Magda, étoile du cinéma égyptien s’éteint

23-01-2020 12:00 PM


 

Star des rives du Nil, Magda al-Sabahi a joué pendant près de trente ans dans des films devenus aujourd’hui des classiques comme “Djamila l’Algérienne” (1958) et “El Nasseh” (1949). Plus de soixante films au compteur. L’actrice et comédienne égyptienne qui a marqué le cinéma de son pays natal alors en plein âge d’or, est morte le 16 janvier à l’âge de quatre-vingt-huit ans.

Née le 4 mai 1931 dans la ville de Tanta, Magda al-Sabahi, de son vrai nom Afaf al-Sabahi, fait ses débuts tôt, à l’âge de quinze ans. Trois ans plus tard, le public la découvre sur le grand écran dans le film El Nasseh, de Seif Eddine Shawkat. Si elle commence sa carrière sous sa vraie identité, elle emprunte ensuite le nom de Magda.

Elle enchaîne ensuite avec de nombreux drames et romances. En 1957, Magda partage l’affiche de la comédie musicale “Les Filles modernes” avec l’acteur et chanteur égyptien Abdel Halim Hafez, un film réalisé par Henry Barakat.

Par ailleurs, Magda al-Sabahi multiplie ses activités et devient en 1958 entrepreneuse, en créant sa propre société de production Magda Films, produisant 12 œuvres considérées comme les plus merveilleux classiques du cinéma égyptien et arabe, comprenant tous les types d’œuvres cinématographiques religieuses et patriotiques, ainsi que des romans célèbres dont “el-sarab” (le mirage) de Naguib MAHFOUZ, “nez et trois yeux” d’IHSAN Abdel QODDOUS et “L’HOMME QUI A PERDU SON OMBRE” de Fathi Ghanem. Avec cette société, elle produira notamment Djamila l’Algérienne réalisé par Youssef Chahine. Le film en noir et blanc est co-écrit par Naguib Mahfouz, prix Nobel de littérature. Il retrace la vie et les actions menées par la militante du Front de libération nationale (FLN) Djamila Bouhired, qui s’est battue pour l’indépendance de l’Algérie, avant d’être condamnée à mort en 1957 puis graciée.

Un superbe portrait de Djamila Bouhired, la militante du FLN. Que l’on connaît, femme intrépide et pétrie de courage jusqu’à aujourd’hui puisqu’elle participe souvent aux marches du Hirak. « Djamila » reste un très beau film, même si, Youssef Chahine en se rendant en Algérie en pleine guerre d’indépendance pour rencontrer Bouhired, n’y parviendra pas… «Djamila» c’est donc l’histoire de la militante condamnée à mort en 1957 par le tribunal militaire d’Alger.
Elle rejoint le FLN alors qu’elle est étudiante puis intègre vite la Zone autonome d’Alger où elle devient officier de liaison aux côtés de Yacef Saâdi dont elle est l’assistante en pleine bataille d’Alger.

La révolution algérienne de 1954-65 a été l’une des plus puissantes des luttes anticoloniales de l’après-guerre qui ont balayé l’Asie et l’Afrique. La première action du FLN fut une attaque de guérilla du 1er novembre 1954 contre les forces françaises dans les Aurès, à l’est de l’Algérie. Cette action a eu lieu six mois seulement après la défaite française à Dien Bien Phu au Vietnam – un événement qui a mis fin à la domination française en Indochine et a accéléré la désintégration de l’empire colonial français.

La lutte de libération, qui comprenait des attaques armées contre tous les aspects du régime colonial, a gagné un large soutien parmi les villageois. Dans les villes, le FLN a rapidement obtenu un soutien solide. La Casbah, un quartier populaire de la capitale Alger, où le FLN bénéficiait d’un soutien important, est devenue célèbre en tant que zone interdite aux forces impérialistes. Des manifestations massives en faveur de l’indépendance ont balayé les villes algériennes en 1960, montrant clairement au gouvernement français la détermination du peuple algérien.

En avril 1957, Djamila est blessée et arrêtée. Incarcérée à la prison de Maison Carrée, elle sera torturée et condamnée à mort pour attentats à la bombe. S’ensuit une campagne mondiale d’indignation. Son avocat, Jacques Vergès, ainsi que Georges Arnaud (auteur du Salaire de la peur) publient en octobre 1957 aux éditions de Minuit un manifeste : «Pour Djamila Bouhired». C’est, avec le livre d’Henri Alleg «La Question», l’un des manifestes qui alerteront l’opinion publique sur les mauvais traitements et les tortures infligés par l’armée aux combattants algériens. La jeune militante devient dès lors le symbole de toutes les femmes résistantes de l’Algérie révoltée.

Après l’indépendance, Djamila est devenue la présidente de l’Association des femmes algériennes, mais elle a dû mener un combat difficile pour chaque résolution avec le président de l’époque, Ben Bella. Il lui a fallu quelques années pour décider que c’en était assez et pour quitter l’arène politique. Elle continue à vivre à Paris comme une femme au foyer dévouée, mais en même temps, ses très rares apparitions publiques ont prouvé que le monde la considère toujours comme le symbole de la libération nationale.

D’autre part, en 1962, les spectateurs égyptiens peuvent voir Magda al-Sabahi dans le drame romantique The Man I Love (l’homme que j’aime), d’Hussein Helmy, dont l’intrigue s’inspire du classique de la littérature Jane Eyre, écrit par Charlotte Brontë.

Magda met un terme à sa carrière prolifique en 1978, avec son dernier film “Al Omr Lahza”, de Mohamed Radi. Elle a remporté des distinctions aux festivals de Damas, de Venise et de Berlin.

Elle a une fille unique, Ghada, avec l’acteur Ihab Nafea, qu’elle épouse en 1963. Un couple dans la vie mais également à l’écran puisqu’ils partagent l’affiche de “El hakika el aria” (La vérité absolue), sorti en 1963.

En 1995, alors qu’elle a délaissé les plateaux de tournage depuis une quinzaine d’années, Magda est élue présidente de la Egyptian Women Film Association, une association créée en 1990 par la réalisatrice de documentaires Nabiha Lotfy afin de défendre les intérêts des femmes dans l’industrie cinématographique égyptienne.

Son impressionnante carrière est récompensée en 2016 par un Nile Award dans le domaine des arts, l’un des prix égyptiens les plus prestigieux.

Ses ouvrages sont immortalisés dans l’esprit des passionnés du septième art.

 

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