Deux prix au féminin

15-12-2011 09:06 AM

Névine Lameï


L’année 2010 clôture ses portes avec deux prix littéraires éminents, à savoir le prix Simone de Beauvoir et le prix Naguib Mahfouz. Le premier a été attribué à l’écrivaine russe Ludmila Oulitskaïa. Alors que le second est accordé à l’Egyptienne Miral Al-Tahawy. 
Créé à l’initiative de Julia Kristeva en 2008 à l’occasion du 100e anniversaire de la naissance de Simone de Beauvoir (9 janvier 1908), le Jury a attribué le Prix « Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes 2011, à la romancière russe Ludmila Oulitskaïa.
Créé par Julia Kristeva en 2008, le Prix Simone de Beauvoir pour la liberté des femmes a été décerné à Ludmila Oulitskaïa, dont l’oeuvre témoigne “d’un sens aigu de la justice et de la démocratie” selon les organisateurs. Auteur de romans, nouvelles et pièces de théâtre, Ludmila Oulitskaia a obtenu de nombreux prix littéraires en Europe. En 1996, elle reçoit le prix Médicis étranger pour son roman ” Sonietchkan “. En récompensant une femme de lettres, le jury a voulu ” mettre l’accent sur la créativité des femmes, dans laquelle se manifeste et s’affirme leur émancipation “, a souligné la présidente du jury, Julia Kristeva. Âgée de 67 ans, Ludmila Oulitskaïa est connue pour prendre position contre le gouvernement russe. La difficulté d’être femme en Russie irrigue son œuvre et les femmes restent les principales figures de ses romans. Doté de 30.000 euros, le prix avait été créé à l’occasion du 100e anniversaire de la naissance de Simone de Beauvoir. Ce prix est décerné aux personnes qui se sont illustrées, par leur œuvre artistique et leur action, en promouvant la liberté des femmes dans le monde. Cette année le prix Simone de Beauvoir « a voulu mettre l’accent sur la créativité des femmes, dans laquelle se manifeste et s’affirme leur émancipation ».
Simone de Beauvoir est une philosophe et romancière parmi les écrivains français qui ont le plus marqué le XXe siècle. Grande féministe, elle a longtemps combattu pour la libéralisation de la condition féminine, autant par ses discours que par ses ouvrages. Son ouvrage, “Mémoire d’une jeune fille rangée” publié en 1958 (soit à ses 50 ans) est le début d’un long travail autobiographique. 
”Une Mort très douce” est publiée en 1964 et raconte la lente agonie de sa mère, emportée à 78 ans par un cancer. En 1980, à la mort de Sartre, elle décide de lui rendre hommage en écrivant sur ses dernières années dans “La Cérémonie des adieux”. Elle meurt peu de temps après, en 1986.
L’un des phénomènes marquants de la  littérature russe des années 1990 est la floraison d’œuvres écrites par des femmes. L’une des plus connues en Russie et à l’étranger est Ludmila Oulitskaïa. Cette dernière est née au sud de l’Oural, où ses parents moscovites se sont réfugiés pendant la guerre. Elle suit des études de biologie à Moscou dans les années 1960. Plus tard, elle perd sa chaire de génétique quand les autorités soviétiques s’aperçoivent qu’elle prête sa machine à écrire à des auteurs de samizdat.
Très vite tournée vers la littérature, de 1970 à 1982, Ludmila se consacre alors à l’écriture, d’abord pour la radio et le théâtre. Elle collabore un temps au Théâtre musical juif. Dans les années 1980, elle écrit des nouvelles. Mais il lui faudra attendre le démantèlement de l’Union soviétique pour être véritablement reconnue et publiée. Son premier roman publié en Russie, “Sonietchka” paraît dans le magazine littéraire “Novy Mir” en 1992. Ses œuvres sont largement traduites et diffusées à l’étranger, principalement en Allemagne. En France, elle est publiée dès la fin des années 1980 chez Gallimard.
En 1996, à Paris, elle reçoit le prix Médicis étranger pour “Sonietchka”. Le prix Booker russe lui est décerné pour “Le Cas du docteur Koukotski” en 2001. En 2005, elle est distinguée par l’Académie allemande de littérature pour la jeunesse (Deutsche Akademie für Kinder- und Jugendliteratur).
En France, Ludmila a été faite chevalier de l’ordre des Palmes académiques (2003) et chevalier de l’ordre des Arts et Lettres (2004).
Ludmila Oulitskaïa, comme beaucoup de ses consœurs, se concentre sur la représentation de la vie privée et l’univers confiné du quotidien féminin –. Elle met en scène des personnages proches du lecteur, décrivant leurs caractères et leur vie. Ludmila Oulitskaïa s’engage aussi dans des actions humanitaires, notamment à destination des enfants, et n’hésite pas à prendre position contre le gouvernement russe. La difficulté d’être femme en Russie irrigue son oeuvre et les femmes restent les principales figures de ses romans.
Le Prix Simone de Beauvoir est soutenu par Culturesfrance, le Centre national du livre, Gallimard et l’Université Paris Diderot.
Prix Mahfouz
Quant au prestigieux prix Naguib Mahfouz de la littérature, il a été décerné dans sa 15e édition, à l’écrivaine égyptienne Miral Al Tahawy, pour son roman « Les hauteurs de Brooklyn » qui traite de l’immigration et de l’aliénation, dans le cadre de la relation entre l’Orient et l’Occident.
Pour le jury, comprenant les critiques Mohamed Berrada, Gaber Asfour, Samia Mehrez, Hoda Wasfi et Fakhri Saleh, le 15ème prix, qui coïncide avec le centenaire du prix Nobel de la littérature, a souligné qu’«il s’agit d’une œuvre littéraire qui revêt des dimensions humaines en s’inspirant d’une expérience individuelle». Il s’agit du «roman de non-dit» qui puise dans des problématiques telles la tolérance et l’extrémisme, précise le jury. Miral Al-Tahawy est une romancière, universitaire et critique égyptienne, dont les livres ont été traduits en 15 langues et obtenu des prix prestigieux. Elle enseigne la littérature arabe à l’Université de Caroline du Nord, aux États-Unis. «Brooklyn Heights» est le quatrième roman de Miral Al-Tahawy après «La tente», «L’aubergine bleue» et «Les pas de la gazelle». Il s’agit d’une quête de soi qui s’inscrit dans la continuité des œuvres arabes qui ont parlé du dialogue et de la confrontation Nord-Sud.
Ce roman est une autobiographie où elle rompt avec ses  œuvres précédentes à travers une recherche de soi, surtout par la récurrence du retour vers les souvenirs d’enfance. L’auteur construit son livre autour d’un parallélisme entre cette enfance passée en Egypte et son quotidien dans le quartier new-yorkais de Brooklyn.

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