouleversé. C’est quelqu’un que j’aimais beaucoup” a déclaré sur M6 Alain Delon, qui avait tourné avec elle dans “L’homme pressé” et “Monsieur Klein”.
Le chanteur Etienne Daho, qui a travaillé en 2011 avec la comédienne pour sa dernière apparition à Avignon, dans “Le condamné à mort” de Genet, a publié sur sa page Facebook un simple “Jeanne” accompagnant une photo d’elle en noir et blanc.
Les chaînes lui ont rendu hommage : Arte diffusait lundi soir “Journal d’une femme de Chambre” puis “Jules et Jim”, alors que France Télévisions a attendu mardi soir avec “Ascenseur pour l’échafaud” (France 5) et “Viva Maria” (France 2). Paris Première (M6) a diffusé mardi une série d’entretiens: “Petites confidences entre amis”.
Mais c’est certainement les Unes des tabloïdes du monde entier qui résument parfaitement ce que son décès représente comme perte pour le monde de la culture. De New York à Tokyo, de Beyrouth à Berlin, les journaux du monde entier ont rendu hommage à l’illustre actrice, saluant son talent et faisant les éloges de sa personnalité.
Des hommages mérités pour une femme dont la voix continuera à raisonner et dont le visage restera d’une façon ou d’une autre à l’écran et dans nos cœurs.

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