Zone Euro divisée par la crise financière

15-12-2011 09:07 AM

Abdel Massih Felli


 

 
Alors que Bercy et Berlin annoncent des propositions “début septembre” pour mettre en œuvre la taxe annoncée par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, Londres et Dublin sont plutôt réticents. Inquiétude également sur les marchés financiers européens. C’est une vieille idée qui refait surface. A l’issue d’une réunion franco-germanique sur la gouvernance de la zone euro, Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont remis sur le tapis l’idée d’une taxe sur les échanges financiers, sans toutefois en préciser les modalités d’application. Il faudra attendre “début septembre”, explique Bercy. Reste à convaincre les autres pays européens. En l’absence de détails sur l’objet de cette taxe, son montant et les pays concernés, l’heure n’est pas vraiment à l’enthousiasme.
 
Taxe sur les transactions
La principale question que se posent plusieurs gouvernements, où s’applique cette taxe? A Dublin, le ministre des Finances prévient, pas question que les pays de la zone euro soient les seuls à mettre la main à la poche. Réponse de Berlin, pas de souci, la taxe doit s’appliquer aux 27 membres de l’Union européenne. Sauf que Londres a réaffirmé que cette taxe sur les transactions financières, que Paris et Berlin veulent mettre en place au niveau européen, ne pouvait s’appliquer qu’au niveau mondial. L’Union européenne s’y est déjà d’ailleurs cassée les dents plusieurs fois. Y compris lors d’un sommet européen le mois dernier. Au niveau mondial, malgré la pression française, le G20 a déjà refusé l’idée l’an dernier à Toronto.  Par ailleurs, la taxe sur les transactions financières, c’est l’épouvantail des marchés et des banques européens. Peur numéro 1, la “délocalisation” des transactions hors de l’Europe. Si Paris et Berlin s’alignent sur la proposition de la Commission européenne dans son budget prévisionnel 2014-2020, cela générerait tout de même entre 31,5 et 54 milliards d’euros, selon les calculs de Bruxelles. La France et l’Allemagne ont donc désormais deux petites semaines pour trouver la bonne formule, convaincre les pays européens et rassurer les marchés.
 
Solidarité financière
Parmi les propositions formulées par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel figure la suspension des fonds structurels, ces aides versées aux régions, pour inciter les États à rééquilibrer leurs finances. Sarkozy et Merkel ont remis sur la table une proposition pour accentuer la pression sur les pays de la zone euro qui ne feraient pas assez d’efforts pour rééquilibrer leurs finances. Les fonds structurels, ces aides versées par l’Union européenne (UE) aux régions, seraient suspendus pour inciter les États à respecter la “règle d’or” budgétaire. Tous les États de l’Union européenne bénéficient de ces fonds créés dans les années 1990. Les trois principaux fonds (fonds européen de développement régional, fonds social européen et fonds de cohésion) sont versés aux pays qui en font la demande. Toute région dont le Produit Intérieur Brut est inférieur à 75% de la moyenne de l’UE reçoit ces subventions avec pour objectif de les aider à se développer. Ainsi, 49 milliards d’euros sont versés chaque année dans le cadre de la politique régionale pour la période 2007-2013. Au total, ce sont 347 milliards d’euros, soit 35,7 % du budget total de l’Union européenne, qui sont alloués à la politique d’aide régionale. Pour les détracteurs de ces fonds, ces aides sont inefficaces : parmi les premiers bénéficiaires figurent justement les pays les plus endettés de la zone euro.
 
Baisser les taux d’intérêt
L’action de la Banque centrale européenne semble avoir été décisive dans la baisse des taux d’intérêt. Le marché obligataire européen a poursuivi sa détente mercredi dernier, profitant davantage des effets des rachats d’obligations d’État par la Banque centrale européenne que du sommet entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, peu convaincant aux yeux des investisseurs. Les marchés tiennent en très grande partie grâce à la Banque centrale européenne qui rachète des obligations d’État de pays en difficulté aux premiers rangs desquels des bons italiens et espagnols. A noter que cette semaine, la Bourse de Londres a terminé en baisse mercredi dernier. Celle de Francfort a aussi fini en baisse, mais la hausse de Wall Street a limité les dégâts. A Milan, l’indice vedette a ainsi clôturé sur une hausse de 1,27%, récupérant du terrain après avoir démarré sur une baisse de 1%. La Bourse de Paris a, elle aussi, terminé en timide hausse (+0,73%). La Bourse de Paris s’est installée dans le vert mercredi après-midi, aidée par Wall Street. A l’ouverture, les marchés avaient pourtant fraîchement accueilli les annonces de “Merkozy”, selon le surnom donné au tandem dans les salles de marché, dont ils attendaient qu’il réponde à leurs inquiétudes. L’ouverture dans le vert de Wall Street, qui évoluait en hausse dans les premiers échanges, a permis au marché parisien de consolider ses gains.


 

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