Lourdes pertes dans le marché mondial

15-12-2011 09:07 AM

Abdel Massih Felli -Michael Victor


 


 


Les Bourses mondiales étaient déboussolées jeudi dernier sur fond de folles rumeurs sur la santé des banques européennes, les françaises Société Générale et BNP Paribas en tête, alors que les dirigeants européens montaient au créneau pour tenter de ramener le calme.


De Tokyo à Londres, les investisseurs, désorientés, étaient fébriles après le coup de tabac de la veille sur les deux rives de l’Atlantique.


Le pessimisme sur la solidité des établissements financiers européens et la santé des économies des pays développés persistait.


Les analystes de Bank of America ont prédit que les banques européennes continueraient de susciter la défiance tant que la crise de la dette publique resterait une source d’inquiétude.


Devant les incertitudes, les investisseurs se tenaient éloignés de tous les placements financiers à risque. Ils leur préféraient des actifs plus sûrs.


L’or, valeur refuge par excellence, crevait de nouveaux plafonds. Le prix d’une once de métal jaune a dépassé pour la première fois les 1.800 dollars.


Signe de grande nervosité, les Bourses européennes, qui avaient ouvert à l’unisson sur un net rebond, rechutaient en début d’après-midi.



Nouvelle crise financière mondiale



“Les marchés sont très nerveux. Il suffit d’une déclaration d’un responsable politique, d’un article de presse négatif pour que ça repique du nez”, a expliqué Jean-Paul Pierret, analyste chez Dexia Securities à Paris.


De nouvelles rumeurs agitaient en effet les marchés financiers.


L’une évoquait une nouvelle perte de l’ordre de 500 millions d’euros de la banque française BNP Paribas, en raison de son exposition à la dette publique de la Grèce, un pays au bord de la faillite. Fin juin, la banque BNP Paribas détenait 3,8 milliards d’euros d’obligations grecques. L’action chutait de plus de 4%.


L’action Société Générale s’est effondrée mercredi sur des rumeurs de faillite, vigoureusement démenties par le PDG de la banque Frédéric Oudéa, entraînant dans son sillage l’ensemble des titres bancaires en Europe. La chute du titre (-6,79%) se poursuivait jeudi.


Les banques françaises ont déjà provisionné plus de 2,3 milliards d’euros dans leurs comptes, liés aux titres grecs qu’ils détiennent. L’addition pourrait s’alourdir car Athènes envisage d’étendre son programme d’échange des titres au-delà de l’échéance de 2020.


Zone euro


Dans l’ensemble, les établissements financiers européens sont très exposés à la dette publique des pays en difficulté de la zone euro.


Les banques françaises détiennent des obligations de l’Italie – pays sous pression des marchés financiers – à hauteur de 24,1 milliards d’euros, selon les chiffres du régulateur européen (EBA). Si Rome était au bord de la faillite, la facture pourrait donc être salée pour elles.


En conséquence, une aggravation de la crise de la dette en zone euro aurait des conséquences lourdes pour les banques, qui risquent de fermer le robinet du crédit pour les entreprises et les particuliers.


La banque centrale européenne (BCE) a indiqué jeudi qu’elle avait prêté, dans l’urgence, plus de 4 milliards d’euros aux banques mercredi, la plus forte demande depuis trois mois.


Les dirigeants européens n’ont pas tardé à monter au créneau pour essayer d’apaiser les marchés financiers, qui redoutent désormais un tarissement des liquidités.


En Italie, le ministre de l’Economie, Giulio Tremonti, s’est dit certain que le gouvernement “interviendra sur la libéralisation de l’économie et la privatisation des sociétés municipales” (transport, électricité, déchets).


Il a annoncé des coupes dans les aides sociales et retraites mais sans les détailler. Pour accroître les recettes, Rome envisage d’augmenter les taxes sur les gains financiers de 12,5% à 20%.


La veille, c’est la France, objet de rumeurs sur une éventuelle dégradation de sa note de crédit, aussitôt démenties, qui avait promis de dévoiler, le 24 août, de nouvelles mesures d’austérité.


Toutefois, les analystes doutent que cela soit suffisant. “On veut la mise en oeuvre de mesures pratiques”, fait valoir Jean-Paul Pierret.


D’autant que la zone euro a affirmé jeudi dernier qu’il n’y avait aucun plan de sauvetage en préparation pour Chypre, autre pays de l’Union monétaire quasiment au bord du gouffre.


Les investisseurs redoutent aussi les mauvais chiffres qui ne cessent de s’accumuler sur l’économie américaine.


Mardi, la banque centrale américaine (Fed) a estimé que les perspectives de croissance de la première économie mondiale étaient molles. La croissance y a crû à un rythme annuel de moins de 1% au premier semestre alors que l’institution tablait sur plus de 3% en début d’année.


En Asie, les investisseurs n’ont toutefois pas cédé jeudi à la panique.



L’Europe s’inquiète
Jusqu’à présent, le président français Nicolas Sarkozy et le Premier ministre suivaient de près la crise des dettes souveraines, sans avoir pour autant interrompu leurs vacances.
Nicolas Sarkozy restait jusqu’à présent mobilisé depuis son lieu de vacances dans le Var, multipliant les contacts avec ses homologues étrangers, mais sans ostentation, de peur de renforcer la fébrilité des marchés.
La communication de l’Elysée sur la crise s’était jusqu’alors résumée à la publication dimanche soir, quelques heures avant l’ouverture redoutée des premières bourses étrangères, d’un communiqué franco-allemand volontairement abscons, où chaque mot était pesé pour rassurer les marchés sans donner le sentiment d’une urgence aux effets potentiellement désastreux.


Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel avaient réitéré dans un communiqué leur engagement à mettre en oeuvre pleinement les mesures de l’accord sur la zone euro conclu à Bruxelles le 21 juillet. Ils avaient insisté sur la nécessité d’une mise en oeuvre rapide des mesures décidées à ce sommet, notamment le renforcement des possibilités d’aide aux pays fragiles via le Fonds européen de stabilité financière (FESF), dont le rôle est renforcé.



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