« Pharaon des deux terres » au Louvre à Paris

10-05-2022 12:13 PM


Le Musée du Louvre abrite, du 28 avril au 25 juillet 2022 une exposition inédite sur l’Égypte ancienne à travers la vie de Taharqa, pharaon d’Égypte et roi de Napata. Exposition qui met en lumière une période méconnue de l’Égypte antique.

Taharqa est le troisième souverain de la 25e dynastie des rois africains qui régnèrent en Égypte pendant près d’un demi-siècle. L’exposition s’articule autour d’une rétrospective portant sur ce roi de Nubie. Cette exposition, réalisée en partenariat avec le Royal Ontario Museum de Toronto, retrace la période de domination du plus connu des rois de cette dynastie sur un royaume s’étendant du Delta du Nil jusqu’au confluent du Nil blanc et du Nil bleu. Le Louvre, au sein de son majestueux Hall Napoléon, met en lumière le rôle de premier plan de ce royaume, aujourd’hui moins connu que d’autres périodes de l’Égypte ancienne, mais tout aussi intéressant. Découvrez les secrets qui se cachent derrière six pièces de l’exposition.

Quand on pense aux pharaons de l’Égypte antique, on a souvent les mêmes noms en tête. Khéops, Akhenaton,Toutankhamon ou encore Ramsès II. Mais avez-vous déjà entendu parlé de Piânkhy, Chabataka, Chabaka, Taharqa ou encore de Tanouétamani ? Originaires du royaume de Kouch longtemps dominé par l’Égypte, ces souverains nubiens n’étaient pas prédestinés à allonger de leur nom la liste des pharaons d’Egypte. Mais le cours de leur destin va changer au VIIIe siècle avant J-C.

À cette période, le royaume d’Égypte est divisé et tombe dans l’instabilité. La Nubie est devenue indépendante et le royaume de Kouch s’y établit. Alors que la situation en Égypte ne fait que s’aggraver, le roi de Kouch, Piânkhy profite de ce moment de fragilité pour conquérir toute la vallée du Nil. Ses successeurs héritent de cette conquête et réunifient l’Égypte et le pays de Kouch. Ils fondent la 25e dynastie et occupent le trône d’Égypte jusqu’en 655 avant J-C, date de prise de pouvoir par les Assyriens.

À l’occasion du bicentenaire du déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion, le Louvre raconte l’histoire méconnue de ces pharaons à travers l’exposition «Pharaon des deux terres : l’épopée africaine des rois de Napata». Comme à son habitude, le prestigieux musée parisien offre l’occasion aux visiteurs de découvrir des pièces somptueuses comme on peut rarement en voir : statuettes en bronze et or, stèles, statues monumentales et bijoux. Objets qui sont pour certains récemment sortis de fouille.

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Sous la vitrine qui la protège, la triade d’Osorkon attire forcément l’attention des visiteurs. Discrète – elle ne mesure que 9 centimètres de haut -, elle s’impose par sa beauté. Créé entre -874 et -850, ce bijou appartient aux collections du musée du Louvre depuis 1872. Habituellement placée dans l’aile Sully du musée, la triade d’Osarkon a été exceptionnellement déplacée vers l’une des salles de l’exposition du Pharaon des deux terres. On l’a fait figurer dans cette salle pour la beauté de l’objet, mais aussi parce que c’est sous le règne d’Osorkon II qu’on entend pour la première fois parler de la menace des Assyriens.

C’est l’un des chefs-d’œuvre du musée du Louvre. C’est ce qu’on appelle la triade d’Osorkon parce qu’on y voit trois dieux. Au centre Osiris, accroupi sur un piédestal et à droite la déesse Isis. Ils représentent tous les deux des principes divins. Et à gauche, Horus à tête de faucon et avec la couronne de Haute et Basse-Égypte.

Cette triade osirienne est une triade fondamentale du panthéon égyptien. C’est un bijou extraordinaire avec de l’or et du lapis lazuli. Il manque les perruques d’Isis et d’Horus qui étaient probablement soit en lapis lazuli, soit en verre car à l’époque ils mélangeaient les pierres fines et le verre, ça ne les dérangeait pas.

Placées en fin d’exposition, les statues royales de Doukki Gel (qui sont en réalité des reproductions des originales qui se trouvent au Soudan) représentent les rois de Napata. Détruites à l’époque par Psammétique II, elles ont été retrouvées dans une fosse en 2003.
Après leur destruction par les armées de Psammétique II, elles avaient été pieusement ré-inhumées entre deux temples du dieu Amon, de façon à continuer leur vie magique grâce aux hiéroglyphes qui les couvrent, protégées sous une couche de terre avec les restes des feuilles d’or qui les décoraient.

Pièce phare du musée du Louvre, «Le roi Taharqa et le faucon Hémen» a été choisie pour l’affiche de l’exposition. Acheté par le Louvre en 1952, cet objet précieux continue de renfermer certains mystères. C’est un ensemble extraordinaire, complet, du socle de la statue du roi et de la statue du dieu à qui le roi fait offrande. Et c’est assez rare de trouver ce genre d’ensemble aujourd’hui. On peut voir le roi Taharqa à genoux qui offre deux vases appelés “nou” qui sont réservés aux offrandes de vin. Taharqa a les bras tendus vers ce dieu faucon appelé Hémen, qui est un petit dieu. Le socle d’argent montre qu’ils appartiennent l’un à l’autre. C’est un document à la fois très beau, très intéressant, qui mêle trois métaux : l’argent, le bronze et l’or.

C’est en 1844 dans la cour du grand temple à Amon que l’égyptologue Richard Lepsius mit au jour un imposant bélier de granit. Prêté exceptionnellement par le Musée égyptien de Berlin, la statue accueille les visiteurs devant une photo du Temple de Soleb où elle était initialement installée.
Cette statue de bélier a été sculptée en 1400 avant Jésus-Christ sous le grand pharaon Aménophis III, le grand-père de Toutankhamon, pour le temple à Amon qu’il a fait construire à Soleb. Elle représente le bélier du dieu Amon qui protège le roi, le pharaon Aménophis III.

Par ailleurs, l’Etui de Chépénoupet est l’une des plus belles et énigmatiques oeuvres présentées lors de cette exposition. Acheté par le Louvre en 1899, cet étui renferme encore de nombreux mystères. Une oeuvre très énigmatique de la fille du roi Piânkhy, qui renferme une plaque en ivoire d’éléphant. Information importante puisqu’à l’époque on utilisait surtout de l’ivoire d’hippopotame. Cet objet est tout à fait extraordinaire, avec un côté incrusté d’argent et l’autre d’or. On peut penser à une symbolique soleil et lune.

D’autre part, le “Sphinx à l’effigie de Taharqa”, Kawa, troisième période intermédiaire, 25e dynastie, règne de Taharqa, en granit gris, appartenant au British Museum à l’effigie du roi Taharqa est un exemple typique du style archaïque dont sont férus les rois de Kouch. C’est un sphinx qui représente le roi Taharqa avec le corps et les pattes de lion et une tête humaine. Ce sphinx a été trouvé au Djebel Barkal. Il y a le nom de Taharqa qui est écrit sur le poitrail. C’est un moyen de montrer aux visiteurs comment les rois de Kouch étaient intéressés par l’archaïsme. Ils souhaitent respecter les anciennes façons de faire parce que d’après eux, elles sont théologiquement plus intéressantes. Ils estiment que l’Antiquité est une preuve de qualité.

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