Vague d’émigration Saint-Cyrille a souffert de l’émigration

15-12-2011 09:06 AM


C’est une terre sacrée où de nombreuses messes ont été célébrées et un grand nombre de prières ont été faites. De chaudes larmes ont été versées pour proclamer le repentir. C’est l’église Saint Cyrille d’Héliopolis des Grecs catholiques à Corba qui célèbre son centenaire.  A cette occasion, Père Rafik Greiche, curé de l’église, raconte à Watani Francophone l’histoire de ce grand édifice religieux: Cent ans de spiritualité  Le baron Edouard Empain, un industriel belge aspirant à établir des chemins de fer et de faire circuler des voitures, a visité le Caire au début du 20ème siècle. Pour justifier l’extension des chemins de fer sur une longue distance, il a décidé d’établir au désert nord-est une cité – Héliopolis – (en grec: cité du soleil), le même nom grec que Hérodote a donné à l’ancienne cité égyptienne de “ON”. Pour relier le centre du Caire à cette cité, il a fondé en 1904 “Les chemins de fer électriques d’Héliopolis” et la compagnie “Oasis d’Héliopolis”.  Premiers habitants d’Héliopolis Des moyens géniaux ont été employés par la nouvelle compagnie pour encourager les habitants du Caire à loger à Héliopolis. Rapidement, les notables grecs catholiques originaires de la Syrie et du Liban ont commencé à se déplacer des quartiers de Choubra et de Faggalah à Héliopolis. Un d’eux, Habib Ayrouth a été engagé par le baron Empain pour collaborer avec le personnel belge de génie civil.  Besoin d’une église La communauté grecque catholique qui croissait en nombre a eu recours à l’ingénieur Habib Ayrouth pour trouver un site où on pourrait ériger une église. Les deux premières propositions ont été trouvées inadéquates. Il a été finalement décidé d’accepter une superficie de 1622 mètres carrés pour la somme de 1622 piastres. L’acte fut signé par l’archimandrite Philippe Gorra et M. George Lutfallah Zalzal, au nom du patriarcat grec catholique et par Boghos Nubar Bey, au nom des “Chemins de fer électriques du Caire et de la compagnie Oasis d’Héliopolis”. Construction de la première église à Héliopolis L’ingénieur Habib Ayrouth a bénévolement tracé les plans architecturaux de l’église à style byzantin avec des dimensions de 31 mètres de long et 12,5 mètres de largeur. Il a aussi supervisé sa construction au milieu des dunes de sable. A cette église, la première à être érigée à Héliopolis, le baron Empain a offert six colonnes en marbre marron d’Anvers (Belgique) qui décorent encore l’entrée de cette église qui fut dédiée à Saint Cyrille pour honorer le jubilé d’argent du sacerdoce de Cyrille VIII Geha, le patriarche grec catholique en ce temps-là. Consécration de l’église Saint Cyrille Des prières et des messes ont été faites en l’église depuis 1910, avant que les rues des alentours ne soient pavées. Elle fut consacrée le 8 juin 1912 par S. B. le patriarche Cyrille VIII Moghabghab et le Nonce apostolique, Mgr. Deiry, en présence de la troupe musicale du nouveau collège des Frères et d’une multitude de notables. Un poème de 4 lignes en arabe rendant hommage à la générosité des contributeurs fut gravé sur la plaque en marbre fixée sur l’entrée de l’église. Le surnom de l’église de Corba Rapidement, il y eut l’extension des chemins de fer électriques et son terminus se trouvait en face de l’église Saint Cyrille. En ce temps-là, les voitures n’étaient pas équipées de marche arrière. Il fallait qu’elles circulent en rond. Les courbes peuvent être vues jusqu’à présent en face de l’église à l’entrecroisement de la rue Bagdad (ex-boulevard Ismail pacha) et la rue El-Sawra (ex-avenue Sultan Hussein). Cette place fut donc dénommée Corba, dérivé de “courbe” et l’église reçut le nom d’église de Corba.  Fissures dans les parois Les dunes de sable d’Héliopolis diffèrent de la consistance fangeuse de la région du Caire. Au début, 1935 fissures furent constatées sur les parois de l’église. Le curé de la paroisse, Theophanos Char, sollicita sa réparation. Elle fut accomplie grâce à la générosité de M. Philippe Meimari. A son tour, M. Charles Boulad compléta la somme en vendant à une piastre des photos sacrées comportant l’invocation: “Bénissez ô Seigneur ceux qui aiment votre maison”. Trois colonnes de support furent intégrées aux parois de l’église. Ensuite, un décorateur italien a repeint ces parois pour donner une empreinte vive aux différents types de marbre. L’église restaurée fut inaugurée par S. B Maximos Hakim le dimanche 1er janvier 1984. Le curé de l’église Sarkis El-Najjar appela ensuite l’ingénieur Antoine Saba pour réparer le plancher et le réseau électrique de l’édifice. Iconostase Pour compléter l’aspect byzantin de l’église, le curé Nicolas Kanakrydemanda à l’ingénieur Soussa en 1945 d’ériger au-dessus de l’autel une icône de Notre Seigneur Jésus entourée des icônes des apôtres. En 1996, les frères Ramy et Michel Lakah firent don d’une iconostase décorée, venant ainsi compléter le style byzantin de l’édifice.  Saint Cyrille  Saint Cyrille est un héros de la foi solide et authentique. Intronisé patriarche d’Alexandrie en 412, il défendit le titre de la Vierge Marie Mère de Dieu (THEOTOKOS) contre les aberrations de Nestor, patriarche de Constantinople.  Il présida le troisième Conseil oecuménique tenu à Ephèse en 431 au nom du pape.  Il s’imposa à travers sa parole et mourut en 444, laissant un riche héritage de nombreux écrits expliquant la Bible et les questions religieuses.
Evolution et activités  Au fil des ans, l’affluence des fidèles grecs catholiques dans ce quartier calme augmenta, et cette petite église pria 5 et parfois 6 messes les dimanches pour répondre à leurs besoins. Qui n’a pas connu père Kanakri ou père Sarkis ? Chaque prêtre a marqué, par son activité, sa pensée et son amour, cette paroisse qui compte aujourd’hui seulement 350 familles, « en plus de 150 familles que je considère comme amies », ajoute le père Greich. Chaque dimanche est un jour important, tout le monde y est, en plus des célébrations religieuses habituelles. N’empêche que durant la semaine, diverses activités sont organisées au service des différentes catégories d’âge. Les vendredis et samedis, presque 130 enfants, qui ne reçoivent aucune notion de religion dans leurs écoles internationales, sont rassemblés pour des cours de catéchisme. S’ajoutent à ceux-là les scouts, les adolescents des cycles préparatoire et secondaire, les universitaires et les post-universitaires. Les responsables de la paroisse organisent aussi des cours de préparation au mariage, acte sacré au sein de l’Eglise catholique et qui mérite une attention particulière de la part de spécialistes sociaux, pédagogiques et psychologiques. L’église héberge également les réunions de l’Association Saint-Vincent de Paul, qui a pour mission de secourir les pauvres quelle que soit leur appartenance religieuse. Le rayonnement de Saint-Cyrille n’est pas uniquement religieux. « Nous avons un rôle pédagogique qui n’est pas moins important que le religieux, souligne Rafik Greiche. Nous apprenons à nos jeunes l’art de traiter avec l’Autre, l’art de parler, dialoguer, ne pas s’énerver, contrôler sa colère. Nous leur apprenons à transformer leur colère et leur frustration en une énergie positive ».    Vague d’émigration Saint-Cyrille a souffert de l’émigration de familles entières, à cause de la nationalisation des années 1960 et la guerre de 1967. Cette grande paroisse, qui comptait une communauté de 550 familles, s’est vue se restreindre à seulement 350. Elle a été très affectée par ce grand nombre de gens qui sont partis à l’étranger. « C’était triste de voir les membres de toutes ces grandes familles émigrer alors qu’ils pouvaient servir l’Egypte et lui présenter beaucoup de choses positives. Ceux-là sont aujourd’hui des millionnaires, des savants et des intellectuels de grande renommée. Ils vivent essentiellement au Canada, aux Etats-Unis, en Australie et en Angleterre », conclut-il. Notons que cette vague d’émigration s’est répétée aussi dans les années 1970 et 1980 pour d’autres raisons. Robert Solé, le grand journaliste du Monde, et Alain Greiche, de Libération, ont fait tous les deux leur première communion à l’église Saint-Cyrille.
Il s’agit de 100 ans de l’histoire humaine parfumée de l’encens, résonant au son des cloches, appelant les coeurs aux bras du Christ. Ces cloches continueront à sonner et appeler les fidèles à contempler la beauté spirituelle, telle une merveilleuse icône du Ciel.

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