Il était une fois… la crèche et les santons

09-01-2024 12:47 PM


Il y a 800 ans, en décembre 1223, François d’Assise décide de mettre en œuvre la première crèche vivante. Il choisit une grotte distante de quelques kilomètres du village de Greccio pour y installer un bébé dans une crèche remplie de paille, un bœuf et un âne lui tenant compagnie. La nouvelle se répand au bourg proche et les villageois arrivent avec lumières et cierges. A l’occasion du 800ème anniversaire de cette toute première crèche vivante, deux livres ont été publiés.

L’Église célèbrera à Noël cet événement majeur qui est une occasion missionnaire exceptionnelle, car la crèche sera accueillie dans les foyers et les églises du monde entier. 800 ans que la crèche manifeste la présence de Dieu parmi les hommes, qu’elle proclame qu’un sauveur nous est né, qu’elle rappelle le vrai sens de Noël : « Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur. » (Lc 2, 11)

Deux livres : « La crèche et les santons » et « Santons en chœur » ont été rédigés par Juliette Levivier, journaliste française et auteur. Ils permettent d’approfondir cette tradition de la crèche, qui est une catéchèse à elle toute seule. Partout, elle délivre discrètement son message : Dieu nous aime tellement qu’il a envoyé son fils unique pour nous sauver.
Dans la dynamique de la nouvelle évangélisation, ces deux ouvrages remettent Jésus au centre de la crèche et au cœur du monde. Fondés sur la parole de Dieu et illustrés de santons provençaux, ils tentent de nous transmettre la grâce de Noël. « Pourquoi la crèche suscite-t-elle tant d’émerveillement et nous émeut-elle ? Tout d’abord parce qu’elle manifeste la tendresse de Dieu », a écrit le pape François (Lettre apostolique Admirabile signum, 3).

Les santons évoquent tous ceux qui, depuis la Nativité, vont avec confiance vers Marie, vers Jésus, pour leur confier leurs joies, leurs difficultés, et remettre leurs vies entre leurs mains. Ils représentent les chrétiens de tous les temps, de tous les pays qui, en Jésus, forment un seul peuple. Chaque santon a quelque chose à nous apprendre, chacun a sa façon de vivre et de prier, son chemin de sainteté, chacun vit sa foi selon la grâce qui lui est donnée.
Ces livres nous invitent, avec simplicité, à refléter « quelque chose » du Christ, à le suivre, à le servir selon notre vocation, en déployant la grâce de notre baptême.

A noter à cet égard que l’histoire de la crèche a comme protagoniste un grand saint italien : Saint François d’Assise. On est en 1223 à Greccio, un petit village à Rieti. Saint François, arrivant probablement de Rome où le pape avait confirmé la règle franciscaine, s’arrêta dans le village où habitait Giovanni Velita, ami et disciple du saint. Quand il vit les grottes près de Greccio, il se souvint d’une image: Bethléem, qu’il avait visitée lors de son voyage en Terre Sainte et, en particulier, les grottes où Jésus était né.

Saint François d’Assise est un des saints les plus aimés et les plus vénérés de l’Église catholique étant proche des pauvres. Il fut inspiré de mener une vie chrétienne d’austérité comme prédicateur itinérant. Il se soucia d’annoncer les messages de joie, d’espoir et d’amour contenus dans la Bible et de porter la paix aux gens et à toute la Création. Après sa mort, l’Église le reconnaît comme « saint », c’est-à-dire comme un homme dont les vertus peuvent être un exemple pour tous : aimable, pacifique, pieux, humble, fraternel, juste. Depuis le 13ème siècle, des milliers d’hommes et de femmes (la famille franciscaine) suivent ses traces en se laissant inspirer par son style de vie. C’est donc dire que même huit siècles plus tard, François d’Assise a encore quelque chose à dire à nos sociétés à travers des hommes, des femmes, à travers nous.

Frappé par les scènes des mosaïques qui représentaient la Nativité dans la Basilique de Sainte-Marie-Majeure à Rome, Saint François éprouva le grand désir de « représenter l’Enfant né à Bethléem, et voir avec les yeux du corps, les souffrances dans lesquelles il s’est trouvé par manque du nécessaire pour un nouveau-né, lorsqu’il était couché dans un berceau sur la paille entre le bœuf et l’âne »
Quinze jours avant Noël il exprima ce souhait et demanda de l’aide à Monsieur Giovanni Velita pour installer la première crèche de l’histoire. Le décor et la réalisation furent simples : une grotte, une mangeoire, un bœuf et un âne qui furent conduits sur place. Le 25 décembre, autour de cette scène, se réunirent moines, hommes et femmes de la zone en amenant fleurs et flambeaux. L’histoire de la crèche commença donc avec une crèche vivante, faite de fidèles en chair et en os qui célébraient ensemble la pauvreté de Dieu fait Homme. Sur cette crèche, qui signifie mangeoire, fut célébrée l’eucharistie par un prêtre qui se trouvait dans l’audience – Saint François avait choisi de rester diacre.

L’originalité de François d’Assise est d’avoir célébré une crèche vivante dans un cadre naturel plus évocateur, en associant les villageois de Greccio, qui ont pu expérimenter la « Nativité » et avoir l’impression d’incarner les personnages des écrits bibliques. Petit à petit, la coutume se répand, notamment sous l’influence de Claire d’Assise et des prédicateurs franciscains, surtout dans les oratoires franciscains en Provence et en Italie, sous forme de crèches vivantes mais aussi de crèches fabriquées avec des santons, des figurines en bois ou en terre cuite et qui pouvaient être exposées plus longtemps. Les santons de Provence sont de petites figurines en argile, très colorées, représentant, dans la crèche de Noël, la scène de la nativité (l’enfant Jésus, la Vierge Marie et saint Joseph, avec l’âne et le bœuf censés réchauffer l’enfant avec leur souffle), les Rois Mages et les bergers, ainsi que toute une série de petits personnages, figurant les habitants d’un village provençal et leurs métiers traditionnels. Tout ce petit monde, chacun muni de son présent pour l’enfant Jésus, fait route à travers un paysage comportant traditionnellement une colline, une rivière avec un pont, et des oliviers (généralement représentés par du thym fleuri), vers l’étable, surmontée de son étoile.

En plus de l’idée de la crèche, que nous réalisons encore aujourd’hui dans nos maisons, dans les églises, voire sur notre lieu de travail, dans les écoles et sur les places, la tradition nous livre un miracle. On raconte en effet que dans la mangeoire de la crèche de Greccio apparut réellement l’Enfant Jésus et le moment vécu par des personnes réunies devint source d’une grande joie.

Cette crèche fut réalisée à la main par les sœurs du monastère de Bethléem. Les gens retournèrent chez eux de ces lieux profondément touchés. Saint François fut aperçu cette nuit-là en train d’embrasser tendrement l’Enfant qui apparut dans la mangeoire. Cette année, comme tous les ans, la crèche sera un signe de joie qui vient de l’intuition d’un grand saint.

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