Restitution des fresques égyptiennes

15-12-2011 10:12 AM

Michael Victor


Le ministre français de la Culture, Frédéric Mitterrand, a décidé de restituer cinq fragments de fresques revendiquées par l##Egypte, conformément à l##avis unanime de la Commission scientifique nationale des musées de France. Les cinq fragments de peinture murale du tombeau d##un dignitaire de la XVIIIe dynastie égyptienne (1550-1290 avant J.C.), situé dans la Vallée des Rois, près de Louxor, avaient été acquises de bonne foi par la France au début des années 2000,selon le ministère français de la culture.
Rappelons que l’Egypte avait annoncé officiellement qu’elle suspendrait sa coopération archéologique avec le Louvre tant que ces fragments de fresques ne lui seraient pas restitués. Ceci dit, ces pièces étaient la cause de la suspension des travaux de la mission du Louvre opérant à Saqqara depuis 1991.
Ces oeuvres, de petite taille (environ 15 cm de large sur 30 cm de haut), se trouvent actuellement dans les réserves du musée du Louvre. La Commission scientifique nationale des musées de France a estimé que les preuves étaient réunies pour établir que ces fresques proviennent bien du tombeau de ce dignitaire égyptien et a conseillé de les déclasser en vue de les restituer à l´Egypte. La Commission d##acquisition de la direction des musées de France avait acheté pour le Louvre ces fragments de fresques. En 2000, elle avait procédé à un premier achat de quatre éléments auprès de la galerie française Maspero. Le cinquième fragment avait été acquis en 2003 lors d##une vente publique à Paris.
En vertu du principe d##inaliénabilité des oeuvres d##art, les collections des musées nationaux français ne peuvent pas être cédées sauf si cette commission d##experts et de personnalités qualifiées accepte de les déclasser.
Le département des Antiquités égyptiennes présente des vestiges des civilisations qui se sont succédées sur les bords du Nil, depuis la fin de la Préhistoire (vers 4 000 ans avant notre ère) jusqu’à l’époque chrétienne (à partir du IVe siècle apr. J.-C). L’Égypte ancienne n’a pas légué que des témoignages de la vie religieuse et artistique.
Cet itinéraire de visite est une invitation à partager quelques instants de la vie quotidienne des Égyptiens au temps des pharaons.
Trouvés la plupart du temps dans des tombeaux et souvent très bien conservés grâce au climat aride du pays, des écrits sur papyrus, des outils agricoles, des instruments de musique, des objets de toilette permettent de prendre contact avec des aspects très divers de la vie des anciens .
En effet, ce pavillon est une sorte d´ambssade de l´Egypte pharaonique en France.

Création du département
La création d’un département d’antiquités égyptiennes au Louvre n’est pas la conséquence directe de l’expédition de Bonaparte en Egypte entre 1798 et 1801. Les antiquités recueillies alors par les savants furent saisies par les Anglais comme butin de guerre ; parmi elles, la célèbre ” Pierre de Rosette ” aujourd’hui à Londres. Un petit nombre d’oeuvres rapportées à titre privé entrèrent au Louvre bien plus tard.
En revanche, la publication du livre de souvenirs de Vivant Denon en 1802, Voyage dans la Haute et la Basse Egypte, et des volumes de la Description de l’Egypte, par les membres scientifiques de l’expédition, entre 1810 et 1830, réactive l’intérêt pour l’Egypte ancienne au cours du premier quart du XIXème siècle, plus profondément que le goût superficiel qui s’était manifesté dans le mobilier à partir de la fin du règne de Louis XVI.
Jean-François Champollion, né avec le siècle, grandit dans cette atmosphère. Authentique linguiste maniant les langues anciennes et sémitiques, il résout l’énigme de l’écriture et de la langue pharaoniques en 1822. Avide de faire connaître la civilisation égyptienne et de combattre les préjugés des savants de son temps, il travaille à l’installation du musée de Turin. Il convainc le roi de France Charles X d’acheter trois des grandes collections en vente à ce moment en Europe (Durand, Salt et Drovetti). Par ordonnance royale du 15 mai 1826, il est nommé conservateur d’un nouveau département au Louvre, qui est inauguré le 15 décembre 1827.
Constitution de la collection
Avant Champollion, le Museum central des Arts présente les statues égyptiennes des anciennes collections royales. Ce fonds s’enrichit sous Louis XVIII avec des sculptures importantes : Nakhthorheb (A 94), les Sekhmet (A 2).
Entre 1824 et 1827, un département est créé avec l’arrivée de collections entières (9000 oeuvres). Entre 1852 et 1868, les ensembles accumulés par des collectionneurs européens ayant fait carrière en Egypte enrichissent les salles : le docteur Clot, le comte Tyszkiewicz, le consul Delaporte. Ces oeuvres sont époustouflantes (la coupe en or cadeau du pharaon, la momie de chat) même si on ignore généralement tout de leur provenance.
Mariette, en mission pour le Louvre, découvre le Sérapéum de Saqqara. Entre 1852 et 1853, il envoie à Paris 5964 oeuvres, dont le fameux Scribe accroupi ! Devenu le premier directeur des Antiquités de l’Egypte, il protège les sites des pilleurs. S’ouvre pour les musées occidentaux l’ère des partages de fouilles, conséquences des recherches archéologiques menées par des scientifiques, sur des concessions attribuées par le gouvernement égyptien : fouilles d’Abou Roach, d’Assiout, de Baouît, de Médamoud, de Tôd et de Deir el-Médineh.
Certaines oeuvres majeures entrent grâce à la générosité d’amateurs : le collectionneur américain Atherton Curtis lègue 1500 pièces avant et après la seconde guerre mondiale; la Société des Amis du Louvre ne cesse de montrer son intérêt comme en 1997, avec la rare statue de la reine Ouret (E 32564).
Parti-pris muséographique
“Je jouis d’avance du plaisir que j’aurai à vous montrer cette suite si intéressante de monuments qui remettent, pour ainsi dire, sous les yeux, le culte, la croyance et la vie publique et privée d’un grand peuple tout entier” : en 1827, Champollion résume ainsi sa vision du musée, pétrie de l’esprit encyclopédique. L’art n’est qu’un des aspects de la collection ; les inscriptions sur pierre ou sur papyrus, les objets du quotidien, les témoignages des croyances sont envisagés sous un angle historique ou ethnologique.
En 1997, dans le cadre du Grand Louvre, il fallut faire des choix. Les salles se répartissent sur deux niveaux et les objets lourds doivent rester au rez-de-chaussée. Une présentation thématique centrée sur les principaux aspects de la civilisation occupe le rez-de-chaussée, dans les salles 1 à 19, avec les salles du temple et des sarcophages. Une approche chronologique est proposée au premier étage (salle 20 à 30), qui met en valeur les séquences historiques et l’évolution de l’art.
Depuis 1997, l’Egypte romaine et copte est installée dans l’aile Denon, autour de la Cour Visconti, au sein d’un programme inachevé, consacré à l’Antiquité tardive en Méditerranée orientale. La salle d’art funéraire, riche en portraits de momies, précède une galerie en travaux qui abordera les autres aspects de la culture de l’Egypte romaine. Au-delà, la galerie d’Art copte et la salle de Baouît (reconstitution de l’église du monastère) font revivre l’Egypte de l’époque byzantine.
La Vallée des Rois Les cinq fragments en question de peinture murale du tombeau du dignitaire de la XVIIIe dynastie égyptienne font partie de trésors antiques se trouvant dans la région grandiose de la Vallée des Rois. Cette dernière, qui compte aujourd’hui 62 tombes découvertes, était surnommée jadis les Portes des Rois ou encore le Lieu de Vérité. Datant du Nouvel Empire, entre la XVIIIème et XXème dynastie, la plupart d’entre elles ne sont pas accessibles au public. Les autorités procèdent par roulement et n’hésitent pas à fermer celles qui ne plus peuvent supporter le passage de touristes qui provoquent une augmentation de 95% du degré d’humidité dans les tombes. Ce phénomène accélère la décoloration des pigments, la prolifération de champignons et l’érosion des supports. La Vallée des Rois devint un lieu de sépulture, sous la XVIIIème dynastie, lorsque Thèbes fut elle-même la capitale de l’Egypte réunifiée. Les Rois préférèrent alors construire de gigantesques temples plutôt que des pyramides, comme le voulait la tradition depuis plus d’un millénaire. Ils firent creuser leur hypogée dans une Vallée cachée de la chaîne libyque, loin des temples funéraires. La situation isolée de la Vallée devait permettre de voir venir de loin des pillards. Le tombeau le plus ancien découvert appartient à Thoutmosis Ier. Sur les 62 tombes recensées à ce jour, 25 sont des sépultures royales. Les autres renferment les dépouilles de hauts dignitaires ou n’ont pu être encore identifiées. La Vallée est formée d’une faille dans la chaîne libyque qui débouche sur la Vallée du Nil. A l’exception d’Akhénaton, tous les pharaons des XVIIIe, XIXe et XXe dynasties y furent enterrés (approximativement de -1539 à -1075). Son nom arabe de Biban el-Moulouk signifie « les portes des Rois » en référence aux portes qui fermaient jadis les tombeaux. Tous les tombeaux recensés dans la Vallée ont été pillés dès l’Antiquité.

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