Gare au pouvoir qui tombe en quenouille

22-02-2018 11:12 AM


Au début du Moyen Âge, l’autorité des femmes était plutôt bien acceptée dans la haute société et il est arrivé que l’amour fasse bon ménage avec le pouvoir. Guillaume le Conquérant, qui chérissait sa femme Mathilde de Flandre, s’est appuyé sur elle jusqu’à ce que la mort les sépare.
Un autre couple célèbre, qui est également monté sur le trône d’Angleterre, n’a pas eu la même fortune. Le mariage d’amour entre Henri d’Anjou et Aliénor d’Aquitaine a très vite sombré lorsque le jeune comte a croisé sur son chemin une jeune fille à la blondeur craquante, « Fair Rosamond ». Son épouse n’a pas supporté cette liaison. Elle a monté ses fils contre leur père et le ménage a viré à la guerre ouverte.
Serait-ce ce mauvais souvenir ou l’exemple malheureux donné par une autre Française, Isabelle, fille de Philippe IV le Bel, qui épouse le roi d’Angleterre Édouard II, le trompe publiquement et finit par le faire exécuter avec la complicité de son amant ? Toujours est-il qu’à la fin du Moyen Âge, les juristes français écartent les femmes de la succession au trône en se référant à une prétendue « loi salique ».
De la méfiance à l’égard des femmes de pouvoir va sortir une expression populaire sur un trône ou un héritage qui « tombe en quenouille », autrement dit tombe entre les mains d’une femme, comme la quenouille dont elle se sert pour filer la laine.
Cette méfiance est renforcée par l’effet néfaste sur le trône de plusieurs maîtresses royales, de la duchesse d’Étampes à la comtesse du Barry.
Pourtant, ce n’est pas une courtisane mais une épouse plutôt sage qui porta le coup le plus sévère à la couronne, en l’occurence Marie-Antoinette.
Mariée trop jeune à Louis XVI, aussi inexpérimentée que son mari, elle se montra néanmoins loyale envers lui et leur affection réciproque grandit avec le malheur. À son corps défendant, elle vit sa réputation injustement salie par des escrocs dans l’Affaire du collier et son impopularité contribua à la chute de la royauté.
La République a du coeur
Dans la longue marche vers la démocratie, entamée avec la Révolution à la fin du XVIIIe siècle, la France a longtemps hésité avant d’accorder aux femmes une place équitable.
Les dirigeants républicains et laïcs, à gauche de l’échiquier politique, se méfiaient du « sexe faible » et craignaient qu’elles ne servent les intérêts de l’Église. C’est seulement après la Seconde Guerre mondiale qu’elles obtinrent le droit de vote, longtemps après leurs consoeurs européennes. Aujourd’hui encore, en ce début du XXIe siècle et malgré les bonnes intentions déclarées, les Françaises peinent à accéder aux allées du pouvoir.

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