La France pleure Elizabeth II

21-09-2022 11:21 AM


La reine Elizabeth II d’Angleterre, la plus célèbre de la planète, est décédée jeudi 8 septembre à 96 ans dans son château écossais de Balmoral, sa famille à ses côtés, et son fils le prince Charles lui a succédé automatiquement.

Emmanuel Macron avait déjà été l’un des premiers chefs d’Etat à réagir après l’annonce du décès d’Elizabeth II. « Sa Majesté a incarné la continuité et l’unité de la nation britannique plus de 70 ans durant, avait-il lancé sur Twitter. Je garde le souvenir d’une amie de la France, une reine de cœur qui a marqué à jamais son pays et son siècle ».
Dans un message vidéo tourné et prononcé en anglais, il a fait part de la “tristesse” du peuple français après le décès de la souveraine.
Le président français a déclaré dans son message aux Britanniques: “Elizabeth II était tellement importante qu’elle incarnait l’image de la royauté. Pour vous, c’était votre reine, pour nous c’était LA reine”. “Sa mort laisse en nous un sentiment de vide”.
“Sa sagesse et son empathie nous ont aidés à tracer une voie au milieu des aléas de l’Histoire des 70 dernières années”, a poursuivi le président français dans son message.
“Nous avons apprécié son affection toute particulière pour la France. Elizabeth II maîtrisait notre langue, aimait notre culture et touchait nos cœurs. Depuis son couronnement, elle a connu et s’est entretenue avec tous nos présidents”, a-t-il relevé.
“Avec elle, la France et le Royaume-Uni partageaient non seulement une entente cordiale, mais un partenariat loyal, sincère et chaleureux Elle sera toujours avec nous. Nous commémorerons et perpétuerons les valeurs qu’elle n’a jamais cessé d’incarner et de promouvoir: la force morale de la démocratie et de la liberté”, a affirmé M. Macron.
Le président français et sa Première ministre Elisabeth Borne ont signé ensuite le registre de condoléances à l’ambassade du Royaume-uni à Paris de la souveraine défunte, le premier saluant une “reine de vaillance”, la deuxième une “figure du courage”.
“Ici, à Paris qu’elle aimait tant, comme partout en France, le chagrin de nos compatriotes est immense”, a écrit le chef de l’Etat dans le livre de condoléances. “Pendant soixante-dix ans, Elizabeth II a été une Reine de courage et de vaillance, amie de la France. Nous sommes à vos côtés”, a-t-il ajouté, au côté de l’ambassadrice Menna Rawlings.
Le chef de l’Etat, vêtu d’un costume noir, a ensuite déposé une rose blanche devant un portrait de la reine avant de s’incliner. L’ambassadrice a remercié le président Macron pour son “hommage émouvant, son empathie et son respect”. Elle a salué “la plus grande diplomate” du Royaume-Uni et rappelé son “amour pour la France”, le pays qu’elle avait le plus visité en Europe.
La reine “était le calme dans notre tempête”, a-t-elle ajouté en évoquant l’histoire de la relation franco-britannique. Avant sa visite à l’ambassade, le président Macron avait fait parvenir un message au nouveau roi Charles III.
À noter que la reine d’Angleterre parlait très bien le français. Sa première visite officielle en France remontait à 1948. Elle a ensuite rencontré dix présidents de la République. Un record.
Elle aimait la France, mais aussi le français. En 1948, Elizabeth de Windsor a 22 ans et n’est pas encore reine. Elle effectue sa première visite d’Etat à Paris. Elle surprend les Parisiens en tenant un discours en français. Sa francophilie est pour elle un outil diplomatique important durant les soixante-dix années de son règne.
Elle ne cessera de dire, durant ses nombreuses visites dans l’Hexagone, que le passé et le futur du Royaume-Uni et ceux de la France sont liés.
Mais son attachement à la France n’était pas seulement diplomatique. Elle a notamment effectué plusieurs voyages privés pour y passer des vacances. Surtout, sa passion pour le cheval lui a fait visiter les haras de Normandie.
De Roubaix à Toulouse, en passant par Paris, ses visites ont toujours rassemblé des foules nombreuses. D’ailleurs, cette affection particulière a déjà laissé une trace dans la capitale française. Sur l’île de la Cité, le marché aux fleurs a été rebaptisé en son honneur.
De Vincent Auriol à Emmanuel Macron, Elizabeth II a rencontré dix présidents de la République et effectué un record de cinq visites officielles au cours de ses 70 ans de règne. Francophone et francophile, la reine entretenait une relation privilégiée avec l’Hexagone que les tensions entre les deux pays n’ont jamais réussi à entamer.
Devenue reine en 1953, elle revient à Paris quatre ans plus tard pour une première visite d’État dans un contexte tendu : quelques mois plus tôt, la Grande-Bretagne et la France ont été contraints de se retirer du Canal de Suez. Pour cette première, la reine est reçue en grande pompe dans la Galerie des Glaces du château de Versailles par le président Coty.
En 1974, elle s’amuse des manières de monarque de Valery Giscard d’Estaing, qui salue la foule depuis le carrosse de la reine, visiblement impressionné par le faste royal.
En 2004, à l’occasion du centième anniversaire de l’Entente cordiale, Jacques Chirac est reçu au château de Windsor, un honneur auquel Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni-Sarkozy auront droit quatre ans plus tard.
Mais de toutes ces visites, celle du général de Gaulle en 1960 reste la plus marquante. Pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le général traverse la Manche.
Une foule de 100000 Londoniens acclament le chef de l’État, qui se rend en pèlerinage au siège de la France libre avant d’aller prendre le thé avec Winston Churchill. Elle lui accorde même le très rare honneur de saluer depuis le balcon du palais.
Parmi cette litanie des présidents français, Elizabeth II avait évidemment ses préférences. La reine appréciait tout particulièrement François Mitterrand. Ce qui les unissait le plus c’était l’humour, les deux en avaient beaucoup et cela devait créer des moments délicieux.
C’est aux côtés de François Mitterrand que la reine inaugure le tunnel sous la Manche en 1994, scellant un peu plus la destinée commune des deux pays. Deux ans plus tôt, Elizabeth II lui avait déjà réservé sa troisième visite d’État, axée sur la construction européenne.
En matière de relations internationales, la reine a été élevée avec l’idée que pour le Royaume-Uni, la France est une porte d’entrée sur le reste de l’Europe. Même si Elizabeth II n’a jamais donné son avis sur le Brexit, de nombreux experts assurent que la reine conservait un profond attachement à l’idée européenne.
Après s’être longtemps opposée à l’entrée du Royaume-Uni dans le marché commun, la France avait fini par lever son veto en 1972. En visite à Paris, Elizabeth II avait alors adressé cette phrase à Georges Pompidou qui résonne aujourd’hui comme un testament politique : “Nous ne roulons pas du même côté de la route, mais nous allons dans la même direction”.
«La reine de cœur Elizabeth II qui a marqué à jamais son pays et son siècle entretenait une relation privilégiée avec la France».

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