« Parasite », un triomphe historique à la cérémonie des Oscars

15-02-2020 06:45 PM


« Parasite », un triomphe historique à la cérémonie des Oscars

 

Le film “Parasite” du Sud-coréen Bong Joon-ho est entré dans la légende des Oscars en devenant le premier long-métrage en langue étrangère à obtenir le prix du meilleur film, récompense phare d’Hollywood. Le film a aussi reçu dimanche soir à Los Angeles l’Oscar du meilleur scénario original, tandis que Bong Joon-ho a été sacré meilleur réalisateur. Mélange de thriller, de comédie familiale déjantée et de satire sur les inégalités sociales, il a également été primé dans la catégorie du meilleur film international.

Parasite, c’est l’impossibilité d’oublier d’où l’on vient. La mobilité sociale est certainement le plus beau principe sociologique jamais inventé. Il présuppose que les classes sociales existent mais qu’elles ne sont pas figées. Comme si l’on pouvait passer d’une voiture low cost française à une grosse berline allemande en un claquement de doigt, sans problème. Ce concept est merveilleux dans la mesure où il permet à tout le monde de croire que les plus belles histoires sont possibles.

La mobilité sociale est en réalité un beau mensonge, tout simplement parce que le fameux ‘ascenseur’ social est en panne. On ne peut plus sortir de sa condition de pauvre, en tout cas pas sans sauver la vie de son patron  ou de gagner à la loterie, ce qui n’arrive évidemment jamais.

Pour éviter que les masses de plus en plus nombreuses et de plus en plus bêtes  ne dépriment, ce qui les conduirait peut-être à vouloir faire la révolution, on continue donc d’agiter le concept de mobilité sociale qui devient une sorte de mirage. Un idéal vers lequel on tend, même si on sait qu’on ne l’atteindra sûrement jamais. La mobilité sociale devient une raison de vivre, un rêve américain.

Certaines choses ne changeront jamais. Les riches se pinceront toujours le nez à proximité des pauvres. Ils préfèreront toujours les effluves de parfum aux odeurs de sueur. Les misérables ne peuvent pas vraiment protester, sinon ils scient la branche sur laquelle ils sont assis.

Ki-taek & co. ont rêvé quelques jours. Ils l’ont payé cher. Retour à la case départ. Les pauvres pourront acheter leur liberté, le jour où ils auront les moyens. Ki-woo peut continuer de rêver. Tant qu’il bosse!

Une famille vivote dans les bas-fonds de Goyang, dans la banlieue de Séoul, au milieu des cafards. Ils plient des boîtes à pizzas pour un salaire de misère, cherchent désespérément le réseau wifi des voisins pour rester en contact avec le monde extérieur et sont les témoins du spectacle peu glorieux de leur voisin qui vient régulièrement se décharger contre leurs fenêtres.

Ki-woo (Choi Woo-sik), le fils, discute avec un ami qui lui demande un service : le remplacer pour donner des cours d’anglais à Da-hye (Jung Ziso), une fille de bonne famille. Ki-jung (Park So-dam), la soeur de Ki-woo, prépare un faux diplôme. Le jeune homme bluffe madame Park (Cho Yeo-jeong) qui décide de l’embaucher dès la première séance.

Les Park s’inquiètent de la turbulence de leur petit Da-song (Jung Hyeon-jun) qui semble encore perturbé après avoir vu un soit-disant fantôme venu du sous-sol. Madame est convaincue que son fils est un artiste. Ki-woo profite de l’aubaine pour lui souffler le nom d’une amie art-thérapeute qui pourrait aider l’enfant à exploiter son don : une certaine ‘Jessica’, qui n’est autre que Ki-jung.

La jeune fille bluffe tout le monde à son tour. Elle fait même licencier le chauffeur de monsieur Park (Lee Sun-kyun) pour mieux placer son paternel Ki-taek (Song Kang-ho) au volant de la Mercedes.

Afin que le tableau soit complet, les uns et les autres vont s’évertuer à faire virer la gouvernante en jouant de ses allergies pour la faire passer pour une tuberculeuse et mieux dégager la voie pour Chung-sook (Jang Hye-jin). La famille entière s’est placée chez les Park et s’en félicite.

Les Park partent en weekend au camping. Moon-gwang (Lee Jung-eun), la précédente gouvernante, sonne à la porte. Elle réclame de pouvoir récupérer quelque chose qu’elle a oubliée. Une fois dans la maison, elle se dirige immédiatement vers un passage secret conduisant au sous-sol pour pouvoir donner à manger à son mari qui vit dans la cave depuis des années, le fameux ‘fantôme’ de Da-song.

Moon-gwang découvre que la famille de Ki-taek a comploté pour l’éjecter. Elle prend une vidéo et menace de les dénoncer. La bagarre est rapidement avortée par le retour impromptu des Park pour cause de mauvais temps. Chung-sook n’a que huit minutes pour préparer un bouillon tandis que les autres doivent faire le ménage.

Les Park rentrent et ne se doutent de rien, en dehors peut-être d’une odeur de torchon mal séché qui pique les narines sensibles du patriarche (le père). Da-song fait un caprice et réclame de pouvoir dormir dehors dans sa tente, sous l’orage. Les parents dorment dans le salon. Ki-taek, Ki-woo et Ki-jung se planquent sous la table du salon et parviennent à se sauver discrètement au petit matin.

Leur appartement est sinistré à cause des inondations. Direction le gymnase, en compagnie de milliers d’autres sans logis. Malheureusement pour cette famille, la comédie continue. Les Park organisent l’anniversaire pour Da-song. Ki-taek est sollicité pour faire les courses. Ki-woo et Ki-jung sont également de la fête.

Lors de la garden party, le mari de Moon-gwang sort de son trou. Il blesse Ki-woo et tue Ki-jung. Panique générale. D’autres personnes sont blessées, dont Da-song. Monsieur Park réclame les clés de la Mercedes. L’odeur de ces gens de l’entre-sol semble une nouvelle fois l’incommoder. Il se pince le nez. Ki-taek, dont la fille vient de mourir dans ses bras, ne peut pas le supporter. Il s’approche de son patron, le poignarde, puis disparait.

Ki-woo sort du coma. Sa mère et lui sont finalement acquittés tandis que le père reste en cavale. Ki-taek s’est caché dans le sous-sol de la maison, où il sait que personne ne viendra le chercher. Sauf peut-être son fils.

Ki-woo comprend la situation. Il devient très riche, rachète la maison et rend sa liberté à son père. En tout cas, c’est son plan.

Pour le réalisateur de cinquante ans Bong Joon-ho , placé pendant plusieurs années sur une « liste noire » de personnalités critiques du pouvoir par les autorités sud-coréennes, c’est une forme de revanche dans une compétition souvent critiquée pour le manque de diversité de ses choix. Celui qui avait déjà remporté la palme d’or du Festival de Cannes l’année dernière et le Golden Globe du « meilleur film en langue étrangère » en janvier 2020 reconnaît le changement historique auguré par son succès, puisqu’il avait déclaré en recevant sa récompense le mois dernier : « Quand vous aurez surmonté la barrière des deux centimètres de sous-titres, vous découvrirez des films étonnants. »

 

 

 

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