“La route du cosmos”

15-12-2011 09:07 AM

Michael Victor


                                     Le président russe, Dmitri Medvedev, a rendu mardi dernier un hommage vibrant à Youri Gagarine, le premier cosmonaute de l’histoire, dont le vol il y a 50 ans est devenu le symbole de la domination soviétique passée dans la conquête spatiale.  M. Medvedev s’est dit “fier” d’appartenir au pays qui a envoyé le premier homme dans l’espace, alors que la télévision d’Etat a diffusé des images d’archives du vol historique et les journaux ont publié à la une des photos du cosmonaute.  Le 12 avril 1961 à 09H07 heure de Moscou, c’est par une phrase enjouée, restée dans les esprits jusqu’à aujourd’hui, que Youri Gagarine avait commencé son vol: “Et c’est parti!”, a-t-il lancé avant de décoller à bord d’un vaisseau Vostok depuis le cosmodrome alors ultra-secret de Baïkonour, au Kazakhstan.
Voici le texte de la dépêche AFP datée de Moscou, diffusée le 18 juin 1961 dans laquelle Youri Gagarine raconte son retour sur la Terre.   C’est entouré d’une boule de feu que le vaisseau cosmique “Vostok” de Youri Gagarine a achevé son orbite pour retomber sur la terre, révèle ce matin le premier cosmonaute dans le dernier des articles de la série intitulée “La route du cosmos”, publiée dans la “Pravda” depuis le 30 avril. Voici comment le premier cosmonaute décrit ce qu’il voyait par les hublots de sa cabine fonçant vers la terre, “en direction d’une région de l’URSS choisie à l’avance”. “Le retour vers la terre commençait. Je m’y préparais. Je m’attendais à ressentir le passage de l’état d’impondérabilité à celui des surcharges nouvelles, peut-être encore plus fortes que celles que j’avais éprouvées à la montée, et au réchauffement colossal de la paroi extérieure du vaisseau Spoutnik lors de l’entrée dans les couches denses de l’atmosphère. Je pensais: est-ce que tous les dispositifs vont fonctionner normalement ?… L’automation c’est bien. Mais, par mesure de précaution, je m’orientais dans l’espace et me préparais à prendre moi-même la direction de l’appareil, au cas où je serais obligé d’effectuer un atterrissage dans une région que j’aurais choisie moi-même. Le système d’orientation du vaisseau, dans le cas du Vostok, était le système “solaire”, prévoyant des orienteurs spéciaux qui repèrent le soleil et maintiennent le vaisseau dans une certaine position, afin que les moteurs de freinage soient toujours orientés dans le sens opposé à celui du vol”. Le “Vostok” commence à pénétrer dans les couches denses de l’atmosphère. “Sa paroi extérieure, écrit Gagarine, s’échauffait rapidement et, à travers les fentes des volets couvrant les hublots, je pouvais voir le reflet rouge et sinistre des flammes qui entouraient mon Spoutnik transformé en une boule de feu. Cependant, dans la cabine, il n’y avait que 20 degrés. L’impondérabilité avait disparu depuis longtemps. Les surcharges grandissantes m’écrasaient contre mon fauteuil et ne cessaient de croître et elles étaient bien plus considérables que lors de l’envol. Le navire a commencé soudain de tourner autour de son axe et j’en ai informé “la Terre”. “Mais ces radiations qui, au début, m’avaient inquiété, ont cessé, et le reste de la descente s’est effectué normalement. Tout le système de commande avait donc fonctionné parfaitement et mon vaisseau Spoutnik se dirigeait vers la région prévue. Je me suis mis à chanter tout haut ma chanson préférée: “La patrie entend, la patrie sait… ” “Plus que 10.000 mètres, 9, 8, 7… Le ruban de la Volga se mit à briller sous mes pieds et je le reconnus immédiatement, puisque c’est là que j’avais commencé mon apprentissage de pilote. Je pensais que, comme dans un bon roman, je revenais vers les lieux d’où j’avais pris mes premiers envols d’aviateur”. C’est à ce moment que se situe l’un des points mystérieux de l’odyssée de Gagarine. Il est à 7.000 mètres. Puis, il se retrouve à terre. Il ne dit rien sur la manière dont il a touché le sol. Mais, si l’on se rapporte à la “Komsomolskaya Pravda ” du 14 avril dernier, on se rappellera que ce journal soviétique disait que Gagarine était descendu en parachute et qu’après avoir touché terre, il s’était avancé vers une femme se trouvant dans un champ et lui avait dit : “Je suis citoyen de l’Union soviétique… ” Par la suite, au cours de toutes ses conférences de presse, le premier cosmonaute soviétique s’est refusé à dire si, oui ou non, il avait quitté la cabine de son “Vostok” avant que celle-ci se pose dans un champ. Mais d’autres articles parus dans la presse de Moscou ont indiqué qu’un système de catapultage automatique d’une altitude de 7.000 mètres au-dessus de la terre, avait été prévu par les techniciens soviétiques. Après son atterrissage, vêtu dune combinaison rouge orangé, Gagarine s’est dirigé vers la cabine dans laquelle il avait fait le tour de la terre, qui avait atterri à “quelques dizaines de mètres seulement d’un ravin profond charriant les eaux de la fonte des neiges” et, il a constaté que “le navire et son équipement pouvaient être utilisés de nouveau pour un vol cosmique”.


 

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