Anba Paula, de l’Egypte à la Hongrie

06-09-2023 06:13 AM


Le deuxième jour du voyage du pape Tawadros II en Hongrie, Sa Sainteté a effectué une visite au monastère d’Anba Paula à Budapest. Il a été accueilli, avec la délégation qui l’accompagnait par le père Sabolch. A partir de la cour extérieure du monastère, le père a donné des explications sur le site, soulignant qu’Anba Paula est le saint Patron de la Hongrie depuis le XVIIIe siècle, après la fin de l’occupation turque et l’épanouissement du monachisme. Dans son discours, le pape Tawadros a exprimé sa joie de l’existence d’un monastère en Europe qui porte le nom d’un saint égyptien dont le doux parfum s’est répandu depuis l’Egypte à toute l’Europe. Ci-dessous le récit de la vie d’Anba Paula.

Anba Paula naquit dans la basse Thébaïde en Égypte, vers l’an 227. L’Église copte orthodoxe célèbre le 2 Amshir selon le calendrier copte correspondant au 9 février le décès de ce premier ermite en 341 après Jésus Christ. Ce saint était originaire d’Alexandrie et avait un frère nommé Pierre. Après le décès de leur père, ils entreprirent de partager entre eux l’héritage. Le grand frère s’octroya une part plus grande que celle qu’il laissa à Paula. Celui-ci en fut attristé et lui demanda : « Pourquoi ne me donnes-tu pas ma part de l’héritage ? » L’ainé lui répondit : « Tu es jeune et je crains que tu ne dilapides cette fortune. Moi, je vais te la garder. »
Comme ils ne parvenaient pas à se mettre d’accord, ils voulurent s’adresser au juge pour qu’il tranche entre eux. Chemin faisant, ils virent un convoi funéraire qui passait. Paul s’enquit de la personne qui était décédée, on lui répondit : « C’est un des riches notables de la ville et voici qu’il a laissé toute sa fortune et qu’on le met en terre uniquement avec ce qu’il portait. » Paula se dit alors : « Qu’ai-je à faire avec les richesses de ce monde périssable que je vais quitter sans rien en prendre ? » Puis, s’adressant à son frère, il dit : « Rentrons. je ne te réclame plus rien. »
Sur le chemin du retour, Paula quitta son frère et sortit de la ville. Il trouva un caveau où il demeura trois jours priant notre Seigneur Jésus-Christ de le guider comme bon lui semble. Pendant ce temps, son frère le chercha longtemps mais comme il ne le trouvait pas il fut attristé et regretta ce qu’il avait fait.
Le Seigneur envoya un ange à Paula pour le guider et le conduire dans les confins du désert oriental où il demeura soixante-dix ans sans voir personne. Il portait une tunique faite de fibre de palmier tressée. Le Seigneur lui envoyait tous les jours un corbeau avec un demi pain.
Quand le Seigneur voulut montrer au monde sa sainteté et sa justice, il envoya un ange en songe à saint Antoine le grand, le père de tous les moines. Celui-ci pensait être le premier à vivre dans le désert. L’ange lui dit : « Il y a, aux confins du désert, un homme dont le monde ne mérite pas la trace de ses pas. Par ses prières, le Seigneur fait venir la pluie et la rosée ainsi que la crue du Nil en temps opportun. » Antoine se leva immédiatement et pris le chemin dans le désert. Au bout d’une journée de marche le Seigneur le guida vers la caverne où se trouvait saint Paula. Après s’être prosterné l’un devant l’autre, ils s’installèrent et se mirent à parler des grandeurs de Dieu.
Le soir venu, le corbeau arriva avec un pain entier. Saint Paula dit alors à saint Antoine : « A présent je sais que tu es un serviteur de Dieu. Cela fait soixante-dix ans que je vis ici et le Seigneur m’envoie chaque jour un demi pain. Aujourd’hui, il a envoyé ta part de nourriture. » Puis il lui demanda de se dépêcher pour aller chercher le manteau que le roi Constantin avait offert au patriarche Athanase. Saint Antoine s’exécuta et, sur le chemin du retour, il vit les anges du Seigneur portant l’âme de saint Paula vers le ciel. Arrivant à la grotte, il le trouva décédé. Il l’embrassa en pleurant, le revêtit du manteau qu’il avait apporté et prit la tunique de fibres tressées.
Au moment de l’enterrer, il eut du mal à creuser la terre. Dieu lui envoya deux lions qui creusèrent le sol où il le leur avait indiqué puis s’en allèrent. Saint Antoine mit alors le corps du saint ermite en terre puis retourna tout raconter au patriarche. Celui-ci envoya une troupe pour chercher le corps et l’amener sans y parvenir. Plusieurs jours plus tard le saint apparut au patriarche en songe et lui expliqua que Dieu n’a pas voulu que son corps soit trouvé. Celui-ci fit alors arrêter les recherches. Il fut alors de coutume que le patriarche porte le vêtement de saint Paula trois fois par an. Un jour, il voulut montrer aux fidèles toute la sainteté de celui à qui il avait appartenu. Il le déposa, alors, sur le corps d’un mort et celui-ci ressuscita. La nouvelle de ce miracle se répandit dans toute la ville d’Alexandrie et sur la terre d’Egypte.
Quant aux reliques de ce bienheureux ermite Paula, elles sont demeurées dans le tombeau où saint Antoine les inhuma jusqu’à ce que, vers le milieu du XIIe siècle, par les ordres de l’empereur Manuel Comnène, elles furent apportées à Constantinople, à la réserve de son chef, qui fut transféré à Rome. On les transféra de Constantinople à Venise, en 1240.
Dans le siècle suivant, le bienheureux Eusèbe de Strigonie, seigneur hongrois, ayant vendu ses biens pour les donner aux pauvres, se retira dans les forêts de ce pays. Plusieurs personnes s’étant jointes à lui, il fonda le monastère de Pisilie, sous le titre de Saint Paula, premier ermite, mais sous la règle des chanoines réguliers de saint Augustin. Louis Ier, roi de Hongrie, qui favorisait beaucoup ces ermites, et avait une grande dévotion pour saint Paula, envoya solennellement chercher à Venise une grande partie des reliques du Saint et leur en confia en 1381 la garde, près de Bude, ville de Hongrie autrefois capitale du royaume.

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