Le match Egypte-Algérie, un champ de bataille acharnée

15-12-2011 10:12 AM

de Khartoum: George Riad


Il se peut que la défaite subie par la sélection nationale égyptienne de football face à l’équipe algérienne soit pénible. Cependant, en vérité, ce fut la raison pour laquelle ont été épargnées les vies de nos supporters se trouvant au Soudan.
Nous avons remercié Dieu pour cette défaite et nous nous sommes demandés si nous avions vaincu, que serait notre sort face aux supporters algériens munis d’armes blanches…
Je fus témoin des souffrances des Egyptiens au Soudan où je me suis rendu parmi les membres de la délégation du syndicat des journalistes. En sortant de l’aéroport de Khartoum, nous avons senti l’absence de policiers.
Cependant, les responsables nous ont rassuré disant qu’ils ont séparé les Algériens des Egyptiens pour éviter les heurts. Nous avons appris que les Algériens ont distribué des milliers de drapeaux et de T-shirts pour bénéficier du soutien du public soudanais.
En nous rendant à l’ambassade d’Egypte à Khartoum, nous nous sommes rendus compte de l’absence de coordination avec le côté soudanais au sujet des mesures de sécurité, des billets et du retour après la rencontre.
Il n’y avait qu’une dizaine de soldats pour protéger l’ambassade. Un Egyptien s’est plaint de l’agression des supporters algériens contre sa voiture qu’ils ont cassée. Les autorités soudanaises l’ont empêché de porter plainte auprès de l’ambassade.
Nous avons été surpris en recevant des billets de troisième classe. Après avoir protesté, notre ambassadeur a pu nous obtenir des billets de deuxième classe. Nous ne pouvions envoyer les informations que par le biais de nos téléphones portables.
Un collègue fut agressé par un supporter algérien devant notre ambassade alors qu’il brandissait notre drapeau national. Chose normale en l’absence de dispositif de sécurité…
En route vers le stade à bord d’un microbus, nous avons vu des milliers de supporters algériens surexcités. Ils barraient la route, insultaient les Egyptiens et brûlaient notre drapeau. Les Soudanais se contentaient de regarder passivement ce spectacle.
Nous sommes retournés à l’ambassade où nous avons rencontré un groupe d’artistes et de cadres des médias. Nous sommes tous montés à bord d’un grand car pour nous rendre au stade en l’absence d’un dispositif de sécurité.
Nous sentions que les supporters algériens avaient des intentions agressives et avons appris qu’ils ont acheté un grand nombre d’armes blanches à Khartoum. Les forces de l’ordre soudanaises ne fouillaient pas les personnes qui entraient au stade comme cela est supposé.
De nombreux spectateurs soudanais sont entrés sans billets, alors qu’un grand nombre de supporters égyptiens n’ont pas pu y avoir accès vu que le stade était déjà bondé.
Il était clair que le nombre des Soudanais se trouvant dans la partie réservée aux supporters algériens était bien supérieur à celui se trouvant du côté des Egyptiens… C’était sans doute l’effet des drapeaux et des T-shirts qui leur avaient été offerts!
La tribune principale réservée aux hauts responsables n’était pas bien sécurisée et se trouvait à proximité des supporters de la première classe. La place d’où sont descendus les joueurs égyptiens se situait en dessous de la tribune, près des supporters fanatiques de l’Algérie, alors que les joueurs algériens sont descendus sur le terrain près de leurs supporters de la troisième classe.
Après le match, les joueurs égyptiens furent menacés et provoqués par des insultes et des jets de bouteilles d’eau. Il fallut que les supporters égyptiens attendent deux longues heures pour sortir du stade. Pendant ce temps, le public algérien avait fêté sur le terrain et était sorti pour faire exploser sa violence et son terrorisme contre les cars égyptiens.
Notre autobus a été sauvé miraculeusement de la destruction. Des milliers d’Egyptiens attendaient de retourner chez eux souffrant d’un moral très bas. Des dizaines de cars transportant nos supporters ont été gravement agressés et détruits.
Arrivés à l’aéroport, nous avons appris qu’il y a eu de nombreux blessés, hommes et femmes et qu’il y a eu un mort parmi les Egyptiens. Dans une situation totalement chaotique, les Egyptiens forcèrent les portes de l’aéroport et entrèrent sur la piste. Nous avons appris que le président Moubarak est intervenu en personne pour envoyer des avions militaires, afin de ramener les Egyptiens… Un pont aérien a été mis en place à cet égard selon les directives du ministre de l’Aviation civile Ahmed Chafik.
Cependant, rien de tout cela ne paraissait à l’horizon et le temps passait.
Les Egyptiens étaient hantés par l’idée d’être poursuivis par les supporters algériens.
Nous étions entourés par une foule immense qui était à la recherche d’un avion. Je suis resté à l’aéroport de 11 heures du soir jusqu’à 3 heures du matin et je suis enfin monté à bord d’un avion pour regagner la terre de la patrie à 5 heures et demie du matin.
Nous avons remercié Dieu de nous avoir sauvé la vie après la nuit de terreur que nous avons passée.

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