L’Égypte revalorise le monastère Sainte-Catherine du Sinaï

01-08-2020 10:36 AM


Le président Abdel Fattah al-Sissi a lancé plusieurs projets de développement visant à favoriser l’afflux de pèlerins au monastère grec orthodoxe de Sainte Catherine dans le sud du Sinaï. Aussi appelé monastère de la Transfiguration, il est considéré comme l’un des plus antiques complexes monastiques chrétiens du monde.

C’est le 12 juillet dernier, au cours d’une réunion consacrée au lancement de projets d’urbanisme et d’infrastructures de grande importance que le président Abdel Fattah al-Sissi a demandé au gouvernement d’accélérer le programme de développement déjà mis en place autour de la ville hôtelière de Sainte-Catherine à proximité du monastère.

L’objectif est de «valoriser et de rendre plus accessible le patrimoine historique et spirituel» concentré dans le sud du Sinaï.

Mgr Damianos, l’archevêque grec orthodoxe du Mont Sinaï, a ainsi dans la foulée remercié les autorités pour «cette attention et les ressources investies», afin de faciliter l’afflux de pèlerins.

Dans ce contexte, le Premier ministre,a effectué une tournée d’inspection dans la région. Au cours de cette tournée, Madbouli a déclaré que le gouvernement est intéressé au développement de l’aéroport afin d’augmenter le tourisme dans la région pittoresque.

L’objectif est d’augmenter l’efficacité du fonctionnement de l’aéroport, de doubler sa superficie totale, de le préparer à recevoir des avions de nuit, d’établir un hall d’arrivée et de départ intégré et de couvrir sa piste d’atterrissage de caméras.

En outre, des projets agricoles intégrés offrent des possibilités d’emploi aux résidents et augmentent leur capacité à créer de petites entreprises qui s’intègrent à l’agriculture, comme l’emballage et la commercialisation.

La Vallée sacrée devra devenir un point de rassemblement pour les visiteurs d’une nuit. et les loisirs. Ce programme de développement à l’étude de la part du gouvernement égyptien prévoit entre autres d’organiser des pèlerinages avec des vols directs provenant essentiellement de Grèce et de Chypre, garantissant aux touristes et aux pèlerins la possibilité d’arriver au monastère en toute sécurité.

Situé à 500 km à l’est du Caire, le monastère Sainte-Catherine perché à 1 570 m d’altitude sur les pentes du mont Horeb, accueille actuellement une vingtaine de moines grecs orthodoxes et jouit d’un statut d’autocéphalie (du grec autoképhalos, «qui est sa propre tête»).

Considéré comme le monastère chrétien le plus antique encore en activité, il a été déclaré au patrimoine de l’humanité de l’Unesco en 2002 du fait de son architecture byzantine, de sa précieuse collection d’icônes et des manuscrits antiques qu’il renferme.

En effet, après la Bibliothèque apostolique vaticane, le monastère renferme la seconde plus grande collection de manuscrits anciens au monde.

C’est en l’an 337 que l’impératrice byzantine Hélène, mère de l’empereur Constantin Ier de Constantinople, fit construire une chapelle sur le site du Buisson ardent de Moïse. Elle la dédia à la Vierge Marie. Ainsi naquit le monastère.

Le monastère orthodoxe de Sainte-Catherine est situé au pied du mont Horeb où, dans l’Ancien Testament, Moïse a reçu les Tables de la Loi. La montagne est également connue et révérée par les musulmans qui l’appellent djebel Moussa. La zone tout entière est sacrée pour trois grandes religions répandues dans le monde entier : christianisme, islam et judaïsme. Le monastère, fondé au VIe siècle, est le plus ancien monastère chrétien ayant conservé sa fonction initiale. Ses murs et ses bâtiments sont très importants pour l’étude de l’architecture byzantine. Le paysage montagneux et sauvage qui l’entoure comprend de nombreux sites et monuments archéologiques et religieux, et forme un décor parfait autour du monastère.

Son inscription au patrimoine mondial est justifiée par l’architecture du monastère, les trésors artistiques qu’il abrite, et son intégration au sein d’un paysage sauvage qui en font un exemple exceptionnel du génie créatif humain.

Parmi ses trésors, le monastère abrite deux reliques de Sainte-Catherine : sa tête et sa main gauche. Elles sont conservées dans la basilique, dans un reliquaire de marbre.

Le monastère renferme aussi plus de 2 000 icônes qui datent du VIe au XVIIIe siècle, qui illustre presque toutes les écoles byzantines d’iconographie du XVIe au XVIIIe siècle. Elles ont été peintes sur place ou offertes par des pèlerins.

C’est le seul sanctuaire de nos jours qui possède une quarantaine d’icônes ou de fragments d’icônes, peintes à la cire chaude, datant de l’époque pré-iconoclaste ou iconoclaste.

Toutes les icônes du monastère ont échappé à l’iconoclasme qui débuta avec Léon III l’Isaurien, en 726, et se termina grâce à l’impératrice Théodora et à son édit du 11 mars 843 (date fétée par l’Eglise d’Orient comme étant le triomphe de l’orthodoxie).

La bibliothèque du monastère possède la plus riche collections de manuscrits anciens, d’enluminures et de codex (avec celle du Vatican) du monde, par la rareté et l’ancienneté de ses documents. Cette collection se compose de quelques 3400 volumes anciens en grec, copte, arabe, arménien, hébreu, slave, syrien, géorgien et autres langues, rédigée par les moines qui vécurent dans le monastère depuis sa fondation.

En 1844 le Codex Sinaiticus

fut retrouvé ; c’est une version de la Bible du IVème siècle.
Ce parchemin unique, du IVe siècle, l’un des deux plus vieux au monde à reprendre les canons chrétiens, contenait à la fois des parties de la septante et l’une des cinquante copies du Nouveau Testament envoyées par Eusèbe de Césarée à l’empereur Constantin. Presque toute la Bible.

Aussi, le monastère Sainte-Catherine est un exemple extraordinaire et l’un des plus anciens d’installation monastique chrétienne de tradition orientale dans une région isolée. Il témoigne d’une relation intime entre grandeur naturelle et engagement spirituel.

En outre, le monachisme ascétique pratiqué dans des régions isolées prédominait dans les premiers temps de l’église chrétienne et se traduisit par la création de communautés monastiques dans des lieux reculés. Le monastère Sainte-Catherine est un des plus anciens d’entre eux à être parvenu intact jusqu’à nous, utilisé pour sa fonction initiale sans interruption depuis le VIe siècle.

(Visited 36 times, 1 visits today)

commentaires

commentaires