Regard rétrospectif sur la situation internationale en 2009

15-12-2011 09:05 AM


L’année 2009 s’achève. En examinant l’évolution de la situation internationale au cours de cette année, je trouve que le trait le plus marquant en est l’apparition balbutiante d’un nouvel échiquier international.
L’échiquier international désigne une situation relativement stable des relations internationales, qui doit se prolonger assez longtemps. Comment envisager les signes annonciateurs du nouvel échiquier international ? Il faut distinguer, premièrement, les pays qui se trouvent au centre de la scène internationale ; deuxièmement, dans quelles régions se trouve le centre de gravité des relations internationales ; et troisièmement, quels sont les pays qui voient leur statut décliner. Si nous observons la situation mondiale de l’année qui vient de s’écouler selon les trois critères susmentionnés, nous pourrons nous rendre compte que 2009 pourrait voir se profiler un nouveau contexte international.
La paix et le développement sont les deux thèmes majeurs de notre planète. En 2009, suite à une grave récession économique, les problèmes économiques et financiers revêtent une importance primordiale. Toute l’attention a été concentrée sur les sommets du G20 qui ont eu lieu à Londres et à Pittsburgh, respectivement le 2 avril et le 24 septembre. L’opinion internationale a fait le constat qu’avant ces sommets, les États-Unis et la Chine se sont fréquemment consultés et que leurs avis ont servi de base aux accords conclus par les sommets du G20.
Armes de destruction
La prolifération d’armes de destruction massive fait peser une menace sur la paix mondiale. Le 25 mai, la Corée du Nord a procédé à un deuxième essai nucléaire souterrain, et a suscité une opposition véhémente de la communauté internationale. Le 12 juin, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à l’unanimité la résolution 1874, condamnant le plus sévèrement la Corée et lui infligeant des sanctions. L’opinion internationale a également constaté que Washington et Beijing avaient joué un rôle essentiel dans la rédaction de la résolution.
Le sommet de Copenhague sur le changement climatique, qui a lieu du 7 au 18 décembre, sera probablement la plus importante conférence multilatérale de notre siècle. Les États-Unis et la Chine ont également procédé à de multiples échanges de vues. Nous pouvons imaginer l’impact qu’exercera le consensus de ces deux pays sur les résultats de cette conférence.
Rôle pivot de la Chine
Après la guerre de l’Opium en 1840, la Chine a été marginalisée sur la scène internationale. Le peuple chinois a lutté durant un siècle pour son indépendance et sa libération. Après la fondation de la République populaire de Chine en 1949, le pays s’est engagé sur la voie du redressement. Durant ces 60 dernières années, la Chine est progressivement passée de la marge au centre de la scène internationale. Tel est le constat que l’on peut tirer des commentaires de l’opinion internationale. Cet état de fait est apparu beaucoup plus vite que nous aurions pu nous l’imaginer. Le centre de gravité des relations internationales se déplace de l’Atlantique au Pacifique. Il s’agit probablement du plus important changement survenu dans les relations internationales depuis quatre siècles. Bien que ce transfert s’effectue sur le long terme, 2009 montre que la zone Asie-Pacifique est déjà devenue une zone de poids sur le nouvel échiquier mondial. Ce fait revêt une importance capitale, car le centre du monde s’est, par le passé, toujours trouvé en Europe et en Amérique, laissant ainsi la zone Asie-Pacifique longtemps en marge. Les choses ont aujourd’hui changé, et l’Asie-Pacifique gagne en importance à l’échelle mondiale.
Effondrement du mur de Berlin
L’opinion internationale a remarqué le fait suivant : les affaires européennes ont toujours représenté une importance primordiale pour les Américains. Le 9 novembre dernier marquait le 20e anniversaire de l’effondrement du mur de Berlin. Les Européens voulaient bien entendu célébrer ce grand événement, témoin de l’extension réalisée 15 ans après par l’UE en portant le nombre de leurs membres de 15 à 27. Ils souhaitaient ardemment la présence de Barack Obama aux célébrations, mais le président américain n’a pas fait le déplacement, préférant envoyer sa secrétaire d’État Hillary Clinton, tandis qu’il effectuait lui-même plusieurs visites d’État en Asie du 13 au 19 novembre. Cette façon d’agir a fortement froissé les Européens qui se sont sentis un peu délaissés.
Centre de gravité Auparavant, l’Europe était, avec les États-Unis, au centre du monde. Au cours des derniers siècles, l’Occident occupait une place dominante, et l’importance de l’Europe était indubitable. Mais, suite au déplacement du centre de gravité des relations internationales de l’Atlantique au Pacifique, l’Europe perd de son influence. C’est la raison fondamentale pour laquelle les Européens se sentent aujourd’hui frustrés. Ils reconnaissent eux-mêmes que l’UE, formée de 27 pays, n’a pas de politique étrangère commune ni de politique de défense commune. Par conséquent, elle ne peut pas jouer son rôle dans les relations internationales en tant qu’acteur homogène. Elle est consciente de cette faiblesse. Après l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, Herman Van Rompuy a été élu président du Conseil européen, et Catherine Ashton, haut représentant de la politique étrangère et de la politique de sécurité de l’UE. Mais ce ne sont pas deux personnalités de poids en Europe. Quel rôle pourront-ils jouer ? Cela reste à voir. Toutefois, l’UE reste la plus grande entité économique au monde et son PIB était de 18 000 milliards de dollars en 2008, comparativement au total mondial de 61 000 milliards. L’UE reste une importante force dans les relations internationales, et la baisse de son influence est relative.
La Chine est d’emblée au centre de la scène internationale. À vrai dire, nous n’y sommes pas préparés mentalement. C’est pourquoi les Chinois doivent passer davantage de temps à réfléchir aux questions suivantes : de quoi devons-nous nous garder ? Que devons-nous faire ? En quoi devons-nous être vigilants? Paix mondiale
À quoi devons-nous prêter attention quand nous sommes au centre du monde ? À mon avis, nous devons particulièrement tenir compte de manière planifiée des situations générales internationales et nationales. Cette idée a pour la première fois été avancée en août 2006 par le président Hu Jintao, lors de la conférence des autorités centrales sur les affaires étrangères. Ses directives sont opportunes. Tout comme il l’a expliqué dans le rapport qu’il a présenté durant le XVIIe congrès du Parti communiste chinois : « À notre époque, les relations entre la Chine et le monde ont connu un changement historique : l’avenir et le destin de la Chine se lient de plus en plus étroitement à ceux du monde ». « La Chine ne peut assurer son développement sans le monde, tout comme celui-ci ne peut maintenir sa prospérité et sa stabilité sans la Chine ». Un monde avançant vers un nouvel échiquier international connaîtra mieux l’équité, l’égalité, la prospérité et le progrès. Voilà l’espoir de la Chine et aussi celui du monde entier.
Par: Wu Jianmin, président du Conseil d’administration du Centre d’études internationales de Shanghai et professeur à l’Institut de diplomatie de Chine.

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