Al-Sissi et Sabbahi, seuls candidats à l’élection présidentielle

25-04-2014 10:44 PM

Karim Felli


L’Union européenne va superviser l’élection présidentielle prévue les 26 et 27 mai en Egypte, selon un accord de principe conclu à l’occasion de la visite au Caire de la chef de la diplomatie de l’UE Catherine Ashton.

 Ce sera la première fois que l’UE supervise une élection en Egypte. Des accords en ce sens avec la haute commission électorale et le ministère des Affaires étrangères égyptien seront bientôt signés, “de façon à permettre aux observateurs de l’UE de pouvoir circuler à travers le pays sans entraves et de pouvoir être en contact avec toutes les parties concernées” par ce scrutin. Les deux parties ont en outre souligné qu’elles comptaient sur des “élections transparentes et crédibles”.
 
Les électeurs du plus peuplé des pays arabes sauront au plus tard le 5 juin s’ils doivent se rendre aux urnes pour un second tour (16 et 17 juin) -au niveau théorique-, a précisé la commission électorale, auquel cas, les résultats seront publiés le 26 juin au plus tard.  Ces élections seront d’un seul tour car ils seront entre seuls deux candidats. La présidentielle, qui doit être suivie d’un scrutin parlementaire, doit doter le pays d’un pouvoir élu après dix mois de gouvernement intérimaire et clore la “transition démocratique”. Al-Sissi a un seul adversaire déclaré: le leader de gauche Hamdeen Sabbahi, qui n’a que très peu de chance d’engranger un nombre significatif de voix, selon les experts.
La liste définitive des candidats sera confirmée le 2 mai.
 
Révolte et stabilité
Pour le politologue Gamal Abdel Gawad, “l’Egypte est aujourd’hui à un carrefour: achever la révolte de 2011” dont le slogan était “pain, dignité humaine et justice sociale” ou “se tourner vers plus de stabilité”. Dans un pays à l’économie exsangue, le maréchal à la retraite Al-Sissi incarne pour une importante partie de la population hostile aux islamistes l’homme à poigne qui fera revenir stabilité, touristes et investisseurs.
Mais Sabbahi pourrait capitaliser sur les craintes d’un retour au pouvoir autoritaire de l’époque de Moubarak et de Morsi- et la guerre judiciaire contre les voix dissidentes. “Nous sommes devant une situation claire: il y a d’une part le candidat de l’avenir et de l’autre celui qui voudrait nous ramener dans le passé”, assurait ainsi Amr Badr, un porte-parole de Sabbahi, alors que ce dernier déposait officiellement sa candidature au milieu de jeunes –le gros des troupes de sa campagne– qui scandaient “La justice avant la force” ou “Pas besoin d’être maréchal pour être fort”.
 
Les FM bannis
Dans ce contexte, un tribunal égyptien a interdit aux membres des Frères musulmans (FM), la confrérie du président destitué Morsi, de se présenter aux élections prévues durant l’année, ont indiqué les médias d’Etat et un avocat. “Nous avons présenté à la justice des vidéos, des photos et des documents montrant les actes terroristes des Frères musulmans. A cause de cela, il serait illogique qu’ils dirigent le pays ou représentent son peuple lors d’élections”, a affirmé Tareq Mahmoud, avocat d’un groupe de citoyens hostiles au mouvement islamiste qui ont demandé à la justice, via une pétition, de statuer sur d’éventuelles candidatures des Frères. Cette organisation avait été officiellement déclarée terroriste par le gouvernement égyptien, toutes manifestations du groupe ont donc été interdites. Créé en 1928, ce mouvement islamiste s’était déjà assuré un certain nombre de sièges au Parlement sous Hosni Moubarak, finalement chassé du pouvoir en 2011.
A noter qu’un général de la police a été tué, mercredi dernier par une bombe placée sous sa voiture au Caire. L’attaque a été perpétrée dans le quartier huppé du 6 Octobre, dans l’est de la capitale, et visait le général de brigade Ahmed Zaki, haut responsable de la police antiémeute. Cette unité est toujours aux premiers rangs des forces de l’ordre dans la répression des manifestations des pro-Morsi. Il s’agit de la cinquième attaque visant la police en une semaine, et Zaki est le troisième général tué depuis le début de l’année dans des attentats revendiqués principalement par des groupes djihadistes armés disant s’inspirer d’Al-Qaïda et assurant agir en représailles à la campagne menée contre les partisans de Morsi.
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