Après les attentats, une contagion émotionnelle via les réseaux sociaux

02-06-2017 11:54 AM


Après les attentats, une contagion émotionnelle via les réseaux sociaux

Twitter, Facebook, Instagram… Lors d’actes de terrorisme, ils sont désormais incontournables, pour le meilleur et pour le pire. Après Londres, Berlin, Nice, ou Bruxelles, la tuerie de Manchester a fortement impliqué les réseaux sociaux. Ainsi, moins de 24 heures après le drame, le hashtag #PrayForManchester avait déjà été utilisé plus de 60.000 fois sur Twitter. Mais, qu’en est-il de cette surconsommation de nouveaux médias ?The Conversation
Dans les jours et les semaines qui suivirent les attentats du 11 septembre 2001, les télévisions du monde entier ont relayé les images des tours jumelles percutées par des avions de ligne, ainsi que celles des nombreuses victimes de ces attentats de masse. Ce flot d’images a alors posé de façon prégnante la question des psycho-traumatismes qu’elles ont pu induire. En effet, du point de vue de la psychopathologie, le premier élément qui permet de caractériser un psycho-traumatisme est constitué par la confrontation, directe ou indirecte, à un événement qui met en jeu la vie, ou l’intégrité physique, de la personne ou d’une personne proche. C’est cet événement qui deviendra éventuellement le trauma, dont le souvenir est au cœur de l’ensemble des symptômes de la pathologie psychotraumatique.
La nature traumatique des images, mais aussi de la relation aux victimes font largement débat. Même si l’on estime que la proximité à la victime est un facteur de risque important, il n’existe pas à ce jour de critère clairement défini de cette proximité. De même, jusqu’en 2013, c’est-à-dire jusqu’à la parution de la nouvelle version du manuel diagnostic de l’association américaine de Psychiatrie (le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 5e édition, DSM 5), il n’existait pas d’indication de ce que peut être une confrontation indirecte à un événement potentiellement traumatisant.
Les individus parfois très éloignés des lieux des attentats ont pu développer des symptômes de stress post-traumatique après avoir vu (souvent de façon très répétée) les images du 11 septembre. Il a même été observé un accroissement de ces symptômes jusque chez les personnes âgées aux Pays-Bas. Malgré ces arguments, le groupe d’experts à l’origine de la révision des critères du DSM a estimé que les données recueillies n’étaient pas suffisamment probantes pour que les images puissent constituer en soi un déterminent de l’état de stress post-traumatique (à l’exception des images potentiellement traumatisantes vues par des policiers, agents de surveillance, etc. dans le cadre de leur activité professionnelle).
Depuis 2001, la consommation médiatique a largement évolué, notamment chez les plus jeunes. Les récents attentats survenus en Europe (le 11 mars 2004 dans un train à Madrid, le 7 juillet 2005 dans le métro de Londres, le 22 juillet 2011 à Oslo et sur l’île d’Utoya, puis encore le 14 juillet 2016 sur la Promenade des Anglais à Nice et le 22 mai 2017 à Manchester) posent désormais la question de la recherche et du partage d’informations sur Internet. Il semble d’ores et déjà avéré que les réseaux sociaux favorisent le développement de l’anxiété dans les situations de crise, en raison d’un processus de contagion émotionnelle, c’est-à-dire d’un transfert à d’autres individus de son propre état émotionnel. Ce processus pourrait être lié à la manière dont les individus régulent leurs émotions. Cette manière de s’adapter est en effet associée aux influences sociales, cel

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