Le Pape François plaide pour l’Afrique

22-02-2023 01:04 PM


En six jours en Afrique, du 31 janvier au 4 février, entre la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud, le Pape François est allé une nouvelle fois aux périphéries du monde, exprimer sa proximité avec des populations meurtries par les violences et la guerre civile. Donnant sa voix aux plus vulnérables, il a exhorté à la fraternité. Profitant de la couverture médiatique mondiale de sa visite, le Souverain pontife a également appelé la communauté internationale à l’action.
Le pontife a multiplié les appels à la paix et à la réconciliation. Ces deux mots ont été au cœur de la visite du Saint Père en République démocratique du Congo. Cette première étape africaine du Pape a été vécue comme une grande grâce vu que la visite de l’évêque de Rome a réanimé la foi catholique dans ce pays.
Dès son arrivée à l’aéroport international Ndolo de Kinshasa, où il fut accueilli par des milliers de fidèles catholiques, le souverain pontife a tenu une messe pour compatir avec les fidèles de leurs souffrances longtemps encourues.
Dans son sermon il a déclaré: «La paix c’est faire de la place dans nos cœurs pour tous, c’est croire que les différences ethniques, régionales, sociales et religieuses viennent après et ne sont pas des obstacles ; croire que les autres sont des frères et des sœurs, membres de la même communauté humaine ; croire que tous sont destinataires de la paix apportée dans le monde par Jésus.” “Choisissons d’être des témoins du pardon, des acteurs dans la communauté, des personnes en mission de paix dans le monde”, a conseillé le Pape François.
PHOTO,GETTY IMAGES
Dès le début de son 40e voyage apostolique, le Pape François s’est élevé contre les multiples formes d’exploitation menées en Afrique et plus spécialement en République démocratique du Congo. À l’occasion de sa visite historique tenue dans un contexte de crise, le Pape François s’est constitué en avocat pour la RDC et pour l’Afrique. Dans son discours prononcé devant les autorités, les représentants de la société civile et le corps diplomatique en République démocratique du Congo, le Saint-Père a fait état des divers maux qui affectent le pays et le continent. “Courage, frère et sœur congolais ! Relève-toi, reprends dans tes mains, comme un diamant très pur, ce que tu es, ta dignité, ta vocation à garder en harmonie et en paix la maison que tu habites”, a-t-il lancé. “Mais ce pays et ce continent méritent d’être respectés et écoutés, ils méritent espace et attention : retirez vos mains de la République démocratique du Congo, retirez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. Que l’Afrique soit protagoniste de son destin !”, a plaidé le souverain pontife.

Le Pape François a d’autre part lancé un appel aux jeunes de la RDC dans le stade des Martyrs de Kinshasa archicomble. “L’avenir du pays est entre vos mains”, leur a-t-il lancé à l’entame de son discours. «Mais pour réussir cette mission qui est la sienne, la jeunesse doit nourrir son âme de la prière», a suggéré le souverain pontife. Le Pape François a bien perçu le besoin de réconciliation, de paix et d’unité, ainsi que la nécessité de lutter encore contre la corruption qui gangrène le développement du pays. “Comme pour la paix et pour le développement, dans ce domaine également une collaboration large et fructueuse est importante, permettant d’intervenir efficacement, sans imposer des modèles extérieurs plus utiles à ceux qui aident plutôt que ceux qui bénéficient de l’aide”, a-t-il plaidé.

Le Saint Père, comme le Christ qui passait de village en village pour annoncer la Bonne Nouvelle, s’est adressé à tous les Congolais grâce à la radio et la télévision qui a fait entrer la parole du Pape dans presque tous les foyers du pays. Il a touché les points concrets de la manière de vivre ensemble pour remédier aux déchirures passées et présentes qui font couler le sang des innocents. La rencontre du Pape François avec les victimes de la guerre dans l’Est de la RDC reste certainement le moment marquant de ce voyage. Le pontife souffrait en regardant ces pauvres gens, ces innocents qui sont torturés, malmenés, qui n’ont rien fait, qui ont vu leurs parents déchirés, déchiquetés.
Le souverain pontife a visiblement été très ému des récits faits par les différentes victimes des violences armées à l’est de la RDC. “Face à la violence inhumaine que vous avez vue de vos yeux et éprouvée dans votre chair, on reste sous le choc. Et il n’y a pas de mots ; il faut seulement pleurer, en restant silencieux”, a réagi le Pape face aux témoignages glaçants des victimes de la guerre.

Après la RDC, le souverain pontife a passé deux jours au Soudan du Sud, toujours déchiré par ses divisions. Tout au long de sa visite de 48 heures, le Pape a multiplié les appels à la paix dans ce pays à majorité chrétienne de 12 millions d’habitants, en proie de 2013 à 2018 à une guerre civile. Le pape a exhorté la classe politique à un “nouveau sursaut” pour la paix et fustigé le fléau de la corruption. “Assez de destructions! Les générations futures honoreront ou effaceront la mémoire de vos noms en fonction de ce que vous faites maintenant”, a averti le Pape François.
Aux côtés des chefs des Eglises d’Angleterre et d’Ecosse représentants les deux autres confessions chrétiennes du pays, le souverain pontife a participé à une messe œcuménique à Juba devant des milliers de fidèles. Il a rappelé qu’un grand nombre d’enfants n’avaient connu que la réalité des camps de déplacés. Le chef de l’Eglise catholique a supplié les habitants à “protéger, respecter et valoriser” les femmes, dans un pays où les violences sexuelles sont “généralisées et systématiques”. «Déposons les armes de la haine et de la vengeance; surmontons ces antipathies et aversions qui, au fil du temps, sont devenues chroniques et qui risquent d’opposer les tribus et les ethnies», a lancé le Pape.
Sa Sainteté a appelé à rendre une «vie digne» aux déplacés internes de ce pays enclavé d’Afrique de l’Est qui en comptait en décembre quelque 2,2 millions, selon l’ONU, à cause des affrontements armés et des intempéries. A noter que l’Eglise joue un rôle de substitution dans des zones sans aucun service gouvernemental et où les travailleurs humanitaires sont souvent attaqués, voire tués.

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