Echo du Caravageà Versailles

05-07-2023 05:29 PM


En 2023, le château de Versailles célèbre son 400ème anniversaire. Parmi les célébrations organisées à cette occasion, uneexposition intitulée “Chefs-d’œuvre de la chambre du roi” y est tenue proposant de contempler les tableaux qui ornaient les appartements de Louis XIV. On peut ainsi y découvrir les goûts du roi en matière de peinture et au premier chef les sujets religieux qu’il affectionnait.

La chambre de Louis XIV telle qu’il la voyait. C’est l’expérience inédite que propose cette exposition temporaire au château de Versailles jusqu’au 16 juillet prochain. Inédite car c’est la première fois depuis la fin du XVIIe siècle que neuf chefs-d’œuvre issus de la collection personnelle de Louis XIV, d’ordinaire dispersés, se trouvent pour un temps réunis dans ce qui fut d’abord un salon, puis, en 1701, la chambre officielle du roi.

La chambre du Roi est au cœur du château de Versailles. Centrale, elle donne sur la cour de Marbre, avec la cour Royale à l’horizon.
Avant de devenir chambre d’apparat en 1701 sous l’impulsion de Louis XIV, cette pièce n’était autre que le salon axial, alors ouvert sur la galerie des Glaces. Louis XIV a souhaité en faire un nouvel espace, un « épicentre de la vie de cour ».
L’intérieur fut donc modifié selon les goûts du Roi qui suivit de près l’évolution des aménagements et choisit de garder cinq des peintures de Valentin de Boulogne et quatre médaillons. Toutefois, certaines toiles furent retirées des boiseries en raison de la création d’un relief en stuc doré au-dessus du lit.
La transformation du salon en chambre en dit long sur le goût du monarque pour la peinture caravagesque : une peinture aux compositions sobres et à la touche virtuose, jouant sur la densité des ombres pour mieux contraster avec le somptueux décor de la pièce, largement rehaussé d’or.

Dans cette chambre de parade somptueuse, Louis XIV a choisi de mettre en avant des sujets religieux. Les œuvres du peintre français, Valentin de Boulogne, figurent également dans la chambre d’origine. Cet artiste, né en 1591 et attesté à Rome dès 1614, puisa la force de sa palette dans les modèles qu’avait laissés Caravage à la Ville éternelle et dans les figures populaires de la Rome des bas-fonds qu’il fréquenta jusqu’à sa mort, en 1632.
L’intégralité des neuf toiles dont les médaillons qui ornaient le salon sont réunis pour la première fois au château de Versailles. Les œuvres sont présentées dans les appartements de Madame de Maintenon.
Témoins du goût du roi pour les clair-obscur du Caravage, magnifiés notamment par Valentin de Boulogne, ces toiles sont au cœur de ses collections.
Habituellement présentées à six mètres du sol, l’exposition offre une occasion unique d’admirer ces toiles à hauteur de regard. Ces œuvres aux compositions sobres et à la touche virtuose jouent sur la densité des ombres et contrastent avec le somptueux décor de la pièce, largement rehaussé d’or.

Sur les neuf œuvres présentées au public, sept représentent des épisodes bibliques. D’abord, les célèbres évangélistes de Valentin de Boulogne (1591-1632) : Saint Luc, Saint Jean, Saint Mathieu et Saint Marc, présentés pendant la rédaction des Évangiles, accompagnés de leurs attributs : l’ange de Matthieu, le lion de Marc, le taureau de Luc et l’aigle de Jean. Le peintre, le plus italien des caravagesques français, témoigne du goût de Louis XIV pour ce courant : contre le maniérisme, utilisation du clair-obscur mais aussi humanisation du fait religieux, présenté dans sa quotidienneté.

Le roi s’était entouré d’autres tableaux tirés d’épisodes bibliques. « Le Denier de César » par exemple, de Valentin de Boulogne également, représente la scène où les Pharisiens, voulant mettre en défaut Jésus, lui présentent un denier à l’effigie de César, lui demandant si selon lui il est permis de payer l’impôt. Jésus répond alors : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Mt 22, 21). « Le Mariage mystique de sainte Catherine » par Alessandro Turchi (1578-1649) figure également dans la collection du roi : l’Enfant Jésus passe l’anneau à sainte Catherine d’Alexandrie, symbolisant ainsi sa consécration. Enfin, « Agar secourue par l’ange » par Giovanni Lanfranco (1582-1647), chef-d’œuvre du caravagisme de la prestigieuse collection du banquier EverhardJabach, représente Agar, la servante d’Abraham chassé par lui avec leur fils, Ismaël. Errant dans le désert de Beer-Sheeva, assoiffés, ils seront secourus par un ange.

Selon Alexandre Maral, historien de l’art et auteur de « Le Roi-Soleil et Dieu,essai sur la religion de Louis XIV », il est « difficile de faire la part des choses entre le sujet représenté et l’œuvre d’art », ajoutant néanmoins que concernant l’œuvre « Le Roi David jouant de la harpe » du Dominiquin, situé dans le salon de Mercure, le roi a toujours « voulu l’avoir sous les yeux, le faisant même traduire sous forme de reliefs à la chapelle », témoignant ainsi d’un intérêt pour le sujet représenté. Il est probable que Mazarin, le plus grand collectionneur du XVIIe siècle, passionné d’art, ait contribué à la formation du goût esthétique de Louis XIV.
Pour le reste, difficile de se prononcer donc, puisque ces tableaux dont s’entourait le roi – de plus en plus pieux à la suite de son mariage avec Madame de Maintenon– pouvaient aussi bien être de l’ordre, selon l’historien, de la simple « délectation esthétique ».

 

 

Saint Jean
Saint Matthieu
Saint Luc
Saint Marc
Le Denier de César
Agar secourue par l’ange
Portrait de Louis XIV
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