Le pape François en visite à la Vierge de Fátima

23-08-2023 06:07 AM


Le pape François a effectué samedi 5 août un déplacement éclair au sanctuaire marial de Notre-Dame de Fátima, dans le centre du Portugal. Il s’est recueilli dans cet emblématique sanctuaire et a récité avec de jeunes malades et handicapés un rosaire dans la chapelle des apparitions avant de retourner à Lisbonne pour présider la veillée des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), rassemblement catholique qui a pris fin dimanche 6 août. Retour sur l’histoire du sanctuaire, haut lieu de pèlerinage catholique ainsi que ses lieux les plus emblématiques.

Le 13 mai 1917, trois jeunes bergers, Lúcia et ses cousins Jacinta et Francisco, ont vu apparaître la Vierge Marie alors qu’ils gardaient tranquillement leurs brebis. Elle leur a promis de revenir le 13 de chaque mois pendant les six mois suivants. Au fil du temps, de plus en plus de curieux se sont rassemblés dans l’espoir d’assister eux aussi à une apparition de la Sainte Vierge. Personne ne l’a revue au cours de ces six mois, à part les trois enfants, mais le “Miracle du soleil” qui s’est produit le 13 octobre 1917 a convaincu les 60.000 personnes qui se sont amassés ce jour-là.
Plus d’un siècle plus tard, d’imposantes cérémonies religieuses ont toujours lieu chaque année à cette date, en particulier dans la nuit du 12 au 13 mai avec la “procession de bougies”, et le 13 mai avec “la procession de l’adieu” qui clôture les célébrations. Entre mai et octobre, tous les jours 13 sont des jours de dévotion pour les fidèles.
Depuis les années 1980, Fátima connait un essor mondial, notamment grâce à l’influence de Jean-Paul II qui était très dévoué à la Vierge Marie. La tentative d’assassinat dont il a été victime le 13 mai 1981 sur la place Saint-Pierre à Rome et sa concordance avec l’anniversaire des apparitions de la Vierge, l’a convaincu de faire le pèlerinage vers ce sanctuaire marial. Il s’y rendit un an plus tard, le 13 mai 1982. Persuadé que la balle qui a manqué de le tuer à Rome avait été touchée par la main invisible de la Vierge, elle est à sa demande enchâssée dans la couronne de la statue de la Vierge qui trône au milieu du sanctuaire de Fátima. “Une main a tiré, une autre a guidé la balle !” disait-il.
Bien plus tard, le 13 mai 2017, le pape François a canonisé Jacinta et Francisco à Fátima devant un demi-million de fidèles rassemblés pour célébrer le centenaire des apparitions. Aujourd’hui, le sanctuaire de Fátima est parmi les lieux de pèlerinage catholique les plus importants au monde. Selon les chiffres officiels du sanctuaire, 9.4 millions de pèlerins se sont déplacés en 2017 (année de la canonisation des deux bergers) et en moyenne 6 millions par an, dont une majorité de Portugais.
Le sanctuaire de Fátima se compose de plusieurs édifices dont l’ancienne basilique de style néo-classique, Notre-Dame du Rosaire, dont la construction a débuté le 13 mai 1928 et où sont inhumés les trois bergers. En face, un ovni architectural signé par le Grec Alexandros Tomazis : la basilique toute ronde de la Très Sainte Trinité. Construite par manque de place dans la basilique originale, elle a été achevée en 2007 et se targue de pouvoir accueillir environ 9000 personnes.
Plusieurs artistes de différentes nationalités ont contribué à la réalisation de cette église catholique – la quatrième plus grande du monde. La porte principale en bronze a été construite par le Portugais Pedro Calapez, les panneaux d’azulejos derrière l’autel ont été réalisés par Álvaro Siza Vieira et la grande croix de huit mètres qui trône à gauche de l’église est l’œuvre de l’allemand Robert Schad. Entre les deux basiliques, sur la gigantesque esplanade de prière – noire de monde les jours de culte – se trouve la Chapelle des Apparitions, l’un des lieux les plus sacrés du sanctuaire. Elle représente l’endroit même où la Vierge est apparue aux enfants en 1917.
Autour de l’esplanade, un nombre considérable de magasins de souvenirs religieux a vu le jour et même en dehors des processions religieuses, le site est toujours très animé. Tandis que certains se recueillent devant la statue de la Vierge couronnée, d’autres font la queue pour brûler des kilos de cierges dans les immenses hottes noircies de fumée qui tournent à plein régime 24h/24. Une vieille tradition consiste à traverser l’esplanade à genoux en priant et en suivant un tracé en marbre sur le sol. Les jours de chaleur intense, la tâche s’avère laborieuse et les plus équipés combinent chapelet, bouteille d’eau et genouillères.
De nombreuses confréries religieuses de toutes les nationalités organisent chaque année des pèlerinages à Fátima et la ville entière est, en général, complètement prise d’assaut au mois de mai.ie pèlerinage catholique
Si le pape François a souhaité se déplacer jusqu’à ce haut lieu de pèlerinage pour des millions de catholiques dans le monde, c’est, selon Vatican News, afin de “prier Marie pour mettre fin à la guerre en Ukraine et à toutes les guerres qui empoisonnent le monde”. Et de fait, l’histoire de Notre-Dame de Fátima, dont le message est intimement lié à la paix dans le monde, a une résonance particulière dans l’actuel contexte géopolitique perturbé.
Le 13 mai 1917, trois petits bergers âgés de 7 à 10 ans ont affirmé avoir vu la Vierge Marie près du village de Fátima. Vêtue de blanc, cette “dame plus brillante que le soleil” leur serait apparue à cinq autres reprises au cours des mois qui ont suivi.
D’après le récit de Lucia dos Santos, la plus âgée des trois petits bergers qui deviendra sœur Lucie par la suite, la Vierge Marie leur aurait livré trois secrets : le premier se référait à une “vision de l’enfer” pour notamment dénoncer les persécutions contre l’Église catholique, le deuxième évoquait une “guerre encore pire” que celle en cours en 1917, appelant également à la consécration de la Russie à son cœur immaculé, prédisant la révolution bolchévique. Le troisième contenait une vision jugée prophétique de l’attentat perpétré contre Jean-Paul II sur la place Saint-Pierre à Rome, le 13 mai 1981.
Le deuxième secret, qui implique la Russie, est probablement celui auquel le pape François a pensé le plus lors de sa visite à Fátima. Le souverain pontife a en effet maintes fois appelé à la fin de la guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine et prôné un accord de paix. Le 25 mars 2022, plus d’un mois après le début du conflit, le pape François avait effectué la consécration de l’Ukraine et la Russie à la Vierge Marie dans la basilique Saint-Pierre, à Rome, devant la statue de Fátima. Le sanctuaire portugais a donc une importance cruciale pour le pape François, qui y a prié pour la paix.
En visitant le sanctuaire de Fátima, le pape François, qui s’y est déjà rendu en 2017 pour canoniser deux des bergers, marche aussi dans les pas des souverains pontifes qui l’ont précédé. Paul VI avait été le premier à venir prier sur le lieu des apparitions, en 1967, à l’occasion de leur 50e anniversaire. Jean-Paul II a quant à lui fait le déplacement en 1982, 1991 et 2000. En 2010, c’est Benoît XVI qui y avait été accueilli par quelque 500.000 pèlerins.

(Visited 16 times, 1 visits today)

commentaires

commentaires