Important consensus sur le barrage Grande Renaissance

02-01-2016 10:36 PM


L’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan ont atteint un consensus sur les étapes suivantes pour le projet du barrage Grande Renaissance, en plein engagement à la Déclaration de principes.

L’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan se sont mis d’accord sur certains points reliés au barrage éthiopien Grande Renaissance au terme de leurs réunions.

Les pourparlers à six entre les ministres des Affaires étrangères et de l’Eau des trois pays ont eu lieu à Khartoum, dimanche, lundi et mardi.
Mais les trois pays sont d’accord sur plusieurs points, y compris le choix d’un nouveau bureau pour exécuter des études techniques sur les effets du barrage après qu’une firme néerlandaise s’est retirée.

L’accord signé par les ministres des Affaires étrangères et de l’Eau d’Egypte, d’Ethiopie et du Soudan a été baptisé « Le document de Khartoum ». Il désigne notamment deux sociétés d’ingénierie françaises BRL et Artelia pour faire une étude technique sur les conséquences de la construction du barrage.

Le chef de la diplomatie soudanaise Ibrahim Ghandour a indiqué mardi à
l’issue d’une réunion à Khartoum que les ministres des Affaires étrangères et de l’Eau et de l’Irrigation de ces trois pays étaient “tombés d’accord sur l’arbitrage de BRL et d’Artelia”.

“BRL fera 70% des études et le reste sera confié à Artelia”, a précisé le ministre soudanais de l’Eau et de l’Electricité, Moutaz Moussa Salim.
“Ces deux bureaux vont entamer début février 2016 leurs études pour une durée de six mois et leur arbitrage sera accepté par les trois pays”, a-t-il ajouté.

L’Ethiopie construit depuis 2012 un immense barrage hydro-électrique sur le Nil bleu et en dépit de onze sessions de négociations depuis cette date, les trois pays n’ont pas réussi à surmonter leurs différends sur la part des eaux de chacun. L’Egypte, qui tire du Nil environ 90% de son eau et craint que ce barrage n’en affecte le débit, insiste sur ses “droits historiques” sur le fleuve,
garantis par des traités datant de 1929 et 1959. Ceux-ci lui accordent, ainsi qu’au Soudan, des droits sur 87% du débit du Nil.
Le Nil bleu rejoint le Nil blanc à Khartoum pour former le Nil qui traverse le Soudan et l’Egypte avant de se jeter dans la Méditerranée.
L’Ethiopie doit inaugurer en 2017 ce barrage surnommé “Grande renaissance” et présenté comme le plus grand d’Afrique. Sa capacité, annoncée à 6.000 mégawatts, doit mettre le pays à l’abri des insuffisances énergétiques entravant son développement.

Quand l’Ethiopie avait commencé les travaux en 2012, Le Caire avait manifesté son mécontentement en se retirant de l’Initiative du Bassin du Nil (NBI) qui regroupe les dix Etats riverains du fleuve. L’Egypte a toutefois réintégré la NBI en février. En mars, lors d’une rencontre à Khartoum avec le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et son homologue soudanais Omar el-Béchir, le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn avait affirmé que la construction du barrage “ne nuira pas à nos trois Etats, et en particulier au peuple égyptien”.
En signe de bonne volonté, l’Ethiopie s’est engagée à ne pas procéder au remplissage du barrage avant la fin de l’étude qui devrait durer un an.

Addis-Abeba a par ailleurs indiqué être disposée à accueillir des envoyés d’Egypte et du Soudan sur les lieux des travaux à tout moment.
Les trois pays ont également convenu de la réduction du temps utilisé pour réaliser l’étude de 11 à neuf mois et d’essayer un “stockage pilote” de trois millions de mètres cubes d’eau du Nil, une quantité qui ne devrait pas avoir un effet sur la part d’eau de l’Egypte.

Les réunions des six parties s’étaient tenues au milieu des craintes de répéter les échecs de négociations précédentes. Le premier jour des négociations, la ministre des Affaires étrangères de l’Egypte Sameh Choukry a rencontré le président Omar el-Béchir du Soudan pour discuter de la coopération entre les deux pays.

Choukry, selon un communiqué des Affaires étrangères, a souligné à Béchir l’importance de respecter la déclaration de principes de la commission tripartite chargée d’assurer la confiance mutuelle entre les trois parties et réaliser des gains communs.
Les trois parties étaient à la recherche de signer un document qui régit les résultats des études, afin de veiller à ce qu’elles soient engagées à des négociations suite à l’annonce de ces résultats.

L’étude permettra de déterminer les impacts environnementaux, sociaux et économiques de la construction du barrage. En mars, les trois pays avaient signé une déclaration de principes sur le barrage, en acceptant de sauvegarder les intérêts de toutes les parties.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Choukry, a pour sa part exprimé la volonté de l’Egypte de renforcer ses liens avec l’Ethiopie en disant: «Nous sommes conscients de l’importance de la réactivation de la relation avec l’Ethiopie avec laquelle nous partageons le patrimoine commun de l’humanité. Nous sommes également conscients de l’importance de la réalisation du bien-être et du développement pour les trois pays et de renforcer les liens positifs qui permettent d’atteindre les intérêts des trois pays de manière équitable “.

Des sources égyptiennes officielles ont indiqué que la réunion des six parties se produisait au milieu des conditions politiques qui poussent les trois pays à parvenir à un compromis en vue de répondre aux aspirations des peuples des pays en matière de développement.

L’Egypte a demandé que les consultants se penchent sur les modalités de remplissage du barrage éthiopien. Le Caire souhaite que ce remplissage soit étalé sur une période d’au moins sept ans pour ne pas priver l’Egypte d’une bonne partie des 47 milliards de mètres cubes qu’elle reçoit annuellement du Nil Bleu éthiopien.

Le gouvernement éthiopien avait annoncé le détournement du cours de Nil Bleu à couler à travers le nouveau barrage Grande Renaissance pour la première fois, après que la construction des quatre premières entrées d’eau a été achevée.

Cette annonce intervient quelques heures avant une ronde de négociations, importante qui se déroulaient entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie dimanche.

L’Ethiopie a détourné le cours du fleuve en 2013 pour commencer à construire le corps du barrage, et l’a maintenant fait revenir à son cours normal pour couler à travers le barrage.

Le ministre égyptien de l’Irrigation et des Ressources en eau Hossam El-Moghazy a dit que ceci est une étape normale qui vient comme une partie des opérations de construction éthiopiennes, que le cours a été détourné il y a deux ans pour commencer les constructions, et est maintenant ré-détourné à son parcours initial.

Il a souligné que cette étape ne va pas affecter les négociations en cours au Soudan.

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