Deux Médicis liés à la mer

15-12-2011 09:06 AM

Névine Lameï


Maylis de Kerangal revient sur le devant de la scène littéraire deux ans après « Corniche Kennedy ». Elle s’impose comme l’une des plus passionnantes jeunes romancières françaises à qui, a été décerné, le 3 novembre 2010, le prix Médicis, pour son roman « Naissance d’un pont ». Un livre qui remporte également en sélection, à la même année, les prestigieux prix français Femina, Goncourt et Flore
L’écrivaine bretonne, Maylis de Kerangal, a été récompensée pour son roman « Naissance d’un pont », histoire autour du rêve et de l’économie mondialisée dans la ville imaginaire de Coca, en Californie.
Dominique Fernandez, membre du jury, a salué, en « Naissance d’un pont », « un livre innovant, une très belle langue », à l’architecture puissante sur la folle construction d’un nouveau Golden Gate, dans une Californie imaginaire.
Née au Havre en 1967, Maylis de Kerangal passe son enfance au  Havre, fille et petite-fille de capitaines au long cours. Elle étudie ensuite à Paris de  1985 à 1990 l’histoire, la philosophie, et l’ethnologie. Kerangal part à l’abordage de la littérature lors d’une visite au Salon nautique de Paris où elle est venue proposer des articles d’ethnographie maritime à une revue. Elle en profite pour déposer un CV sur le stand Gallimard-jeunesse chez qui, elle a travaillé de 1991 à 1996, avant de faire deux séjours aux États-Unis, à Golden dans le Colorado en 1997. Elle reprend sa formation en passant une année en 1998 à l’EHESS à Paris, en 1998.
Embauchée par l’éditeur, elle participe avec Pierre Marchand à l’aventure des Guides Gallimard, travaille sur d’autres collections documentaires puis devient éditrice pour les éditions du Baron perché, spécialisées dans la jeunesse où elle travaille de 2004 à 2008, avant de se consacrer à l’écriture. Elle participe aussi à la revue « Inculte ».
La jeune Bretonne a publié deux romans aux éditions Verticales : « Je marche sous un ciel de traîne » (2000) et « La Vie voyageuse » (2003). Ainsi qu’un recueil de nouvelles très remarqué, « Ni fleurs ni couronnes ». Elle a collaboré avec le collectif Inculte pour l’ouvrage « Une Chic Fille ».
Paru en 2008, son précédent roman, « Corniche Kennedy » (édition Verticales), dont le motif central consistait en des plongeons d’adolescents désœuvrés à Marseille, s’était déjà retrouvé dans la sélection de nombreux prix.
Dans « Naissance d’un pont », Maylis de Kerangal raconte la construction d’un pont suspendu dans la ville imaginaire de Coca, en Californie, coincée entre rêve et économie mondialisée, à partir des destins croisés d’une dizaine d’hommes et de femmes, dont le chef du chantier Georges Diderot. Ces hommes et femmes sont employés sur le chantier de construction d’un pont.
Le nouveau maire, surnommé “Le boa”, veut sortir sa ville de la somnolence pour en faire une cité du troisième millénaire. Comment ? En construisant un nouveau Golden Gate qui désenclaverait Coca et l’ouvrirait au monde.
Ambitions, cupidité, amours, agressions, attentat raté, paysages, machines, plans de carrière et classes sociales, corps de métiers et corps de chair, tout s’entremêle dans ce roman-fleuve “à l’américaine”.
La construction de l’ouvrage suit celle de l’édifice. Et c’est lorsque les multiples éléments du pont s’assemblent que les différentes parties du roman se hiérarchisent et s’emboîtent.
Si le prix Médicis a été attribué à Maylis de Kerangal, le Médicis étranger a été attribué à l’Américain David Vann pour son premier roman « Sukkwan Island » (édition Gallmeister), déjà primé par les lecteurs de l’Express en mai dernier.
Les deux lauréats sont intimement liés à la mer : la romancière française est fille et petite-fille de capitaines au long cours et l’écrivain américain a longtemps gagné sa vie en naviguant.
Né en 1966 en Alaska, David Vann  enseigne aujourd’hui à l’Université de San Francisco. Pendant 12 ans, il avait cherché en vain à se faire publier aux Etats-Unis. Son livre  « Sukkwan Island »  paraît finalement en 2008 aux presses de l’université du Massachusetts. Depuis sa sortie en France, en janvier, il s’est vendu à plus de 80.000 exemplaires. « Sukkwan Island » est en cours de traduction dans huit langues, soit 45 pays, et estime être adapté au cinéma.



 

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