Les Tunisiens dans la rue contre le chômage

15-12-2011 09:06 AM


C’est la deuxième fois cette année que le président tunisien procède à un remaniement de son gouvernement. En janvier dernier, le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a effectué un remaniement ministériel marqué par le remplacement du ministre de la Communication Oussama Romdhani, après des troubles sociaux dans la région de Sidi Bouzid, a annoncé mercredi le Premier ministre Mohamed Ghannouchi. Cet aménagement du gouvernement se produit dans la foulée des troubles sociaux qui ont secoué la Tunisie ces derniers jours à la suite d’une tentative de suicide d’un jeune vendeur ambulant de légumes et de fruits dans la région de Sidi Bouzid (centre-ouest). Romdhani a été remplacé par Samir Laabidi, ministre de la Jeunesse et du Sport dont le poste a été confié à Abdelhamid Slama. On ignorait mercredi si M. Romdhani allait être appelé à d’autres fonctions dans le gouvernement. Dans le cadre de ce remaniement, Kamel Omrane a été nommé ministre des Affaires religieuses, en remplacement de Boubaker El Akhzouri. Par ailleurs, le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a annoncé mardi qu’il ouvrait plus largement les portes de son pays aux chômeurs tunisiens.  Minorité d’extrémistes Le président Zine El Abidine Ben Ali a dénoncé les agissements d’une “minorité d’extrémistes”. Ce sont deux suicides qui ont mis le feu aux poudres dans un pays d’ordinaire relativement calme. Le premier s’est immolé par le feu, le second s’est électrocuté. Mohammed Bouazizi, un jeune vendeur ambulant de fruits et légumes, voulait dénoncer la confiscation de sa marchandise par les autorités. Il a survécu à sa tentative de suicide mais, grièvement brûlé, il demeure dans un état critique depuis le 17 décembre. Houcine Néji, chômeur et jeune lui aussi, s’est tué le 22 décembre en montant sur un pylône électrique. Il semble qu’il voulait dénoncer le chômage et le manque de perspectives pour les jeunes Tunisiens. Ces deux drames, qui se sont produits dans la région de Sidi Bouzid, dans le centre du pays, ont engendré une vague de manifestations qui s’est étendue à de nombreuses villes. A Menzel Bouzayane, commune proche de Sidi Bouzid, un manifestant a même été tué par la police, aggravant encore les tensions. Un troisième jeune chômeur s’est suicidé. Même si le gouvernement nie que la situation sociale soit seule à l’origine des actes désespérés, l’ampleur des manifestations, qui ont atteint la capitale Tunis lundi, a contraint le président Zine El Abidine Ben Ali à réagir.   Appliquer en toute fermeté Le chef de l’Etat tunisien a averti que “la loi sera appliquée en toute fermeté” à l’égard des opposants et syndicalistes auteurs des manifestations sociales dans la région de Sidi Bouzid. Après les troubles sociaux qui ont affecté pendant près de 16 jours la région de Sidi Bouzid (centre-ouest de la Tunisie), le président Zine El-Abidine Ben Ali a recommandé, de veiller à “faire respecter la loi” et averti que celle-ci “sera appliquée en toute fermeté” à l’égard d’une “minorité d’extrémistes”. Ces troubles qui se sont déroulés sur fonds de revendications sociales face au chômage et à la précarité des conditions de vie, ont engendré des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre qui ont fait deux morts. Des manifestations se sont déroulées ces derniers jours à Tunis et dans plusieurs villes du pays, en signe de solidarité avec les populations de Sidi Bouzid. Le chef de l’Etat tunisien a d’abord appelé “à faire respecter la loi et à dissuader tout éventuel dépassement, de manière à consacrer les attributs de la paix, de la quiétude et la sécurité”. Il a également mis l’accent sur la nécessité “d’accorder au volet social tout l’intérêt requis” et de “renforcer le dialogue avec la société civile”. Déclarant comprendre la situation des jeunes chômeurs, il a annoncé des mesures supplémentaire pour faire face au “difficile” problème du chômage, notant que plus de 80.000 diplômés de l’enseignement supérieur intègrent chaque année le marché de l’emploi.  Cherté de la vie Le chômage, la cherté de la vie et le sentiment d’être laissés pour compte sont à l’origine d’une récente flambée de mécontentement dans le centre-ouest de la Tunisie, selon des sources syndicales. Des affrontements ont eu lieu dans la région de Sidi Bouzid, faisant un blessé par balle et des dégâts matériels importants.  Des centaines de Tunisiens ont participé à une manifestation à Souk Jedid, une ville de plus de 19.000 habitants en proie à des troubles sociaux depuis plus d’une semaine, avec pour toile de fond la question du chômage. La garde nationale a procédé à des tirs de sommation pour disperser les manifestants qui ont encerclé le poste de la garde et mis le feu à la sous-préfecture. Un des gardes nationaux a été touché par erreur à la cuisse par balles. Dans le même temps, d’autres affrontements ont opposé environ 2000 manifestants à la police dans la ville de Regueb. Des jeunes qui réclamaient le droit au travail ont mis le feu à une banque et ont aussi détruit un café appartenant à un membre du parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Actuellement, aucune information officielle sur les événements de Sidi Bouzid n’a été diffusée. Le gouvernement tunisien se borne à parler “d’incident isolé” et à dénoncer l’exploitation politique “malsaine” par l’opposition de ces évènements. Sans compter qu’il est difficile pour les médias de couvrir ces manifestations. Selon Reporters sans frontières, le 17 décembre dernier, le journaliste Zouhair Makhlouf a été agressé par la police politique, devant son domicile à Tunis, alors qu’il s’apprêtait à rejoindre Sidi Bouzid.     La Tunisie forme sa jeunesse mais peine à lui trouver du travail et privilégie les investissements à visée touristique, aux dépens de nombreuses régions intérieures. Le chômage des jeunes diplômés est une telle menace que même le Fonds monétaire international a mis en garde le gouvernement. Son taux atteindrait le double du taux de chômage global, estimé officiellement à 14%. En dehors des zones touristiques, trouver un emploi qualifié est souvent difficile, surtout si on ne fait pas partie d’une grande famille. Les autorités ont ensuite décidé de prendre des mesures urgentes en faveur de la région. Ces mesures annoncées par le ministre du Développement, Mohamed Nouri Jouini, portent sur la création d’emplois et des projets pour un montant de 15 millions de dinars (7.86 millions d’euros). Les manifestations se sont néanmoins poursuivies alors que des rassemblements de solidarité étaient organisés dans plusieurs villes de Tunisie et à Paris.  Dans ces conditions, le secrétaire général et trois agents de la municipalité de Sidi Bouzid ont été suspendus de leurs fonctions. 

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