Béatification de sœur Leonella Sgorbati, martyre du pardon

31-05-2018 12:59 PM


Le 26 mai 2018, en la cathédrale de Plaisance (Piacenza) en Italie, a été célébrée la béatification de la martyre sœur Leonella Sgorbati, missionnaire de la Consolata assassinée à Mogadiscio en Somalie, le 17 septembre 2006. Une foule de gens venus de plusieurs parties du monde a assisté à la célébration de béatification présidée au nom du par Son Éminence le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des Saints.

« Le martyre de sœur Leonella devient une semence d’espérance répandue sur la terre des hommes, et qui portera des fleurs et des fruits de bien », a affirmé le cardinal Angelo Amato dans son homélie.

Pour lutter contre ses faiblesses quotidiennes, sœur Leonella Sgorbati s’était en effet donné pour règle de vie de « donner tout », « aimer beaucoup », d’ « aimer tout le monde » et de « toujours pardonner ».

Le cardinal Amato a souligné sa « grande charité », et sa capacité à « se donner pour le bien des autres jusqu’au sacrifice extrême » : « Sœur Leonella a vécu pleinement la passion pour le Christ avec un cœur de disciple, à la recherche de Dieu et de sa volonté, détachée de tout et entièrement disponible à l’obéissance. »

« L’assassinat de Sœur Leonella révèle le poison qui se cache dans le cœur des gens aveuglés par la haine, a ajouté le cardinal Amato. Le martyr chrétien n’est pas un destructeur fanatique, mais un défenseur héroïque de la vie et un messager de fraternité, de charité et de pardon. »

Mgr Giorgio Bertin, franciscain, évêque de Djibouti, et administrateur apostolique de Mogadiscio et président de Caritas Somalie, a souligné le message d’espérance à tirer de la mort de sœur Leonella et de son garde du corps: « Pour moi, la mort d’une Italienne et d’un Somalien, d’une chrétienne et d’un musulman, d’une femme et d’un homme, nous dit que si l’on peut mourir ensemble, alors on peut aussi vivre ensemble. »

Il est bon de savoir que Rosa Maria Sgorbati confia dès l’âge de 16 ans à sa mère qu’elle désire devenir missionnaire. Elle entra en 1963 chez les Sœurs missionnaires de la Consolata à Sanfrè dans le Piémont, où elle prit le nom de sœur Leonella. Elle suivit une formation d’infirmière en Angleterre de 1966 à 1968. Elle réalisa son rêve de missionnaire lorsqu’elle fut nommée au Kenya en 1970. Elle y travailla notamment comme sage-femme, donnant naissance à environ 4 000 enfants, et ouvrit une petite école d’infirmière pour répondre aux nécessités grandissantes. De 1993 à 1999, elle fut la supérieure provinciale des sœurs de la Consolata du Kenya.

En 2001, sœur Leonella fut envoyée à Mogadiscio, en Somalie, au service de SOS Villages d’enfants pour y fonder une école de soin dont elle devint la directrice l’année suivante.

Devant les troubles politiques qui secouaient la Somalie, notamment par les extrémistes islamistes, ses consœurs s’inquiétaient pour sa sécurité, mais elle répondait : “Je me suis donnée au Seigneur, il peut faire de moi ce qu’il veut.”

Elle savait qu’elle risquait sa vie. Elle avait confié : « Il y a une balle avec mon nom dessus, mais seul Dieu sait quand cela arrivera. »

Le 17 septembre 2006, alors qu’elle sortait de l’hôpital de Mogadiscio pour rejoindre son couvent, situé à quelques mètres, elle fut abattue en pleine rue avec son garde du corps, en raison de sa foi, par deux membres de l’Union des tribunaux islamiques. Portée à l’hôpital dans un état très critique, elle expira quelques minutes après, avant que ses consœurs aient recueillies ses dernières paroles : « Perdono, perdono! » (« Je pardonne, je pardonne ! »).

Sœur Leonella avait été très impressionnée par l’histoire des martyrs trappistes en Algérie : elle avait distribué l’histoire de leur vie aux communautés de la région. Elle disait : « Le martyre fait partie de notre vie quotidienne ici. Le martyre du sang seulement si Dieu nous le demande … »

La cause pour sa béatification et canonisation fut ouverte le 31 août 2013 à Mogadiscio. L’enquête diocésaine a été transmise à Rome en septembre 2014, afin d’y être étudiée par la Congrégation pour les causes des saints.

Le 8 novembre 2017, le pape François signa le décret reconnaissant le martyre de sœur Leonella Sgorbati, permettant sa béatification. Elle a été bienheureuse le 26 mai 2018, au cours d’une cérémonie célébrée dans la cathédrale de la ville par le préfet de la Congrégation pour les causes des saints, le cardinal Angelo Amato.

La croix de sœur Leonella Sgorbati est gardée depuis octobre 2008 dans la basilique San Bartolomeo all’Isola à Rome consacrée à la mémoire des nouveaux martyrs des xxe et xxie siècles

« Nous devrions avoir pour vœu celui de servir la mission au prix même de notre vie. Nous devrions être contents de mourir sur la brèche », disait le fondateur des missionnaires de la Consolata, le bienheureux Giuseppe Allamano. Leonella qui l’aimait beaucoup, passait son temps à étudier sa spiritualité pour l’incarner dans sa propre vie : « J’espère qu’un jour le Seigneur, dans sa bonté, m’aidera à tout Lui donner ou alors… Il se le prendra… Car Lui sait que c’est réellement ce que je veux », disait-elle. Et sœur Leonella voulait « tout donner » parce qu’elle « aimait tant », disent ses consœurs. Et cet amour la portait à « sans cesse pardonner ».

Une de ses consœurs tanzanienne peut en témoigner, elle qui a appris, grâce à ses enseignements, à pardonner après la mort tragique de son propre frère. Elle lui disait : « C’est toi qui doit commencer à faire ce geste de pardon, n’attends pas que ton frère s’excuse », lui avait-elle dit, en faisant comprendre qu’elle la première s’exerçait depuis longtemps à pardonner. Le rôle éducatif et caritatif de Leonella en Somalie, mais également au Kenya, où elle a commencé sa mission en Afrique, fut immense et éprouvant, mais elle l’exerçait toujours avec le sourire aux lèvres, témoignent ceux qui l’ont connue. C’était comme sa carte de visite. Lorsqu’on lui demandait : « Pourquoi tu souris tout le temps, même aux gens que tu ne connais pas ? » elle répondait : »Comme ça ceux qui me regardent souriront à leur tour et ils n’en seront qu’un peu plus heureux ».

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