Amélineau «Sur la piste d’Osiris» à l’Historial de la Vendée

24-07-2022 08:01 PM


À l’occasion de la célébration du 200e anniversaire du déchiffrement des hiéroglyphes, le Département de la Vendée présente à l’Historial, du 6 mai au 4 septembre, une grande exposition «Sur la piste d’Osiris» consacrée aux découvertes de l’égyptologue vendéen Émile Amélineau (1850-1915). Cette exposition et le catalogue qui l’accompagne parcourent l’histoire des grandes découvertes d’Amélineau – la Stèle du Roi Serpent et le tombeau d’Osiris notamment – et révèlent en filigrane ce moment fascinant où nait l’égyptologie moderne.

L’exposition présente les recherches et collections provenant des plus anciennes tombes royales d’Égypte, mises au jour par l’égyptologue vendéen Émile Amélineau sur le site d’Abydos à la fin du 19e siècle. Ainsi, plus de 200 objets antiques sont mis en lumière à l’Historial de la Vendée, parmi lesquels des prêts exceptionnels du Musée du Louvre, des musées royaux de Belgique et du musée des Beaux-Arts et d’Histoire naturelle de Châteaudun. Des pièces archéologiques exceptionnelles comme l’ensemble funéraire de Séramon datant de 1000 ans avant notre ère, des objets de parure et de jeux, avec des inscriptions hiéroglyphiques datant de près de 5000 ans, révèlent le savoir-faire extraordinaire des Égyptiens de l’Antiquité.

Il est bon de savoir qu’Émile Amélineau, l’un des premiers égyptologues est un aventurier vendéen qui a voué sa vie à l’Égypte. Né le 28 août 1850 à La Chaize-Giraud en Vendée et mort le 12 janvier 1915 à Châteaudun (Eure-et-Loir), il est un architecte, coptologue et égyptologue français. Il a suivi des études ecclésiastiques tout en présentant sa passion pour l’étude des langues orientales, notamment pour la langue copte.

En 1877, Amélineau a commencé sa carrière par des études de théologie à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes à Paris sous la direction de Gaston Maspero et Eugène Grébaut où il étudie pendant sept ans l’égyptologie et des documents coptes et il a été ordonné prêtre. En 1883, il est membre de la mission archéologique française au Caire, et renonce à ses ordres. En 1887, il présente sa thèse, sur le gnosticisme égyptien. Par la suite, il occupe plusieurs postes universitaires en France.

Amélineau a publié de grandes quantités de littérature copte. Il est peut-être le plus grand érudit copte de sa génération. Il entreprit un ambitieux projet d’édition des récits littéraires de Chenoute, le fondateur du monachisme copte. Il a d’abord publié un recueil de textes coptes et arabes, tous plus ou moins liés à ce sujet (1888-1895), puis un corpus des propres œuvres de Chenoute (1907-14). Le travail sur ce dernier fut interrompu par sa mort. Son catalogue des manuscrits coptes de la Bibliothèque nationale est resté sous forme manuscrite.

De retour en France, Emile enseigne alors l’histoire du christianisme et du monachisme égyptien à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Mais, il préfère le travail en Egypte sur terrain. Il y retourne donc afin de se consacrer entièrement à des recherches sur le site d’Abydos, en quête de la tombe d’Osiris…

Amélineau a effectué des fouilles en Égypte, à une époque où l’archéologie n’était pas encore devenue un sujet scientifique distinct du pillage de tombes ou de la chasse au trésor. Une grande partie de son travail portait sur la période du début de la dynastie de l’Égypte ancienne. Il fut le premier archéologue à fouiller les tombes des pharaons de la première dynastie de l’Égypte ancienne dans la section Oum el-Qaab d’Abydos, ses découvertes étant exposées dans plusieurs volumes publiés dans les premières années du XXe siècle.

Les fouilles spectaculaires qu’il mène à Abydos révèlent l’importance majeure de cette cité dans l’histoire de l’Égypte antique, à la fois berceau de la monarchie égyptienne et centre principal de culte à Osiris. De 1895 à 1898, il dirige des fouilles à Abydos pour prouver son hypothèse d’une existence terrestre du dieu de la mort. Il fouille sans relâche le site et après bien des péripéties, l’égyptologue parvient à mettre au jour une série de tombeaux et d’objets portant le nom des pharaons des premières dynasties. Les découvertes les plus stupéfiantes impliquent le tombeau de Narmer, premier roi de l’Egypte unifiée. Il faut ajouter la stèle de Ouadji, du roi Serpent qui date de 3 000 ans avant J.C., actuellement au Musée du Louvre. Il faut également citer l’imposante statue en basalte d’Osiris établie au Musée du Caire.

À son retour en France, il s’installe avec son épouse à Châteaudun où est conservée aujourd’hui la majorité des collections issues de ses fouilles en Egypte. Quant à sa ville natale, “La Chaize-Giraud”, elle comprend une place portant son nom, immortalisant sa vie et son parcours exceptionnel.

A noter qu’à l’intérieur de l’exposition le visiteur parcourt la piste des premiers égyptologues puis à la rencontre des premiers pharaons dont Émile Amélineau mit au jour les sépultures. Ce qui est aussi un voyage au pays d’Osiris, dont l’égyptologue français recherchait la tombe à Abydos, son principal lieu de culte en Égypte. Abydos étant également le berceau de l’écriture hiéroglyphique, une séquence est consacrée à l’écriture et au déchiffrement qui a permis aux égyptologues de comprendre la civilisation égyptienne.

Le visiteur peut aussi admirer l’ensemble funéraire de Séramon qui figure parmi les pièces archéologiques les plus importantes des collections françaises d’égyptologie mais aussi le bassin de purification du roi Den, classé Trésor royal de la Fédération de Wallonie-Bruxelles ainsi que la stèle du roi Serpent datant de 3 000 ans avant J.C..

«Sur la piste d’Osiris», c’est aussi une expérience de visite spectaculaire grâce à des dispositifs audiovisuels et numériques inédits. Par exemple, une application permet de se mettre dans la peau d’un égyptologue décryptant les hiéroglyphes. Dans l’espace contemplatif le visiteur peut contempler des images de temples d’Égypte projetées sur les murs. En audio, Émile Amélineau raconte ce qu’il a ressenti lors de ses découvertes.

Le département de la Vendée revient ainsi sur le destin extraordinaire d’Émile-Clément Amélineau, égyptologue incompris par ses pairs, abbé repenti et excellent linguiste, et sur son engagement sans limite pour la coptologie.

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